Après l'opération de novembre dernier, largement décriée par des ONG, les autorités algériennes ont officiellement annoncé, hier mardi, une vaste opération de rapatriement de ressortissants nigériens et probablement maliens en 'situation irrégulière'' en Algérie. C'est le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, qui a annoncé cette décision des autorités algériennes, 'en étroite collaboration avec leurs homologues nigériennes. «Dans l'objectif de mieux faire face au phénomène de l'immigration irrégulière et lutter contre les réseaux de la traite des personnes, les autorités algériennes ont décidé, en étroite coordination avec leurs homologues nigériennes de la reprise, à compter du 1er août 2017, des opérations de rapatriement de ressortissants nigériens en situation irrégulière en Algérie», a souligné le diplomate algérien, précisant que ces opérations font partie 'd'une série de mesures prises par le gouvernement algérien en vue de renforcer la coopération avec les pays d'Afrique subsaharienne, notamment le Niger et le Mali, à l'effet de juguler les flux migratoires irréguliers auxquels notre pays se trouve confronté». Pour ces opérations de rapatriement, un dispositif, qui sera chapeauté par le Croissant-Rouge algérien, a été mis en place, a indiqué M. Benali. Ce dispositif, qui va associer 'tous les secteurs et acteurs concernés dont le Croissant-Rouge algérien, a été mis en place en vue de permettre la mise en œuvre des opérations de rapatriement dans les meilleures conditions possibles et dans le strict respect de la dignité et des droits humains, conformément aux engagements internationaux de l'Algérie en la matière», explique le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. En outre, les autorités algériennes «ont veillé à ce que les opérations de rapatriement s'effectuent, tout au long de ses différentes étapes, dans des conditions optimales de confort et de sécurité» dont une prise en charge médicale et psychologique, a-t-il souligné. L'annonce par le ministère des Affaires étrangères de la reprise des opérations de rapatriement de Subsahariens en situation irrégulière intervient après une vive polémique sur les migrants provoquée par Ahmed Ouyahia, chef du RND et directeur de cabinet du Président Bouteflika. Dans une déclaration, à la mi-juillet, sur les migrants africains, il a affirmé que 'premièrement, ces gens-là sont venus en Algérie de manière illégale», avant de relever que 'cette communauté étrangère, qui réside en Algérie de manière illégale, est source de crimes, de trafics de drogue et plusieurs autres fléaux''. Ouyahia avait ajouté : 'Nous ne disons pas aux autorités, jetez ces migrants à la mer ou au-delà des déserts. Mais le séjour en Algérie doit obéir à des règles'', et qu'''on ne laissera pas le peuple algérien souffrir de l'anarchie''. Aux ONG des droits de l'homme, il a cette réponse toute prête : 'Quand on me parle de droits de l'homme, je dis premièrement que nous sommes souverains chez nous''. Des propos sans doute venus en réaction à la position officielle du gouvernement sur ce dossier. Fin juin dernier, devant les députés et en réponse à leurs inquiétudes sur la prise en charge des milliers de migrants et réfugiés subsahariens, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, avait notamment expliqué que 'la présence de nos frères africains dans notre pays sera réglementée et le ministère de l'Intérieur procède actuellement à travers les services de police et de la gendarmerie au recensement de tous les déplacés''. Il a ajouté qu'une carte de séjour sera octroyée à 'chaque réfugié dont la présence en Algérie est acceptable, ce qui lui permettra de travailler''. Quant à ceux qui ne seront pas considérés comme réfugiés, le gouvernement prévoit de les reconduire vers leurs pays d'origine dans des conditions acceptables'', comme cela avait été organisé en novembre dernier pour des migrants nigériens et maliens. Accusant certains milieux qui tentent de coller à l'Algérie l'étiquette de 'pays raciste'', il a répondu que 'nous ne sommes pas racistes, mais Africains, Maghrébins et Méditerranéens''. Plus récemment, c'est encore le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui a un peu plus expliqué le dossier des migrants en Algérie. Il dira à ce propos que 'l'Algérie suit de près le phénomène de l'immigration clandestine des Africains pour qui l'Algérie est devenue une destination», annonçant que le gouvernement est «en phase de prendre des mesures urgentes pour faire face à ce flux important de migrants clandestins derrière lequel se cachent des réseaux organisés». Ces réseaux de trafic de personnes constituent désormais «une menace pour la sécurité nationale. Dès lors, il est de notre devoir en tant que gouvernement et Algériens de défendre la souveraineté et la sécurité de notre pays, et c'est aussi un droit», a-t-il prévenu. En outre, l'Algérie a «des lois qui interdisent l'immigration clandestine sur son territoire», ajoute-t-il.