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J'ai mal à mon pays qui geint
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 08 - 2017

«La patrie est comme la famille, on n'en sent bien le prix que lorsqu'on n'en a plus ».( Gustave Flaubert)
Au risque de paraitre ingénument ringard pour parler encore de patrie, nous le prenons quand même car de par le monde, notamment occidental, il ne se passe pas un jour où les discours d'extrême droite tentent de raviver ce sentiment national que nous sommes entrain de perdre à la mesure du démantèlement des barrières culturelles, cultuelles et sociales. La semaine qui vient de s'écouler, est certainement l'une des plus infectes en matière de sujets informatifs. Après les feux de foret qui ont ravagé des milliers d'hectares de bois, maquis et broussailles, on apprend que 26 pyromanes ont été appréhendés et 56 quintaux de charbon saisis. Brûler toute une forêt pour obtenir du charbon ne peut participer que d'esprits dérangés. Les charbonniers d'antan, moins lâches, avaient plus de mérite, ils bravaient l'interdit certes, mais n'étaient pas aussi nuisants à l'environnement et à l'économie du pays. Les vendeurs de graviers, pas tous heureusement, tels des vautours sont à l'affut de la moindre parcelle dénudée par les flammes. Sur un autre registre, Algérie 1.com, journal électronique, nous apprend qu'entre 1998 et 2016, près 400.000 Algériens auraient été naturalisés Français. Cette option offerte législativement en 1963 à leur ascendance n'a pas recueilli autant d'adhésion. Aussi, ce qui nous dirigent auraient du ou doivent encore se poser la question suivante : « Pourquoi cet exode, sans Moise ? ».
Selon notre confrère Ahmed Halli, du Le Soir d'Algérie, le Qatar, ce petit poucet du Golfe et fief de tous les Ahmadis du monde et que notre épique ministre des Affaires religieuses, « combat » à la Don Quichotte, vient de nous infliger une cinglante humiliation en nous exemptant des pays, justement exemptés du visa d'entrée dans son émirat. Ceci en guise de réponse aux bons offices de notre ministre des Affaires étrangères qui a battu le pavé pendant près d'une semaine entre, ce pays et ses belligérants. Ces « revers » diplomatiques viennent s'ajouter à ceux que nous a infligés « l'ami de l'Algérie » Emmanuel Macron au Mali et en Lybie, en prenant l'exclusivité dans le rapprochement des points de vue des antagonistes. Selon sa feuille de route communiquée au terme de ce marathon arabe, M.Messahel annonce qu'il s'agissait d'une tournée pédagogique en direction des pays du Moyen Orient arabe qui font face à la violence religieuse à l'effet de leur prodiguer la bonne recette pour extirper la radicalisation ou du moins la rendre inopérante. Il semblerait, que notre pays est leader en la matière, sauf que sur le plan des groupes ou des individus, nous sommes devenus les premiers exportateurs de violence urbaine hors de nos murs.
Groggy ? Peut être pas encore, mais le gong n'est pas loin. Pour rester dans l'esprit de Qaradhaoui et consorts, le salafisme que d'aucuns ont qualifié de rampant, ne l'est plus car il est bien debout présentement. Annoncé à l'Ouest par ses frasques profanatrices des lieux du culte et son harcèlement des imams, il s'attaque en toute impunité aux symboles de la nation. Hier c'était l'irrespect à l'hymne national, aujourd'hui c'est autour des symboles de la révolution. Pendant que notre icône révolutionnaire, Djamila Bouhired était honorée en Egypte et de par le monde, des voix hystériques se sont élevées à travers les réseaux sociaux pour la fustiger et lui faire le reproche de ne pas s'être recouverte d'une hypocrisie vestimentaire appelée hidjab. Ces mêmes voix, hier inaudibles, prenant soudain le poil de la bête devant le silence assourdissant des institutions, reproche à la grande dame son union avec un non musulman en la personne de feu maitre Vergès, grand défenseur de la cause nationale. Visionnaire, le chahid Didouche Mourad, le disait déjà dans sa prophétique sentence : « Si nous venions à mourir, défendez nos mémoires ! ». L'absence de réactivité a déjà été annoncée au lendemain de la disparition de Rédha Malek ancien négociateur des Accords d'Evian ayant mené au Cessez-le-feu un certain 19 mars 1962 et conséquemment au recouvrement de l'indépendance. Indépendance qui permet aujourd'hui, à certaines gorges chaudes de remettre en cause, le combat inégal qu'on mené ces hommes et ces femmes dont les noms sont inscrits à jamais au fronton du panthéon de la mémoire nationale.
Cet autodafé mémoriel, a, sournoisement, été introduit au lendemain des émeutes d'octobre 1988 que d'aucuns assimilent effrontément à Novembre 1954 d'où le slogan « Bab El Oued chouhada ». Et çà n'avait rien à voir. Soucieux de préserver une paix sociale précaire, le pouvoir en place fit des concessions dont les retombées sont visibles jusqu'à ce jour. A titre illustratif et non exhaustif, cette période vit apparaitre les premiers marchés informels, les premiers parkings sauvages, les constructions illicites et la suppression des formalités administratives qu'on a considérées, à tort, comme lourdes pour l'inscription au registre de commerce. L'Etat régalien, reculait à chaque éternuement d'une poignée de protestataires. L'année 1989 a été riche en évènements contestataires, tels que sit in, grèves sauvages, fermetures de services publics, renvois de gestionnaires avec parfois des prises d'otages sous l'œil placide des services de sécurité qui avaient ordre de ne pas intervenir, sauf en cas d'agression physique. Les responsables administratifs ou politiques rasaient les murs ; l'immatriculation des véhicules officiels, changeait du jour au lendemain pour se transformer en immatriculation particulière. Cette violence collective, plus tard sanglante pendant une décennie, fit le lit d'une désobéissance civile que le pays vit toujours. Elle est perceptible à à travers ce qui est supposé convivial tels que les voyages d'agrément pas route, les cortèges nuptiaux et bien d'autres encore. Le terrorisme routier que beaucoup rattachent au mauvais état des routes et à la fugue juvénile n'est, en fin de compte, qu'une expression violente d'un mal être social exacerbé par les interdits de tout ordre, notamment religieux frisant la bigoterie. Le bilan macabre de l'hécatombe routière nous situe au niveau de pays fortement mécanisés comme la France dont nous détenons le même record de morts avec pourtant une population moindre de moitié. M. Mohamed Lazouni, expert en la matière, a eu ce bon mot : « Ils (les conducteurs) conduisent comme ils se conduisent ». Et il n'a, assurément, pas tort. Il faut voir ces visages défigurés par la jouissance de la vitesse qu'ils impriment à leur véhicule, ne tenant souvent pas compte d'aucun obstacle qu'il soit humain ou matériel. Existe-il un autre pays que le nôtre où les cortèges nuptiaux se transforment en cortèges funèbres, soit par exubérance motorisée soit par accidents de baroud ? Dans de ce dernier chapitre, la région des Aurès en détient le record absolu.
Après la France et la Belgique voilà que l'Allemagne teutonne ne veut plus de nous, et c'est paradoxalement Mme Merkel la chancelière qui donne le ton, pour faire rapatrier plus de 15.000 sans-papiers. Certains évoquent le camouflet qu'elle a reçu à la veille de sa visite ajournée en Algérie, d'autres, plus lucides, parlent de délinquance juvénile de plus en plus visible en pays germaniques. Les statistiques policières placent notre pays, drapeau à l'appui, au premier rang des délits de vol. Rapporté à la population totale de 82.000.000 d'habitants, le nombre des actes incriminés aux autochtones fait figure de lilliputien à côté de ceux qui sont reprochés à nos concitoyens. Encore, une image peu flatteuse que nous renvoie ce palmarès. Les rixes qui caractérisaient nos nouvelles cités urbaines telles que Ali Mendjeli, Les Eucaluptus ou Baraki , se sont transposées en Tunisie et même au Canada. La dernière bataille rangée, la seconde à Montréal, a fait annuler un concert de musique inspirée probablement par celle de la Grande poste. Les deux incidents canadiens étaient l'œuvre de jeunes Maghrébins (Algériens et Marocains) et dont l'issue fut une intervention musclée des forces anti-émeute. Ces comportements antisociaux, ne sont pas signalés que sur la terre ferme, mais sur les mers et dans les cieux. Le récent blocage d'un ferry par des nationaux à Alicante est des plus édifiants quant à la nature belliciste de nos concitoyens. Ces passagers de dernière minute ont pris d'assaut le port d'Alicante pour exiger leur embarquement sans réservation sur le bateau en partance sur Mostaganem. Cette piraterie n'a pris fin que suite à l'envoi d'un deuxième navire par l'Entreprise nationale maritime de transport de voyageurs pour rapatrier la meute braillarde occasionnant aux voyageurs réguliers un retard de près de 16 heures. Le drame de ces comportements réside dans le fait que les fauteurs de troubles ne manquent jamais d'exhiber l'emblème national. Tout comme ces chanteurs et chanteuses qui déclament un « rai » de caniveau. A ce propos, au dernier festival de Djemila, l'un d'entre eux, repris de justice pour atteinte aux bonnes mœurs, n'a-t-il pas quitté la scène brutalement au grand dam des spectateurs, pour marquer son désaccord avec les organisateurs ? Sous d'autres cieux, ce troubadour aura été inscrit, durablement, sur une liste noire. Malheureusement, chez nous la mémoire est oublieuse, le précédent de Omar Ghrib et de son équipe de football est encore vivace dans les esprits.
Ces dépassement inciviques, ne sont pas visibles que sur le plancher des vaches, ils ont conquit les espaces aériens. Au vu de fréquents débordements langagiers à la limite de l'hystérie de certains voyageurs nationaux, les équipages de Turkish Airlines sont souvent mis sous pression. On dit même qu'ils appréhendent, présentement, la destination Algérie. Le dernier fait marquant a été l'atterrissage forcé d'un aéronef en partance d'Alger pour Istanbul sur un aérodrome italien pour éviter une catastrophe annoncée. Une rixe opposant 4 énergumènes, aurait obligé le commandant de bord à les déposer en terre romaine. Un récent vol de la compagnie nationale se dirigeant sur Londres aurait lâché ses eaux vannes par mégarde sur une localité de Bretagne (France) qui tenait une comice agricole (festival). Indescriptible fut la souillure a-t-on écrit. Cette bourde impardonnable est mettre à l'actif d'un jeune co-pilote qui aurait actionné la mauvaise manette. Toujours dans l'errance informative, on apprend qu'un organisme international de référence dénommé Cybermétric Lab, un groupe de recherche rattaché au Conseil supérieur des investigations scientifiques se déclinant comme le plus important organisme public espagnol a classé les universités Djillali Lyabès de Sidi Bel Abbès et Houari Boumédiene de Bab-Ezzouar à la 2.341è et 2.345è places sans citer le dénominateur commun ce qui n'incite pas beaucoup à la joie. En fait, ces rangs ont été obtenus sur un total de 28.000 universités classées, ce qui n'est pas déshonorant en soi, mais peut mieux faire comme dirait le vieux précepteur. A l'heure où nous écrivons ces lignes, l'homme décoré par la médaille du mérite national, n'a plus aucun mérite. Il vient d'être remplacé par une vieille figure de l'échiquier politique.


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