Photo : Makine F. Même si, durant ces dernières années, la célébration des mariages égaye les quatre saisons, il n'en demeure pas moins, en revanche, que c'est en été que leur nombre explose. Il ne se passe pas un jour d'été, partout à travers toutes les régions du pays, sans que l'on croise sur les routes au moins un cortège nuptial, voire souvent des cortèges, qui défilent bruyamment sur fond de klaxons et de sons mélodieux et amusants de la zorna. Ce phénomène solidement enraciné dans la société, au point d'en devenir par la force des choses une tradition immuable, s'observe davantage durant les jours du week-end, même les jeudis. «Jeudi dernier, je me suis amusé à compter le nombre de cortèges de voitures nuptiaux empruntant l'axe routier, notamment celui de la RN67 reliant Hadjout à Koléa. Et bien figurez-vous qu'en l'espace de deux heures d'observation, entre 13h30 et 15h30, j'ai vu défiler, à mon grand étonnement, pas moins de 25 cortèges», affirme Amar, un habitant de Hadjout. Au-delà du fait que le constat de Amar reflète, à juste titre, la dimension symbolique de la sacralité que revêt l'institution du mariage dans notre pays, nombreux sont les citoyens qui dénoncent l'insouciance, pire encore, l'inconscience de certains chauffards qui prennent part aux cortèges, en exécutant d'imprudentes manœuvres, à l'exemple du dépassement dangereux au péril de leur vie et celui d'autrui. DES MANŒUVRES DANGEREUSES «Chaque année, on remarque l'apparition de nouvelles mauvaises habitudes au volant. Après les arrêts brusques des cortèges en pleine route et les caméramen qui n'hésitent pas à sortir presque complètement de la vitre des voitures pour filmer le cortège, la mode cette saison est aux zigzags. Pas plus tard que samedi dernier, j'ai croisé du côté de Sidi Rached, un cortège nuptial, dont tous les véhicules qui le forment, y compris celui de la mariée, roulaient en zigzag. A la vue du cortège, j'avais vraiment peur, d'autant plus qu'en arrivant à son niveau, deux voitures, conduites par de jeunes chauffards, sans doute grisés par l'ambiance euphorique, se détachent de la procession pour opérer un dépassement dangereux, sans se soucier des voitures qui venaient en sens inverse. Résultat : ils m'ont obligé de quitter la chaussée pour sauver ma peau», raconte Ali de Aïn Tagouraït. Cette scène s'est produite à Sidi Rached. «Cela fait maintenant deux ans que j'ai décroché mon permis de conduire. A chaque fois que ma mère me demande de l'accompagner à une fête de mariage, je lui trouve toujours un prétexte pour éviter ce déplacement. Car je sais pertinemment que je dois prendre part au cortège. Et pour moi, c'est chose impensable, compte tenu du comportement irresponsable de certains automobilistes qui s'en fichent royalement de la vie humaine», souligne pour sa part une demoiselle de Fouka. «Dernièrement, une voiture d'un cortège nuptial a été à l'origine d'un accident dans la commune de Hadjout. La cause en est l'inconscience de certains conducteurs qui se croient tout permis lorsqu'ils prennent part à un cortège», confie un policier de Tipasa. En ville ou en campagne, ce phénomène dangereux ne se résume, pour ainsi dire, pas à de rares cas. «Etrangement, à la vue d'un barrage ou d'une patrouille de gendarmerie nationale, les chauffeurs turbulents se calment subitement et cessent de faire des manœuvres dangereuses. Ceci prouve si besoin est qu'ils sont conscients que le code de la route considère ce genre de comportement (dépassement dangereux…) comme une infraction passible de sanctions, notamment le retrait de permis de conduire. Il faut que ces conducteurs sachent que l'application du code de la route ne sert pas uniquement à éviter les sanctions, il a été conçu pour préserver leur vie et celle d'autrui», conseille un gendarme. Pour sa part, un policier révèle qu'à chaque fois, les gendarmes mènent un travail de proximité pour responsabiliser les chauffeurs sur les dangers qui peuvent survenir en cas de conduite dangereuse lors d'un cortège.