De toutes les facettes de la vie de Miloud Chorfi, c'était celle du commentateur sportif qui a été le plus mise en lumière, lundi soir lors d'une rencontre avec la presse organisée à l'hôtel Liberté d'Oran, la veille de l'évènement commémoratif en l'honneur du défunt qui aura lieu jeudi. Il n'y avait qu'à jeter un coup d'œil sur la tribune et le parterre, composés majoritairement d'anciens collègues du défunt à la RTA, des joueurs, arbitres et autres journalistes sportifs de l'époque, pour anticiper sur la thématique principale qu'allait aborder cette rencontre-débat, qui devait répondre sur le pourquoi et le comment de cette action commémorative mais aussi entrouvrir une fenêtre sur la vie de cet homme aux multiples facettes. C'était donc un petit retour à l'origine de ce personnage. Le sport. Le foot, précisément. Et plus précisément encore, le métier de speaker. Car, tout le monde le sait, c'est à partir de là, derrière le micro, qu'a pris départ le long et non moins surprenant parcours professionnel et politique de Chorfi. Et qui mieux que ses collègues de la Radiodiffusion Télévision Algérienne, ancêtre de l'ENTV, et plus particulièrement ceux de la Station régionale d'Oran, pouvait nous en parler, apporter des témoignages vivants, allant de la simple anecdote aux faits les plus sérieux. Les récits divers de Benyoucef Ouadia, Abdelkader Fkir et Fayçal Haffaf avaient ce point en commun : la lenteur naturelle de Miloud, parfois un peu gênante comme c'était le cas en mission de couverture à l'étranger, à l'instar de la Coupe du Monde 1978 en Argentine où la délégation TV algérienne a dû tant bien que mal se mettre au tempo de Chorfi, était largement compensée par sa sagesse, sa clairvoyance, sa grande générosité et l'ambiance vive qu'il procure au groupe. «Il savait donner du son aux images. Il savait rajouter cette émotion collective à celle ressentie individuellement, tout en étant pour les téléspectateurs à la fois source d'information, de motivation, d'engouement, de convivialité Son fort, son truc propre à lui, c'était de pouvoir insérer toujours un peu de culture même dans un match de championnat national sans paraître hors sujet», a témoigné de lui le doyen des commentateurs télé algériens, Benyoucef Ouadia. «Ce fut un sportif de la politique. Miloud Chorfi n'est pas venu à la politique, c'est plutôt la politique qui était allée le chercher pour en faire un artificier de la politique. Les militants sincères sont politisés avant d'entrer en politique, les opportunistes font de la politique avant de s'encarter», dira pour sa part celui qui est à l'origine de cette initiative commémorative, Hami Bentria, «disciple» de Miloud Chorfi et «fidèle parmi les fidèles». La rencontre devait par ailleurs permettre aux organisateurs de finaliser les préparatifs pour la manifestation sportive de jeudi, prévue au stade d'El-Menzah, à Canastel. « Ce geste commémoratif et évocatoire, le moins qu'on puisse faire aujourd'hui à l'égard de ce grand et non moins humble homme, ne porte aucune connotation politique ou idéologique. C'est un geste humain, spontané et sincère, dont le contenu essentiel est le sport, le football plus exactement, cela même qui fut la vocation première et le baptême de feu de Miloud Chorfi dans son long et riche parcours professionnel et militant», a encore remarqué l'initiateur de l'action. Le programme de la journée commémorative comprendra notamment trois matchs d'exhibition, dont le principal inscrit au menu est celui qui opposera une équipe « mixte» constituée d'anciens joueurs de l'Equipe nationale et d'anciens joueurs de différents grands clubs de la région Ouest, et une équipe représentant la presse nationale.
