Le Président Abdelaziz Bouteflika a procédé, hier, mercredi, à un remaniement du gouvernement, qui a touché trois ministères, ainsi que celui des Relations avec le Parlement. Rien ne présageait ce remaniement partiel de gouvernement, en dépit de rumeurs insistantes, colportées sur les réseaux sociaux, depuis janvier dernier. Mais, le départ de Mohamed Benmeradi, ministre du Commerce, et d'El Hadi Ould Ali, ministre de la Jeunesse et des Sports, étonnent, même s'ils peuvent s'expliquer par l'actuelle anarchie dans leur secteur respectif, alors que les raisons du départ de Tahar Khaoua, ministre en charge des Relations avec le Parlement seraient dû à des luttes de sérail au sein du FLN. Le communiqué de la présidence de la République indique que « conformément aux dispositions de l'article 93 de la Constitution, et après consultation du Premier ministre, son Excellence Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a décidé, ce jour, d'un remaniement au sein du gouvernement ». Le chef de l'Etat, poursuit le même communiqué, a nommé « M. Mohamed Hattab, ministre de la Jeunesse et des Sports, en remplacement de M. El-Hadi Ould Ali, appelé à d'autres fonctions, M. Said Djellab, ministre du Commerce, en remplacement de M. Mohamed Benmeradi, appelé à d'autre fonctions, M. Abdelkader Benmessaoud, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, en remplacement de M. Hassen Marmouri, appelé à d'autres fonctions, et de M. Mahdjoub Bedda, comme ministre des relations avec le Parlement, en remplacement de M. Tahar Khaoua, appelé à d'autres fonctions». La première observation sur ce léger remaniement ministériel, qui intronise un ex-ministre du gouvernement Tebboune, Mahdjoub Bedda, dans l'exécutif d'Ahmed Ouyahia, est le départ de deux ministres, le Commerce et la Jeunesse et des Sports, qui ont été très sollicités, ces derniers temps. D'abord le département de M. Benmeradi s'est illustré par une « valse à mille temps » dans la gestion du portefeuille des importations, provoquant la colère des milieux industriels privés. Et, au-delà, en Espagne où les producteurs de céramique se sont plaints, à leur gouvernement de la suspension des importations algériennes. Ensuite, le ministre de la Jeunesse et des Sports El Hadi Ould Ali, s'est empêtré dans d'inextricables conflits avec des fédérations sportives, et, surtout, son ingérence dans les décisions de fédérations sportives lui aura coûté son poste. Les bilans sportifs catastrophiques de l'ensemble des fédérations a, également, pesé sur son éviction, Ould Ali ayant également, mal géré certains dossiers relatifs au programme des jeunes, tracé par le gouvernement. Par contre, la surprise dans ce remaniement partiel est venue de la nomination de Said Djellab, un gars de « la maison », au poste de ministre du Commerce. Le nouveau ministre du Commerce occupait jusque-là le poste de directeur général du Commerce extérieur, et, auparavant celui de directeur des Accords régionaux au même ministère. Licences d'importation, négociations Algérie-UE et sur l'adhésion à l'OMC, autant de dossiers que supervisait M. Djellab, jusqu'à sa nomination, hier, à la tête du département, par le président de la République. Très médiatisé, technique, le nouveau ministre du Commerce devra, cependant, sortir de l'anonymat de ses bureaux pour redonner une image plus rassurante à un secteur qui prend l'eau de toutes parts. La nomination, par ailleurs, du wali de Tissemsilt, M. Abdelkader Benmessaoud, au département du Tourisme et de l'Artisanat, vient sanctionner l'immobilisme de son prédécesseur. Ce département a connu, du reste, trois titulaires en une année, et qui a vu des walis chargés de sa promotion. Le nouveau ministre du Tourisme et de l'Artisanat a été nommé, pour la première fois, en octobre 2016, wali de Tissemsilt. Il a obtenu sa licence en Sciences politiques et relations internationales, en 1991. Il avait occupé le poste d'attaché de cabinet auprès de la chefferie du gouvernement en 1993, puis secrétaire général de la wilaya de Saida, en 2010. En 2013, il a été nommé wali délégué de la circonscription administrative de Sidi M'hamed, dans la wilaya d'Alger. Quant au nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, il vient, également, du corps des walis. Il a été nommé en octobre 2016 wali de Bejaïa, et auparavant, il était wali de Sidi Bel-Abbès. Très proche des milieux sportifs, Mohamed Hattab a beaucoup investi dans les deux clubs phares de la ville de Bejaïa pour gérer les fortes tensions sociales et politiques locales. Par ailleurs, Mahdjoub Bedda, ex-ministre de l'Industrie, sous le gouvernement Tebboune, qui avait dénoncé l'arnaque du montage automobile prôné par son prédécesseur Abdeslam Bouchouareb, revient dans le gouvernement Ouyahia, et a été chargé du poste de ministre des Relations avec le Parlement. Une poste protocolaire.