La céramique de Castellón fait toujours parler d'elle et les Espagnols continuent de faire le forcing sur les Algériens pour trouver un compromis sur un dossier devenu brûlant risquant d'hypothéquer durablement toute l'économie d'une région, à l'Est de l'Espagne, considérée comme la capitale de l'industrie céramique ibérique puisqu'elle concentre plus de 90% de la production nationale. Selon le périodique espagnol Azulejo, dans son édition d'hier, le gouvernement de Madrid devra s'impliquer dans cette question en favorisant une rencontre entre les entreprises algérienne et castellonaises pour promouvoir l'investissement et la coopération entre Valence et l'Algérie, en matière industrielle, mais surtout trouver la formule juste qui permettra la réactivation des exportations vers l'Algérie en céramique. La décision algérienne d'imposer des licences d'importation pour le secteur de la céramique, concernant les carreaux et dalles de pavement, a fait vaciller l'Espagne et plus particulièrement les entreprises castellonaises puisque l'Algérie est le cinquième client mondial de la céramique espagnole. Si la réunion est d'autant plus attendue, c'est que les professionnels espagnols craignaient que ce «blocus de facto», comme rapporté ultérieurement par le journal el Mundo, ne dure jusqu'à ce mois de juillet. Ils n'avaient de cesse d'exhorter leur gouvernement à entreprendre des contacts au plus haut niveau politique avec son homologue algérien pour accélérer la libération des licences d'importation. Est-il donc trop tard pour trouver une solution ? La question se pose puisque les industriels de Castellón affirmaient que si quelque chose doit être fait c'est bien avant le 27 mai sinon la situation risque de se compliquer pour l'industrie de la céramique. En avril dernier, la presse régionale espagnole rapportait que le maire de Castellón, Amparo Marco, aurait demandé au consul général d'Algérie à Valence, Azzeddine Benbelgacem, de tenir une réunion le plus tôt possible pour obtenir toutes les informations possibles sur cette question, affirmant que la limitation des importations algériennes risquerait de porter un sérieux coup au secteur de la céramique, l'un des premiers générateurs d'emplois dans la région. «Il est important de ne pas promouvoir des mesures permettant de réduire le chiffre d'affaires de nos entreprises», a dit, en substance, l'édile. Si pour le moment, «il n'y a pas de nouvelles de quotas», les Espagnols continuent de se concerter avec l'Office économique et commercial de l'ambassade d'Espagne à Alger ainsi que la fédération européenne de l'industrie céramique Cerame-Unie. Avant l'instauration des nouvelles licences, l'industrie céramique espagnole avait augmenté, en un mois, de 49,6% ses exportations vers l'Algérie. Selon el Mundo, cette accélération des exportations avait pour but d'anticiper la mesure algérienne déjà annoncée en amont. Le chiffre, affirme-t-on, est particulièrement important si l'on considère que le marché algérien a terminé l'année 2016 sur une note négative pour les Espagnols qui n'ont pas réussi à redresser la barre. Les exportations de céramique espagnole vers l'Algérie se sont élevées à 123,4 millions d'euros sur l'ensemble de l'année écoulée, ce qui représente une baisse de 5,2% sur l'année d'avant, selon les données de l'Association espagnole des fabricants de carreaux pavage céramique (Ascer). Cette tendance, souligne-t-on de même source, a radicalement changé en ce début 2017. Au mois de janvier, le secteur de la céramique espagnole a réussi à exporter des produits d'une valeur totale de 10.132 millions d'euros, ce qui représente une hausse de 29,5%, et place ainsi le marché algérien comme le cinquième plus important pour ce secteur industriel espagnol. Un mois plus tard et avec la crainte d'une adoption rapide des mesures annoncées par le gouvernement algérien, le secteur de la céramique espagnole a exporté pour près de 15 millions d'euros en février, ce qui représente une augmentation des exportations vers l'Algérie avoisinant les 67,3% sur un an.