La 35ème session du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur (CMAI) prévu du 7 au 8 mars à Alger intervient dans un climat politique trouble et une résurgence des défis sécuritaires dans les pays arabes. L'Algérie, qui a réussi à éloigner le fléau du terrorisme et retrouve progressivement stabilité et sécurité, reste quand même menacée, tout comme les pays membres du CMAI, dès lors que le danger du terrorisme, de l'extrême mobilité des groupes armés souvent appuyés, armés et soutenus financièrement par les puissances occidentales n'est pas totalement éradiqué. Aux travaux de la 35ème session du CMAI, l'expérience algérienne de la déradicalisation sera en bonne place dans l'ordre du jour de cette session qui intervient après un autre attentat terroriste au Burkina Faso et, surtout, un déplacement en Europe et aux Etats-Unis du prince héritier et ministre de la Défense saoudien pas foncièrement à l'avantage d'une cohésion arabe face aux dangers et défis sécuritaires qui menacent la paix et la sécurité dans la région. Il y a, d'une part, pour les pays membres du CMAI le danger potentiel que font peser sur la sécurité de certains pays arabes limitrophes avec les pays africains, dont l'Algérie, la Tunisie ou l'Egypte, les groupes armés d'Aqmi et de Daech. Les attaques terroristes contre des villages, des touristes et des symboles religieux dans certains pays arabes comme l'Egypte et la Tunisie interpellent les pays membres à une plus grande coordination des actions de lutte et de déradicalisation. Comme elles interpellent également le Conseil à éviter des positions dangereuses qui consistent en des postures individuelles dictées par des puissances occidentales au détriment des stratégies communes aux pays de la région et mises en place dans un cadre global. Il y a, d'autre part, le danger que représentent des conflits d'intérêts et de stratégie entre pays membres pour la cohésion du CMAI. Il y a presque une année, l'Arabie Saoudite, avec des pays 'alliés'' et membres du Conseil, avait isolé diplomatiquement, avec un blocus économique, un autre pays membre du CMAI, le Qatar. Il y a également cette guerre inutile de la «coalition» menée là encore par l'Arabie Saoudite contre un autre pays arabe, le Yémen, devenu un terreau fertile pour les groupes armés. Au-delà du motif invoqué par Ryadh, qui serait lié au soutien de Doha à certaines organisations islamiques, dont le mouvement palestinien Hamas, c'est cette cohésion qui fuit toujours le CMAI qui doit cette fois-ci à Alger être renouvelée, sinon renforcée. Certes, les divergences et les antagonismes ont toujours existé au sein des pays arabes, mais la situation actuelle est déjà très préoccupante et ne doit pas échapper à tout contrôle au risque d'hypothéquer les efforts et les avancées réalisées sur le front non seulement de la lutte contre le terrorisme, mais son éradication totale de tous les pays arabes et le retour de la sécurité dans la région. La session d'Alger devra par ailleurs glisser sur le profond conflit entre le Qatar et l'Arabie Saoudite, tout comme la 35ème session du CMAI devrait soutenir l'option d'Alger sur la déradicalisation comme moyen d'éviter la naissance et le développement de cellules et autres groupes terroristes sur des bases religieuses. C'est-à-dire attaquer le mal à la source. Une option qui ne peut avoir des résultats tangibles qu'à partir du moment où tous les pays membres jouent le jeu et ne travaillent pas sur le « catalogue » fichant les organisations terroristes établi par le Foreign Office ou le département d'Etat. Et, sur ce chapitre, la position de l'Arabie Saoudite, où de profondes réformes politiques, militaires et sécuritaires internes sont menées par le prince héritier, ne devrait pas influer ni peser sur la forme et la teneur des travaux de cette session, d'autant que Ryadh a cette fâcheuse manie de vouloir décider à la place des autres.