Les services de la police judiciaire ont procédé à l'arrestation de deux suspects dans l'affaire du meurtre du professeur universitaire Karaoui Sarhane, au centre-ville de Tipasa, selon des sources sécuritaires. Les mêmes sources démentent l'information selon laquelle le mobile du crime serait de se venger sur le professeur pour une affaire de fraude à l'université, tout en se refusant à donner d'autres informations afin de préserver le secret de l'enquête. Selon l'expertise du médecin légiste, la victime a été atteinte d'une vingtaine de coups de couteau, en plus de coups de marteau, à l'entrée d'un bâtiment de la cité des 122 logements du centre-ville de Tipasa, où résident les deux suspects. Le défunt enseignait à la faculté de droit du centre universitaire de Khemis Miliana (wilaya de Aïn-Defla). Les suspects, frères jumeaux âgés de 23 ans, sont des étudiants, l'un au centre universitaire de Tipasa, l'autre à El Affroun (Blida). Les réactions à cet assassinat ont été unanimes pour dénoncer un acte ignoble. Dans un communiqué intitulé «Où va l'université ?», le bureau national du CNES a dénoncé les «graves développements survenus dans le secteur» et accusé le ministre de l'Enseignement supérieur d'avoir laissé pourrir la situation et de «prétendre maintenant vouloir endiguer la violence et la traiter». Selon le communiqué du CNES, l'assassinat de Karaoui Serhane est «le résultat logique du silence de la tutelle et la non sanction des responsables des premières violences apparues à l'université avec l'inauguration de l'ère des «baltaguis» qui ont commis des violences à l'encontre des enseignants de l'université Alger 3 qui voulaient créer leur section syndicale». Par ailleurs, dans une déclaration, le coordinateur du CNES, Abdelmalek Azzi, affirme que «la tutelle avait été alertée à plusieurs reprises» de ce climat et «mise en garde sur la violence au sein des universités et appelée à intervenir en urgence pour mettre fin à ce danger». «Nous avons dénoncé à maintes reprises la violence et les différents maux qui secouent l'université, sans que nous puissions trouver une oreille attentive», a-t-il regretté. «Complicité de l'administration» Cette violence au sein de l'université, M. Azzi l'attribue à des «pseudo-étudiants qui agressent les enseignants et parfois même d'autres étudiants», a-t-il déclaré. Selon lui, «il s'agit d'étudiants médiocres» affiliés à des «pseudo- organisations estudiantines» qui sont «souvent utilisées par l'administration». «C'est, d'ailleurs, ce qui s'est passé à l'université Alger 3, où des étudiants et des agents de sécurité ont été envoyés pour agresser des enseignants qui voulaient créer leur section syndicale», ajoute M. Azzi. Ce dernier lie aussi la violence à «la corruption qui existe à l'université». Il cite le cas «dénoncé par le CNES» des «enseignants de l'ENS de Kouba» qui «sont partis en Arabie saoudite» alors qu'ils «continuent à percevoir leurs salaires en Algérie». «Après un scandale pareil, le ministre n'ose pas démentir mais en même temps n'engage aucune enquête». Pour le CNES, la situation à l'université est due également aux «désignations basées sur le clientélisme» de «certains recteurs d'universités», «loin de toute compétence», ce qui a plongé ces établissements dans «la corruption et la violence», affirme le communiqué citant des cas violences à Alger, Batna, M'sila, Bouira et Bordj Bou-Arréridj. Par ailleurs, le CNES «souhaite l'intervention urgente du Premier ministre» pour «sauver le secteur de la débâcle» par la prise de «mesures décisives» pour «éviter d'autres dérives», note le communiqué.