Le président du Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), Dr Bekkat Berkani Mohamed, a sollicité, hier, l'intervention du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour mettre fin au bras de fer qui oppose les médecins résidents aux pouvoirs publics. Seule une autorité suprême peut prendre «des décisions courageuses» capables de mettre fin à «cette catastrophe», a dit Dr Bekkat, au forum d'El Moudjahid, en estimant que «nous assistons, bel et bien, au pourrissement de la situation». Il a également appelé le gouvernement «à situer les responsabilités». Il s'est dit convaincu plus que jamais que «nous avons besoin aujourd'hui de décisions et non pas de commissions qui n'ont pas le pouvoir décisionnel», regrettant ainsi l'échec des négociations entre les deux parties. Pour Bekkat, «l'installation de commission de négociations qui s'étale dans le temps est une façon d'enterrer le problème». Le président de l'ordre a tiré la sonnette d'alarme en affirmant que trois mois de grève, sans de vraies solutions en perspective, c'est un drame. Et de s'interroger : «qu'attend le gouvernement pour prendre des décisions en faveur, non pas des médecins, mais de la médecine, c'est-à-dire, des mesures qui vont conforter le médecin dans ce travail et prendre en charge efficacement le malade». Le président du conseil de l'ordre des médecins a plaidé pour un Conseil de ministres restreint dédié à la santé, rappelant que le précédent gouvernement l'a déjà fait, lors de la grève des pharmaciens qui a été vite gelée après une journée seulement de débrayage. Dr Bekkat répond à ceux qui disent qu'on ne peut pas régler les problèmes des médecins résidents en raison de la situation financière délicate du pays, en affirmant que certains secteurs continuent à être bien servis, dans cette conjoncture jugée difficile. Tout en reconnaissant que les revendications des médecins résidents sont «légitimes», le président du Conseil de l'ordre a affirmé qu'«il ne faut pas fonctionnariser le médecin». Autrement dit, il faut donner tous les moyens possibles aux médecins et au personnel médical et de leur imposer un contrat de performances. Dr Bekkat a affirmé qu'en tant que membre du Conseil national des droits de l'homme «on a proposé une médiation entre les médecins résidents et la tutelle, les premiers ont répondu présents, mais les seconds n'ont émis aucune réponse qu'elle soit favorable ou défavorable». Il a affirmé que le ministère de la Santé doit être géré par des spécialistes de la médecine y compris les gestionnaires. «Il y a des gestionnaires qui ont passé leur vie au ministère de la Santé sans apporter aucun plus, certains ne connaissent même pas les actes médicaux». Pour Dr Bekkat, les dernières concessions faites par les pouvoirs publics ne sont pas à la hauteur des revendications des médecins. Il a évoqué la proposition relative à la prime d'installation de 20.000 DA pour les médecins résidents affectés dans le grand Sud, qui selon lui est dérisoire. Les négociations ayant lieu dimanche dernier entre le Collectif des médecins résidents algériens (Camra) et les membres de la commission intersectorielle mise en place par le ministère, se sont soldées par un échec total. Les médecins résidents en grève ont dénoncé l'absence d'un représentant du ministère de la Défense lors de la réunion. Et pour eux, il n'y eu aucune mesure incitative et aucun changement dans le forme actuelle du service civil. Le CNOM dément vouloir bloquer les médecins en Algérie Le président du Conseil de l'ordre national des médecins (CNOM) a démenti l'information relative au gel de l'octroi d'une attestation d'exercice et de bonne conduite pour les médecins désirant poursuivre leur carrière à l'étranger, notamment en France. Pour Dr Bekkat, l'ordre continue à remettre cette attestation aux concernés. Et de préciser qu'on a uniquement bloqué momentanément le dépôt de demandes d'attestation d'exercice et l'attestation de bonne conduite, pour des raisons techniques. «Nous avons tout simplement reformulé les fiches à remplir, et ce, à partir du 15 janvier 2018». Et de préciser que cette démarche n'est nullement «une réaction au décret exécutif français du 22 novembre 2017 donnant accès aux médecins étrangers à une autorisation temporaire d'exercer leur métier en France». Et de s'interroger «Qui a eu l'idée de diffuser de telles informations infondées et illogiques ?». Notons que cette information a été divulguée juste après que les autorités françaises ont fait état d'un décret exécutif du 22 novembre 2017 donnant accès aux médecins étrangers à une autorisation temporaire d'exercer leur métier en France. «Certains sont vite tombés dans les supputations en avançant que la France veut convoiter les médecins algériens en ces moments de grève et d'autres ont affirmé que le CNOM a trouvé l'astuce pour bloquer les médecins désirant partir à l'étranger», dira ainsi Dr Bekkat, en exprimant son étonnement.