La grève des résidents entre dans son sixième mois annoncée «avec regret», dans un communiqué du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), en date du 5 mai dernier. Les résidents tiennent à dénoncer l'attitude d'une tutelle «sourde» et des négociations «stériles» qui ont amené les résidents à durcir leur mouvement de protestation en décidant «l'arrêt total et inconditionné de l'activité des gardes d'urgence et dans les services sur le territoire national, à partir de dimanche 29 avril», comme rapporté dans un précédent communiqué. Le Camra tient, également, à dénoncer «avec fermeté les manœuvres administratives et les actes d'intimidations et de menaces orchestrées par les directeurs des structures hospitalières». A ce propos, Sofiane Bensebaâ, un des délégués nationaux du Camra, a rappelé au Le Quotidien d'Oran' que les résidents ne perçoivent aucune rémunération depuis trois mois et qu'ils ont reçu des menaces après l'arrêt des gardes, allusion aux réquisitions envoyées par les directeurs des CHU et les demandes des chefs de service à leurs directions de poursuivre ces mêmes résidents en justice. «Nous faisions plus qu'il n'en fallait. On était les premiers à recevoir les patients alors que théoriquement on est censé être sous la tutelle d'un médecin sénior», dira notre interlocuteur qui enchaîne sur le volet pédagogique, un des points importants de la plate-forme revendicatrice des résidents. «On est loin, très loin des standards internationaux et même régionaux» avoue-t-il prenant à témoin le niveau des voisins marocains ou tunisiens dont les médecins «s'exportent mieux à l'étranger que les Algériens, ces dernières années». Pour Bensebaa, la faute incombe à un système français des années 80 qui a été modifié par deux fois par ses propres concepteurs. Tout en réitérant leur volonté de participer à tout dialogue «sérieux», les résidents comptent organiser une marche des blouses blanches, demain, à Sétif. Un choix empreint de symbolique, manière de dire «halte aux mesures d'intimidations», dira, encore, le délégué. Si l'information est encore au conditionnel, les prochaines heures pourront la confirmer. Rappelons que la dernière tentative de marche des résidents avait été sévèrement réprimée, à Alger. Dans un nouveau communiqué, en date du 24 avril 2018, le Camra dénonçait l'agression policière dont ont été victimes les résidents et résidentes, évoquant «une atrocité sans précédent et une haine profonde» contre les participants à la marche organisée de la Place Emir Abdelkader' à l'hémicycle Zighout Youcef'. Le Camra déplorait alors que des centaines de résidents «insultés, tabassés, matraqués, tasés» et des résidentes «dévoilées» relevant «plusieurs blessures graves constatées». Taïleb Mohamed, le porte-parole du Collectif, avait indiqué que parmi les mesures à prendre par le mouvement de contestation, et outre l'arrêt de l'activité des gardes d'urgence et dans les services, l'éventualité de se diriger vers une démission collective.