Sécurité, lutte contre le terrorisme et mise en place d'une stratégie arabe commune pour lutter contre les nouveaux défis sécuritaires. Ce sont là, officiellement, les principaux points de l'ordre du jour des travaux de la 32ème Session du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur (CMAI), ouverts, hier, mercredi à Alger, avec la participation des ministres de l'Intérieur des pays arabes, de délégations sécuritaires de haut niveau et de représentants d'organisations régionales et internationales. Ce conclave se tient, en fait, alors que se tiennent, à Alger, des discussions entre différentes parties libyennes, pour trouver une issue à la crise politique dans ce pays arabe, qui a dégénéré en violences armées, avec l'inquiétante présence de groupes de l'Etat islamique (Daech). C'est dans ce contexte régional préoccupant, avec, également, la détérioration de la situation en Syrie et en Irak, que se tient cette 32ème Session du CMAI. C'est, un peu, dans ce sens que le Secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Ben Helli avait annoncé, à la veille de la rencontre, qu'il présentera les propositions de la Ligue arabe pour la préservation de la sécurité, dans les pays arabes ainsi que les moyens de lutte contre les groupes terroristes. Selon lui, la Ligue arabe apporte son appui aux institutions de l'action arabe commune, à leur tête le CMAI, en tant que mécanisme de la coopération arabe dans les domaines de la sécurité et de la police. Jamais session du CMAI n'a été aussi décisive que celle d'Alger 2015, puisque de nouveaux défis sécuritaires sont apparus, autant avec la chute du régime libyen, qui a engendré une effroyable guerre civile, sur fond de prolifération de groupes armés, la Syrie embourbée dans sa guerre civile et l'Irak devenu otage de Daech. Pire scénario que celui-là n'aurait jamais été imaginé, il y a juste quelques années. Devant de tels périls, pour la sécurité dans les pays arabes et notamment celui du terrorisme, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaiz, a plaidé, dans son intervention, devant les membres du CMAI, pour le renforcement de la stratégie sécuritaire arabe commune afin de « permettre (aux pays arabes) de faire face aux menaces et dangers qui les guettent ». Il dira que « la situation actuelle nous met, en tant que pays arabes, sans exception, devant de grands défis sécuritaires, qui exigent, de notre Conseil d'œuvrer à la consolidation de la stratégie sécuritaire commune, par le renforcement de ses bases ». Cette stratégie, selon M. Belaïz, va « permettre, à nos pays, d'affronter, avec détermination et responsabilité, le phénomène de progression du terrorisme transnational et de toutes formes de crime organisé ». Il s'agit pour le Conseil, a-t-il préconisé, de faire un « diagnostic précis » de tous les dangers et toutes les menaces qui pèsent sur la sécurité commune des pays arabes, afin « d'asseoir une vision prospective, intégrée et homogène, qui pose les formes d'une coopération sécuritaire arabe efficace, en harmonie avec les efforts menés, aux niveaux international et national». Outre la nécessité de l'échange d'informations, entre services sécuritaires des pays du CMAI, il s'agit, également, pour la stratégie sécuritaire arabe commune, a estimé M. Belaïz, de « se concrétiser par l'élaboration de plans opérationnels communs, bilatéraux ou multilatéraux, permettant de resserrer l'étau sur les groupes criminels, en réduisant leurs capacités de déplacement, notamment à travers les frontières ». CRIMINALISATION DU PAIEMENT DES RANÇONS Comme il s'agit, a-t-il rappelé de « tarir les sources de financement » du terrorisme par la « criminalisation du paiement des rançons, dans les affaires d'enlèvement et de prise d'otages ». D'autre part, le Conseil doit envisager la création de « nouveaux mécanismes et organes, adaptés aux défis sécuritaires actuels, afin d'assurer l'efficience des plans sécuritaires adoptés », notamment, pour lutter contre la cyber-criminalité, liée au terrorisme. Pour autant, « la solution sécuritaire, à elle seule, n'est pas suffisante pour éradiquer le terrorisme et les diverses formes de crime organisé », relève-t-il précisant que la lutte contre ces fléaux appelle à une participation plus globale, dont celle des médias et de la société civile. Par ailleurs, M. Belaïz a lancé un appel pour la tenue d'une conférence internationale, sous les auspices des Nations unies, pour un large débat sur le terrorisme et élaborer une convention sur ce fléau transnational. « J'estime qu'il est, aujourd'hui, nécessaire de tenir une conférence internationale, sous l'égide des Nations unies, pour débattre de la question du terrorisme, sous tous ses aspects, afin de remédier à ses causes et à ses réelles origines », a souligné M. Belaiz. Pour lui, cette rencontre permettra, notamment, d'identifier les voies et moyens en vue de tarir les sources de financement du terrorisme et d'aller vers une convention internationale sur ce fléau transnational, a-t-il expliqué. Cette convention permettra, quant à elle, de « définir le terrorisme, de façon précise, de distinguer entre ce fléau transnational et ce qui est, faussement, attribué aux valeurs et principes religieux », a précisé le ministre. Pour le ministre algérien, le fléau du terrorisme ne peut être vaincu, sans une concertation et une collaboration internationales. Les travaux de cette 32ème Session du CMAI doivent être clôturés, aujourd'hui, jeudi, par l'élaboration d'un communiqué commun suivi de recommandations.