C'est un 'warning» qui s'adresse brutalement à l'Algérie en matière de respect des droits de l'homme dans la gestion du dossier des migrants. Le rappel à l'ordre du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme n'est pas fortuit, mais il résume une situation complexe, délicate. L'Algérie a annoncé cette année et l'année dernière qu'elle avait organisé, en collaboration avec les pays concernés, à plusieurs reprises le rapatriement de Subsahariens vers leurs pays d'origine. Des grincements de dents ont été enregistrés dans ces pays, notamment au Niger où ces expulsions n'ont pas été bien digérées. Mais, aujourd'hui, le reproche fait aux autorités algériennes va au-delà de la sphère des relations de bon voisinage et échoue sur le bureau du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. Bien plus, cette Commission a non seulement stigmatisé la politique algérienne en matière de gestion des migrants subsahariens, mais elle enfonce le clou en appelant Alger à cesser leur expulsion massive. Une sorte de dénonciation en réalité des refoulements massifs et souvent mal organisés, pris dans la précipitation, des migrants d'origine subsaharienne. En fait, le communiqué de la Commission des droits de l'homme de l'ONU sonne comme une mise en garde, mais surtout comme une dénonciation des expulsions massives de centaines de migrants subsahariens. Et le ton du communiqué ne prête pas à équivoque, notamment lorsque l'Algérie est accusée d'expulsions sommaires, alors que les conditions de détention des migrants 'seraient inhumaines et dégradantes». Les accusations sont graves et l'Algérie est tancée également, à tort ou à raison, pour avoir laissé ces Subsahariens 'à la frontière nigérienne où ils sont abandonnés à leur sort». Des accusations gravissimes, d'autant que 'le Haut Commissaire fait aussi écho aux témoignages indiquant que les migrants qui demeurent en Algérie sont désormais très inquiets», avant d'asséner le coup de grâce en redoutant que 'cette campagne d'expulsions ne favorise une montée du racisme et de la xénophobie à l'encontre des Africains subsahariens». Comment en est-on arrivés à devenir un objet de vives critiques ouvertes, directes de l'une des plus importantes commissions des Nations unies ? On ne peut, à l'évidence, accuser cette Commission de parti pris, ni de viser en particulier notre pays, car ses experts travaillent sur des matériaux 'vivants» et des cas documentés, en plus des rapports des ONG présentes sur le terrain des droits de l'homme, la lutte contre le racisme et l'égalité des genres. Non, le warning de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, basée à Genève, vient rappeler avec une rare violence aux autorités algériennes qu'elles doivent travailler de concert avec les organisations onusiennes dans ce type de dossier. Et que même si la souveraineté et la sécurité nationales dictent des postures assez particulières au gouvernement algérien, ce n'est pas pour autant une carte blanche pour traiter avec une rare légèreté la question délicate de la migration humaine, notamment les Subsahariens, objet de toutes les attentions et la surveillance des ONG internationales dont Amnesty et HRW. Comme les circonstances actuelles sont difficiles pour tous, avec des contingences internationales stressées par la question migratoire, qui fait débat en Europe où des gouvernements sont souvent cloués au pilori pour leur politique xénophobe, pour ne pas dire raciste, les autorités n'avaient pas à tomber dans le piège des expulsions massives et en même temps défendre les droits de l'homme dans les tribunes internationales.