Le président de la République Le changement du gouvernement qui a tenu en haleine, pendant de longues semaines, l'opinion publique, laisse tout le monde sur sa faim. Annoncé à plusieurs reprises, le remaniement opéré hier, au sein du gouvernement a un nom. Il s'agit d'un simple réaménagement, puisque seuls quatre portefeuilles sont concernés. Les changements n'ont pas provoqué de grands chamboulements avec quatre secteurs qui changent de main, à savoir le ministère de la Jeunesse et des Sports, celui du Commerce, du Tourisme et de l'Artisanat et le ministère des Relations avec le Parlement. Le chef de l'Etat a ainsi décidé de nommer Mohamed Hattab, le wali de Béjaïa à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports, en remplacement de El-Hadi Ould Ali. Mohamed Benmeradi a également été appelé à céder sa place à la tête du ministère du Commerce à un ex-directeur général du commerce extérieur, Said Djellab. Abdelkader Benmeessaoud, wali de Tissemsilt, a été désigné comme ministre du Tourisme et de l'Artisant en remplacement de Hassen Marmouri. Le ministère des Relations avec le Parlement a changé de main pour passer de celle de Tahar Khaoua à celle de Mahdjoub Bedda, l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines dans le gouvernement de Abdelmadjid Tebboune. Le lifting de la composante du gouvernement, opéré par le président de la République, semble plus technique que politique, même si dans la foulée, le RND perd un ministère. En fait, le président Bouteflika vient de nommer deux walis et un ex-haut cadre du ministère du Commerce, des technocrates qui ont été appelés à la rescousse. C'est la seule lecture qui peut être faite de ce remaniement. Car et selon des observateurs de la scène politique, le changement du gouvernement qui a tenu en haleine, pendant de longues semaines, l'opinion publique, laisse tout le monde sur sa faim par rapport aux échéances politiques qui doivent marquer les prochains mois, entre autres l'élection présidentielle. Les ministères régaliens n'ont pas été touchés, ni d'ailleurs le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui, faut-il le rappeler, avait été donné pour partant à plusieurs reprises. Il y a moins d'une quinzaine de jours, la rumeur du «dégommage» du Premier ministre et son remplacement par Tayeb Louh avait même fait le tour de l'Algérie, au point où, même certains médias l'ont annoncé. Aux moins deux chaînes de télévisions privées et un quotidien ont donné, dans la précipitation, la liste fictive de tout un gouvernement, imaginée dans les salons feutrés d'Alger. Le communiqué de la Présidence dévoilant l'aménagement opéré par le chef de l'Etat apporte un démenti cinglant à toutes les spéculations qui donnaient donc Ahmed Ouyahia partant. Le Premier ministre est maintenu. C'est là, le seul renseignement à retenir de ce mini-remaniement. Reste maintenant à regarder de près, les modifications opérées à la tête des quatre départements. Pour commencer, le départ de Hassen Mermouri n'est pas surprenant. L'ex-ministre du Tourisme n'a pas su marquer son passage à la tête du secteur, un des plus prioritaires dans la nouvelle stratégie du gouvernement qui vise à en faire une nouvelle source pour renflouer les caisses de l'Etat. En ce qui concerne El Hadi Ould Ali qui a été aux commandes de la Jeunesse et des Sports pendant quatre années, il aurait été appelé à céder son poste, selon certains de ses détracteurs, après ses démêlés avec la FAF et le COA et ses «ingérences» dans la gestion des fédérations sportives. La nomination du wali de Béjaïa, choisi pour le remplacer, vise à donner un nouveau souffle au secteur, mais aussi une gestion plus apaisée. Mahdjoub Bedda a quant à lui été remis en selle après son passage dans le gouvernement Tebboune comme ministre de l'Industrie et des Mines. Le retour de cet ex-parlementaire de Médéa s'explique sûrement par le fait que ce dernier a une très bonne maîtrise des rapports entre le Parlement et le gouvernement, puisqu'il n'en a pas moins présidé la commission des finances de la chambre basse. Quant au départ de Tahar Khaoua, il s'apparente plus à une sanction qu'à autre chose. L'invitation de Mohamed Benmeradi à quitter le gouvernement, un proche du Premier ministre, ne s'explique pas facilement. Elle pose réellement la question sur les raisons de ce départ. Appelé à rejoindre le gouvernement Ouyahia, il y a à peine 8 mois, voilà qu'il est remplacé par un ex-directeur du commerce extérieur, Saïd Djellab. Ce dernier, faut-il le rappeler, avait été limogé en janvier 2017 par Abdelmadjid Tebboune alors qu'il assurait l'intérim de Bekhti Belaïb, à l'époque malade, au ministère du Commerce. Le choix de Saïd Djellab, à voir son profil, peut être considéré comme judicieux, si l'on prend en compte la décision ferme de l'Etat de réduire la facture des importations. Il est donc attendu à ce que Saïd Djellab présente une thérapie sans faille, permettant d'arrêter la saignée des réserves de changes. Cela dit, l'information donnée par le mini-remaniement, effectué hier, par Abdelaziz Bouteflika qui n'est autre que technique, n'est sûrement pas dans les changements annoncés à la tête de quatre départements. Il s'agit surtout du démenti sur le départ de Ahmed Ouyahia, mais aussi du maintien de certains ministres dont les secteurs sont marqués par une grande agitation. Cela renseigne donc sur l'approbation de l'Etat de la politique ferme menée pour la gestion des crises actuelles. Il reste cependant que le lifting opéré hier, est un réaménagement technique qui appelle dans un proche avenir à être complété par un remaniement beaucoup plus large, donnant une nouvelle impulsion au gouvernement face au développement des situations, notamment la prochaine rentrée sociale. Il n'est donc pas exclu que ce mini-remaniement soit suivi par un autre d'une plus grande ampleur qui toucherait les ministères régaliens, afin de répondre aux défis de l'heure.