Le décret exécutif français portant sur les facilitations accordées aux médecins étrangers souhaitant exercer en France n'a pas laissé, semble-t-il, indifférent le Conseil de l'Ordre des médecins algériens. En effet, le conseil que dirige le Dr Bekkat Berkani Mohamed a décidé de suspendre l'attribution de l'attestation d'exercice et celle de bonne conduite pour les médecins. C'est un document qui est exigé aux médecins algériens tentés de s'exiler en France pour se faire délivrer un permis provisoire de pratique de la médecine. Le décret français en question a été promulgué pour faire face au désert médical qui inquiète les autorités sanitaires françaises. Selon le communiqué rendu public jeudi, le président du Conseil de l'Ordre des médecins de la région d'Alger, a indiqué que "le dépôt des dossiers pour l'obtention de l'attestation d'exercice et l'attestation de bonne conduite est suspendu jusqu'à nouvel ordre". L'on s'interroge, cependant, sur les motivations qui sont à l'origine de la mesure annoncée par le Dr Bekkat, d'autant qu'elle intervient dans un contexte particulier, à savoir la grève illimitée des médecins résidents qui dure depuis 76 jours. Des professionnels de la santé, qui ont requis l'anonymat, nous ont confirmé la suspension du document en question. "Des médecins qui se sont présentés au Conseil de l'Ordre d'Alger pour déposer les demandes, ont été surpris d'apprendre le blocage de la délivrance de l'attestation d'exercice. On leur a tout simplement signifié que le Conseil ne réceptionne pas les dossiers", regrette un praticien. Celui-ci estime qu'une telle mesure de suspension qui intervient en pleine crise qui persiste dans les hôpitaux, est loin d'être fortuite. "La décision du Dr Bekkat n'est pas innocente. Elle devrait répondre à une instruction prise en haut lieu. Elle a été annoncée dans l'espoir d'empêcher les médecins algériens qui désirent tenter leur chance en France. Et ils sont nombreux à le faire, pour des raisons connues de tous. Ils sont sous-payés et ils travaillent dans des conditions qui dépassent tout entendement. Pas de moyens techniques et encore moins de considération de la tutelle administrative. Toutes les conditions sont réunies pour s'exiler." Notre source rappellera que pas moins de 1 700 médecins (dont 940 de la faculté d'Alger) devaient passer leur DEMS (diplôme d'études médicales spécialisées) pour la session de janvier 2018. Ces derniers ont décidé, rappelons-le, de boycotter l'examen en question, par solidarité avec les résidents. Selon notre source, ces 1 700 futurs spécialistes sont pratiquement tous des candidats potentiels à l'exil. Il faut rappeler que le Dr Bekkat Berkani Mohamed avait déclaré, l'année dernière, que le nombre de médecins algériens exerçant en France est de l'ordre de 10 000, et ce, en se référant à une étude publiée par le Conseil de l'Ordre des médecins de France. Il y a lieu de se demander enfin si la parade trouvée par le Dr Bekkat répond à une décision politique qui ne dit pas son nom, et ce, pour stopper l'hémorragie des médecins algériens vers la France. Hanafi H.