La question n'a pas été posée: qu'attendre de la visite de Macron à Alger ? Car au final, il ne restera que les effets de cette visite de «travail et d'amitié» du président français en Algérie. Une de plus. Une autre. Emmanuel Macron est devenu autant un familier des visites éclair, qu'un président qui veut adopter un autre style dans les relations de la France avec l'Algérie, en particulier. Mais, la grande nouveauté avec Macron est que cette visite n'apporte à proprement parler rien de nouveau dans l'agenda des relations économiques entre les deux pays. Aucune avancée dans les questions consulaires, comme la libre circulation des personnes, sinon le début de négociations pour la restitution de l'histoire mémorielle algérienne encore séquestrée en France, «les crânes» de Boubeghla ou le canon de Sidi Merzoug, outre des archives historiques encore détenues par la France. Mais, il ne faut pas faire la fine bouche sur l'indigence de l'agenda de cette visite de quelques heures, Macron aura sûrement l'occasion de montrer que sous son mandat, la France va retrouver les ressorts nécessaires de sortir du bourbier beaucoup de dossiers abandonnés depuis François Hollande. Et donc qu'il ne faut pas trop accorder une importance plus qu'il n'en faut au volume horaire qu'a duré cette visite. Mais, plutôt, les effets directs qu'il devra imprimer sur l'ensemble des dossiers inscrits à l'agenda de la coopération bilatérale. A commencer par le menu de la réunion de la Haute Commission mixte algéro-française, dont les travaux débutent ce matin à Paris. Le président français a, par contre, pris la mesure des attentes algériennes et le pouls de l'Algérie, non plus comme candidat à la présidentielle, mais comme chef de l'Etat. Et, là, il a pratiquement mesuré l'ampleur, sinon l'amplitude de la colère de responsables algériens vis-à-vis de promesses faites sous l'ère Hollande et pas tellement satisfaites, ni réalisées. Les investissements français, en dépit des lourdeurs bureaucratiques en Algérie, ne sont pas à la hauteur d'un partenariat d'exception tant attendu à Alger, et qui tarde à se concrétiser réellement. Car la nature de ces investissements est autant désuète en Algérie qu'exceptionnelle ailleurs au Maghreb. Les raisons de ce recul manifeste des investissements comme de l'engagement politique de Paris vis-à-vis de promesses faites lors de la visite de Hollande en 2012 en Algérie sont connues. Macron devra, quant à lui, les actualiser, et s'atteler à mettre en place un nouveau discours, une autre posture politique avec un partenaire dont il partage beaucoup de points communs, de profonds liens. Tout autant que beaucoup de points de discorde, sur des questions stratégiques régionales, sur des dossiers sensibles. Non, par contre, sur le fait qu'il faille «sacraliser» une simple visite de travail d'un président dans notre pays. Même si la profondeur des relations entre l'Algérie et la France est, quant à elle, unique, singulière, et que le président français devrait orienter, un appel en fait d'Alger, vers une mise à plat de tous les sujets qui fâchent. A commencer par la question mémorielle. Et tant pis si à Paris, cela offusque, ou incommode des positions d'arrière-garde. La nouvelle équipe à l'Elysée devrait, sous l'ère Macron, raboter les aspérités pour ouvrir la voie au rétablissement du devoir de mémoire. Après, tout sera négociable.