L'accord de mai 2017 de ce que ressemble à un nouveau cartel pétrolier composé de membres OPEP et non OPEP a été considéré comme un non-événement par le marché. Cette reconduction n'est pas une surprise et était d'ailleurs largement anticipée par les marchés. C'est ce qui explique le décrochage des cours après l'annonce de Vienne. Le baril de WTI, ce pétrole coté à New York a perdu 5 % et est retombé sous la barre des 50 dollars. Pour le président de l'OPEP, le ministre Saoudien, Khalid al-Falih, « cette fluctuation est technique et les cours vont reprendre d'ici la prochaine réunion de cette organisation le 30 novembre prochain » Le niveau de réduction n'a pas donc bougé d'un iota, un total de 1,8 millions de baril jour reparti entre les membres de l'OPEP dans les limites de 1,2 millions de barils jours sans compter la Lybie et le Nigéria et 600 000 barils restants seront partagés entre les autres dont une grande part par la Russie qui semble ne pas tenir sa parole sinon difficilement. Ce qui est certain est que tant que les pays de l'OPEP qui représente 41 % de la production totale dans le monde et 71,6 des ses réserves n'utilise pas cet « atout » pour éponger le surplus, les difficultés persisteront et affecterons plus les pays à forte dépendance aux hydrocarbures. Pour certains pays, comme l'Algérie, la situation financière reste très tendue. Elle est devenue dramatique au Venezuela tandis que l'Arabie saoudite doit puiser dans ses réserves de change pour maintenir son train de vie. Ce scénario a été envisagé si l'on croit les déclarations du président du cartel mais n'a pas été retenu pour des raisons qu'il évoque d'une manière ambigüe. Les prix qui étaient en juin 2014 à 115 dollars vont-ils revenir à ce niveau ? Les promesses électorales de Trump ont elles commencé à propager leurs effets ? 1-La production américaine de pétrole de schiste redémarre Le léger raffermissement des cours du pétrole a aussi donné des ailes aux producteurs américains d'huile de schiste. La chute des prix du baril les avait contraints à réduire la voilure. Ils en ont profité aussi pour réduire leurs coûts de production, de manière à être rentables avec des cours du pétrole autour de 50 dollars. Depuis octobre 2016, la production américaine a grimpé de plus de 850 000 barils par jour pour atteindre 9,305 millions de baril/jour à la mi-mai 2017. Cette hausse est liée en grande partie à l'arrivée sur le marché de gisements du Golfe du Mexique, mais la production de pétrole de schiste a tout de même grimpé de 200 000 barils par jour, en l'espace de quelques mois, à 4,9 millions. Le seuil de rentabilité a baissé de plus d'un tiers en deux ans, pour s'établir en moyenne entre 43 et 45 dollars pour les puits forés cette année, selon le cabinet IHS Markit, même si la situation reste extrêmement variable selon les zones. Parfois, on peut le produire à moins de 40 dollars même. En plus, des progrès technologiques ont encore permis de réduire les coûts. Les compagnies injectent ainsi plus de sable lors de la fracturation de la roche afin d'augmenter la production. L'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche avec son discours pro-énergie fossile a également encouragé les banques à investir dans le pétrole non conventionnel et à financer de nouveaux puits. Le nombre de forage en activité est ainsi passé de 450 en novembre à 720 aujourd'hui, selon les données fournies par la compagnie parapétrolière Baker Hughes. Et ce n'est sans doute pas fini car Trump est allé très loin dans ses promesses. Lesquelles justement ? 2- Trump humilie ouvertement le Royaume wahhabite comme il a promis. Pour la deuxième fois en l'espace de deux semaines, l'Arabie Saoudite subit un affront de la famille de Trump lors de sa visite au Moyen Orient. La fille et la femme du président américain se sont promenées dans ce pays dans des tenues de stars pendant que les Saoudis tapent sur des tambours et leur étalent le tapis rouge. Les Américains ont terminé la visite avec un contrat de 380 milliards de dollars dont 110 uniquement pour l'armement et, partant la protection des Etats Unis contre son propre peuple. Ce n'était pas le cas lorsque ces dames atterrissent au Vatican au vu et au su du monde entier. L'épouse et la fille se sont voilées devant le pape François. La semaine dernière le premier ministre Belge a reconnu devant son parlement que les Etats Unis sur instruction de son président a précipité le vote pour permettre à l'Arabie Saoudite d'être élu à la commission des droits de la femme à 47 voix sur les 54 que compte le conseil économique et social de l'organisation des nation unis( ONU). Face à la pression des ONG belges, il a vivement regretté son vote dont il déclare ne pas être informé à cause de cette précipitation américaine. Le ministre belge des affaires étrangère Didier Reynders, pour sauver la face, devait exiger auprès de ses confrères saoudiens que les femmes soient désormais étourdies avant lapidation afin de respecter la dignité humaine et épargner une partie inutile de la souffrance causée par la punition. Une mesure qui se veut selon toute vraisemblance rassurante pour les associations de défense des droits humains en Belgique qui s'étaient bêtement indignées de voir la Belgique avoir voté pour la présidence du conseil du droit des femmes par le royaume wahhabite. C'est la preuve par 9 que Trump applique à la lettre ses engagements électoraux. N'a-t-il pas promis durant sa compagne électorale de couper l'aide américaine aux ONG ? L'intégration d'un pays qui humilie les femmes va certainement décrédibiliser la commission des droits de la femme auprès de l'ONU. C'est exactement l'objectif recherché par le président américain. Pour couronner le tout, avant de quitter le sol du royaume le lundi d'avant, le président américain a révélé qu'il envisage d'écouler sur le marché, la moitié des réserves stratégiques américaines de pétrole, à partir d'octobre 2018. Selon la Maison Blanche, cela équivaudrait à un volume de 95 000 barils de pétrole par jour, sur 10 ans. L'objectif étant d'augmenter les recettes de 16,5 milliards de dollars. Comme la déjà indiqué l'agence Reuters, le plan compromettrait le projet de stabilisation du marché engagé par les pays de l'OPEP, qui n'écartent pas l'idée de porter à 1,88 million de barils par jour, la réduction de l'offre globale. L'annonce survient alors que Goldman Sachs vient d'avertir d'un nouveau risque de surabondance de l'offre, à partir de 2018. Il faut dire qu'avant qu'il ne devienne effectif, le plan de Donald Trump doit recevoir l'approbation du Sénat mais cela reste une formalité. Pourquoi ? Le sénat qui actuellement tente de pousser vers un prix qui arrange les producteurs de schiste, l'avancé technologique l'a porté à prés de 35 dollars. En d'autres termes, les investissements dans ce domaine ne seront pas affectés autour de cette fourchette. Quoiqu'il en soit, la nouvelle a secoué le marché pétrolier. Les contrats à terme de Brent ont diminué de 23 cents, soit 0,4%, à 53,64 $ le baril, à 4 h 50 GMT. Au même moment, les contrats à terme sur les marchés américains du WTI se sont établis à 50,91 $, en baisse de 22 cents, soit 0,4%. Les Saoudiens se rendent désormais compte qu'ils ne sont plus en mesure de contrôler le marché du pétrole et que le mieux qu'ils peuvent encore entreprendre aujourd'hui est de protéger leur économie. Destruction ou survie : telles sont à partir de cette année les seules options encore entre les mains du royaume qui revient à l'applaventrisme face à ses protecteurs. Devant un tel scénario, l'Algérie ne devra compter que sue elle-même. *Consultant et Economiste Pétrolier