Adoption lundi du projet de loi de finances complémentaire 2018 sur fond de ralliement des partis proches du pouvoir à l'option d'un 5e mandat. Quant à l'opposition, elle reste engluée dans les travées de l'Hémicycle dans une éternelle bataille pour la défense des acquis sociaux des Algériens. Elle estime que le gouvernement a abandonné ses promesses de protéger les couches sociales les plus vulnérables. Si le PLFC 2018 est passé comme une lettre à la poste en dépit du 'niet'' de l'opposition, cela démontre à quel point les attentes de l'opinion publique restent à l'écart des préoccupations du gouvernement et en dehors des grandes questions économiques de l'exécutif. Sinon comment expliquer que les partis de la majorité parlementaire aient ferraillé dur pour supprimer l'article introduisant la TVA sur les voitures montées localement, et se sont ensuite mobilisés pour voter un projet de texte de loi rejeté par l'opposition ? Les griefs de l'opposition, qui a une nouvelle fois dénoncé le recours du gouvernement à la planche à billets pour financer le déficit budgétaire et oxygéner les comptes du Trésor, sont nombreux contre la posture des partis de la majorité sur ce PLFC 2018. Car l'opposition estime qu'en «se rebellant contre la TVA sur les voitures montées localement, les partis de la majorité confirment le malaise profond qui prévaut dans le sérail pour reconduire le statu quo, à la veille d'une présidentielle voulue comme une simple formalité». L'opposition estime encore que «les procédures qui se trouvent dans ledit projet consacrent le recul concernant les acquis d'un Etat social» et enfonce le clou en relevant que l'actuel gouvernement a consommé un cuisant échec sur le plan social et, pire, n'a aucune vision d'avenir pour le pays face à la crise financière. Bref, l'opposition, qui a déjà refusé de voter pour la LF2018 estimant qu'elle est porteuse de graves dérives sur le plan social et menace le pouvoir d'achat des Algériens avec une série de mesures fiscales impopulaires, n'est pas prête à cautionner la démarche économique du gouvernement Ouyahia, selon lequel le recours au financement non conventionnel de l'économie nationale pour éviter l'endettement externe est «un acte courageux». Du côté de la majorité parlementaire, le PLFC 2018 est passé normalement, mais avec la suppression de l'article préconisant l'introduction de la TVA sur le chiffre d'affaires des constructeurs automobiles. Le bras de fer entre l'opposition et la majorité parlementaire a donc tourné, fatalement, à l'avantage des partis du pouvoir. Une issue qui donne la pleine mesure des rapports de force entre les partis, à moins d'une année de la prochaine présidentielle. Et, surtout, de l'attente de tout le microcosme politique national quant à une candidature du président Bouteflika à un 5e mandat, après les appels solennels du FLN, du RND, du TAJ, de l'UGTA et du soutien déjà annoncé du MPA. Il n'y a plus de suspense, le seul qui demeure a trait à la décision de M. Bouteflika lui-même. D'autant que les soutiens de dernière minute ne tarderont pas à se faire connaître, et, du coup, la présidentielle d'avril 2019 n'a plus de 'saveur'', car si jamais le président Bouteflika, à 82 ans, annonce officiellement sa candidature pour succéder à lui-même, il n'y aura plus ni course électorale, ni enjeux, ni élections qui vont retenir l'attention de l'opinion publique. Le système politique actuel est tellement verrouillé sur les principaux partis du pouvoir qu'il est quasiment impossible qu'un concurrent potentiel ait une quelconque chance de remporter l'élection présidentielle de 2019. Donc le climat morose dans lequel s'est déroulé le vote pour le PLFC 2018, concocté officiellement pour lancer des projets de développement local, donne une idée sur l'inexistence dramatique d'une vraie vie politique qui peut mener vers, tout simplement, l'alternance au pouvoir.