C'est une nouvelle ère qui s'ouvre entre l'Algérie et la France. Les relations entre les deux pays, qui avaient connu un net réchauffement après l'élection de François Hollande en 2012, sont en passe de devenir encore meilleures sur différents plans. C'est du moins ce que suggère « l'ancien-nouvel » ambassadeur de la République française à Alger, Xavier Driencourt. Ce dernier qui s'exprimait vendredi dernier lors d'une cérémonie organisée à l'occasion du 14 Juillet (fête nationale française), a affirmé qu'une nouvelle période s'ouvre après les élections présidentielles intervenues en France et les élections législatives en Algérie. « Nous avons en France un Président de la République, élu en mai dernier, qui connaît et aime l'Algérie, et je serai fier, comme ambassadeur de France, de le représenter et de mettre en œuvre ses orientations » a déclaré le diplomate français qui soutient en ce sens que le président de la République, Emmanuel Macron, a clairement marqué sa volonté d'écrire une nouvelle page dans les relations algéro-françaises ». Cette page, dit-il encore « c'est à nous, c'est à vous de la construire. Il nous revient tous ensemble d'aider notre Président à écrire cette page et même ces nouveaux chapitres. Il faut savoir utiliser ce créneau, ce temps qui nous est imparti ». Xavier Driencourt, qui a occupé les mêmes fonctions entre 2008 et 2012, a affirmé clairement que « le temps est venu sans doute d'aller au-delà des formules, certes utiles et souvent nécessaires, partenariat stratégique ou partenariat d'exception ». «Au-delà des mots, il faut construire, bâtir, identifier et préparer des projets, poser des pierres et des jalons qui, plus que les mots ou les formules, dureront et resteront. C'est cela que nous devons faire ensemble, ce sera mon objectif pendant ce mandat », a souligné l'ambassadeur qui dit aimer l'Algérie et avoir de l'estime pour l'indépendance, la culture et la sagesse des Algériens. «C'est exceptionnel, vous le savez, de nommer à deux reprises la même personne dans le même pays, et pour tout dire, l'Algérie est le seul pays où cela a eu lieu » a tenu à rappeler le représentant de la diplomatie française en Algérie qui annonce l'arrivée d'une nouvelle équipe pour, dit-il, réussir, bâtir et identifier tous les projets et pour utiliser le temps au mieux. Pour l'ambassadeur, qui avait occupé le poste d'inspecteur général des Affaires étrangères au Quai d'Orsay, l'Algérie et la France, ce n'est pas seulement un récit tumultueux, ce n'est pas seulement une question d'économie ou d'investissements, mais c'est aussi et avant tout, estime-t-il, une affaire de cœur, d'amitié et d'affection. « Revenir à Alger aujourd'hui est la preuve de mon engagement, de ma détermination et de l'immense confiance que j'ai dans l'avenir et la force des relations algéro-françaises » a-t-il encore déclaré en notant que « c'est avec cette détermination de réussir cette deuxième étape, et pour cette affection qui nous lie, pour ce passé à regarder et assumer, ce futur à construire, que je suis heureux de retrouver l'Algérie, heureux et fier de représenter la France dans votre grand pays ». Xavier Driencourt, qui a intégré le ministère des Affaires étrangères français en 1979 après des études à l'ENA (Ecole nationale d'administration) est plein d'entrain et semble déterminé à aller encore plus loin en termes de coopération avec l'Algérie. On retiendra de l'homme, sur le plan politique, que c'était lui qui avait proposé à François Hollande d'inviter l'armée algérienne à prendre part sur les Champs Elysées à la parade militaire du 14 juillet 2012, en dépit de la « controverse » suscitée au sein de la communauté pied-noir. On retiendra également de l'homme, son analyse circonspecte en 2011, lors des événements du prétendu printemps arabe. Auditionné par la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale le 18 janvier 2011, quatre jours après la chute de Ben Ali en Tunisie, Xavier Driencourt, a livré un diagnostic juste alors que plusieurs chapelles prédisaient la chute imminente de l'Algérie. « La principale différence entre les deux pays tient à ce que l'Algérie a connu une guerre civile de quinze années. De ce fait, la population éprouve une réserve, et même une crainte face aux mouvements de rue. Les forces de police et de gendarmerie, fortes d'une longue expérience de la lutte antiterroriste dont elles continuent de payer le prix aujourd'hui, adoptent sans doute une approche sécuritaire plus «subtile» qu'en Tunisie », avait déclaré le diplomate français devant la commission de l'Assemblée nationale.