L'Algérie applique un moratoire sur les exécutions depuis 1993, ce qui est en soi une reconnaissance de l'inutilité de la peine de mort. Cependant, des condamnations à mort continuent d'être prononcées par les tribunaux. C'est ce qu'a relevé encore une fois, Amnesty International dans son rapport sur la peine de mort dans le monde en 2017, rendu public ce jeudi, en invitant l'Algérie à franchir le pas, en devenant le premier pays au Maghreb à abolir la peine de mort. Dans son rapport sur la peine de mort dans le monde en 2017, Amnesty International a fait état d'une nette baisse des condamnations à mort en Algérie. En effet, l'année passée, au moins 27 personnes ont été condamnées à mort contre 50 en 2016 et 62 en 2015. Et ce, en rappelant que pas moins de 153 condamnations ont été prononcées en 2012. Mais, les membres de cette organisation internationale regrettent le fait que l'Algérie continue à prévoir la peine de mort. Pourtant, précisent les rédacteurs du rapport, «l'Algérie a toujours joué un rôle actif au niveau international en vue d'inciter les pays à cesser de recourir à la peine de mort et a toujours parrainé et voté en faveur des résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU préconisant un moratoire sur les exécutions». Pour Hassina Oussedik, directrice d'Amnesty International, notre pays devrait adopter une attitude exemplaire en devenant le premier pays au Maghreb à abolir la peine de mort. Sachant qu'aujourd'hui, plus de la moitié des pays du monde ont complètement aboli la peine de mort. En précisant dans le rapport, que la Guinée et la Mongolie ont rejoint le camp abolitionniste en 2017. Si on regarde du côté de nos voisins, l'on constate certaines similitudes, la Tunisie ayant connu, elle aussi, une tendance baissière en prononçant 25 condamnations à mort en 2017 contre 44 en 2016, sans exécution. Quant au Maroc et au Sahara occidental, les tribunaux ont prononcé au moins 15 condamnations à mort en 2017, contre au moins six en 2016. Quelque 95 personnes étaient sous le coup d'une sentence capitale à la fin de l'année 2017, indique l'organisation. Et tout cela, sans que ces pays n'abolissent la peine de mort. Le nombre d'exécutions et de peines de mort recensées à travers le monde a diminué, après les hausses record enregistrées les années précédentes. En terme de chiffres, Amnesty International a recensé au moins 993 exécutions dans 23 pays en 2017, soit 4% de moins qu'en 2016 (où 1.032 exécutions avaient été enregistrées) et 39% de moins qu'en 2015 (année où l'organisation avait relevé le chiffre le plus élevé depuis 1989: 1.634 exécutions). La plupart des exécutions ont eu lieu, par ordre décroissant, en Chine, en Iran, en Arabie saoudite, en Irak et au Pakistan. Ayant l'habitude d'organiser un débat sur la peine de mort lors de la publication du rapport, Amnesty International Algérie a annulé la conférence de presse prévue jeudi dernier, suite au crash de l'avion militaire, qui a fait 257 morts, en présentant ses condoléancés aux familles des victimes. Cette organisation internationale continue sans relâche à appeler les pays non abolitionnistes à abolir la peine de mort en avançant les arguments suivants: l'exécution est un châtiment irrévocable, le risque d'exécuter un innocent existera toujours. Par exemple, aux Etats-Unis, plus de 150 condamnés à la peine de mort ont été innocentés et cela depuis 1973. Elle est non dissuasive, dans les pays où les exécutions sont courantes, et où les autorités présentent la peine de mort comme un moyen de lutter contre la criminalité. Toutefois, il n'a jamais été prouvé que la peine de mort soit plus dissuasive que l'emprisonnement. Elle est discriminatoire, les personnes pauvres ou appartenant à des minorités ethniques ou religieuses ou sexuelles risquent davantage d'être condamnées à mort, en raison du caractère discriminatoire de certains systèmes judiciaires. Elle est souvent infligée dans des systèmes judiciaires faussés, les trois pays qui figurent en tête de liste la Chine, l'Iran et l'Arabie saoudite prononcent tous des condamnations à mort à l'issue de procès inéquitables. La peine capitale est souvent infligée après que des «aveux» ont été extorqués sous la torture. Elle est utilisée comme un outil politique, certains Etats, comme l'Iran et le Soudan, ont recours à la peine de mort pour punir des opposants politiques.