Les médecins généralistes et spécialistes privés sont toujours rétifs au conventionnement avec la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNAS) qui les oblige à ne pas être payés par leurs patients mais par la CNAS. L'opération lancée depuis le mois de janvier en cours par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale n'a été signée que par 300 médecins sur les 25 000 médecins généralistes et 48 000 médecins spécialistes privés. «La généralisation du conventionnement doit se faire sur la base d'honoraires acceptables », a estimé hier le président du Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM), le Dr Mohamed Réda Bekkat Berkani, lors de la 2e session ordinaire du CNOM. Pour le moment, la CNAS propose 500 dinars pour la consultation chez un généraliste et 650 dinars chez un spécialiste. Actuellement, une visite chez un médecin spécialiste coûte 800 DA. Toutefois, pour le président du CNOM, le conventionnement avec les médecins installés permettra la promotion du générique, ce qui allègera le coût de la facture des médicaments. « Pour le moment, l'Algérie consomme 30% des médicaments génériques alors que la France avec un battage médiatique va dépasser la barre des 50%», souligne-t-il avant d'ajouter que la CNAS a le devoir d'informer régulièrement les médecins sur le tarif de référence. De son côté, le représentant du ministère du Travail, le Dr Bourkaib s'est voulu rassurant. Il a soutenu que le conventionnement permettra un volume garanti en nombre de malades qui consultent. En plus, ce système les incitera à faire régulièrement des consultations chez leur médecin. « D'une part, le médecin est assuré de ne pas fermer boutique et d'autre part le malade est bien pris en charge », observe-t-il. Au sujet du système national de santé, le président du CNOM a qualifié d' «anormale» la «prédominance» du secteur privé, dans le domaine sanitaire, sur le public en Algérie. «Il y a une prédominance anormale du privé par rapport au public, qui devrait réaliser près de 80% de l'activité sanitaire», a-t-il estimé dans une déclaration à la presse en marge de la réunion. Pour lui, la part du secteur privé (cabinets, cliniques et autres) ne doit pas dépasser les 20%. Il a appelé, par ailleurs, à améliorer l'état des établissements hospitaliers, qui n'arrivent plus, selon lui, à répondre à leur mission, ainsi que l'accueil des malades, qu'il juge «insuffisant». M. Bekkat Berkani a également appelé à l'organisation d'assises nationales de la santé qui puissent faire un état des lieux du secteur, élaborer une politique sanitaire sur les 20 ans à venir et qui soit adaptée aux mutations que connaît la société algérienne. Au sujet de la grève des praticiens de la santé publique, le président du CNOM a appelé les médecins généralistes et spécialistes à reprendre leurs activités tout en observant que leurs revendications sont légitimes. Il a, en outre, demandé au ministère de la Santé de ne pas appliquer les mesures coercitives à l'encontre des grévistes et proposé la médiation du CNOM entre les deux parties. S'agissant des erreurs médicales, il a été recensé entre 2008 et 2009 pas moins de 650 plaintes. Des avertissements et des blâmes ont été adressés. Dans d'autres cas, certains médecins ont été interdits d'exercer alors que dans d'autres, le Conseil de l'ordre a proposé la fermeture de cabinets.