Finalement, il n'y aura aucun répit dans le rythme démentiel de la pression fiscale imposée autant aux citoyens qu'à l'économie nationale par le gouvernement. Beaucoup avaient cru naïvement que l'exécutif allait revoir sa copie dans le sens d'un apaisement de la pression fiscale et en même temps trouver de nouvelles sources de financement sans raboter plus que nécessaire sur le budget des ménages. Il n'en fut rien et, à bien des égards, la mouture révisée est plus implacable que la première, avec des hausses de taxes jamais enregistrées jusque-là. Certes, le président Bouteflika avait demandé à son gouvernement de revoir ce projet de loi de finances complémentaire (PLFC) pour 2018, dans le sens d'une baisse de la pression fiscale sur les citoyens. Mais, il semblerait, au vu de la seconde copie du PLFC 2018, que les attentes du président n'aient pas été totalement satisfaites. D'autant que le souci majeur dans les circonstances actuelles est de maintenir, en prévision de la prochaine présidentielle, cette fragile paix sociale, bousculée par à-coups par des éruptions du front social. Ce PLFC 2018 contient ainsi des hausses de plus de 315% des taxes sur certains documents, dont le passeport ou le permis de conduire, alors que la TVA pour la lucrative activité du montage automobile en kits importés ne sera que de 9%! Les citoyens ont le droit de penser qu'ils sont persécutés durant la même année par une pression fiscale injuste et injustifiée au regard des autres gisements fiscaux sciemment désertés par le gouvernement qui joue sur des marges qui rapportent au Trésor, mais souvent sans contrepartie, si ce n'est d'exacerber inutilement le front social. Car si l'exécutif, qui a approuvé cette seconde mouture en vue de la présenter prochainement en Conseil des ministres pour être ensuite déposée sur le bureau de l'APN pour adoption, avait voulu faire un cadeau en termes de fiscalité aux Algériens, il aurait pu éviter une telle pression à ce moment précis de remontée remarquable du prix du brut. Mais non, le Premier ministre a ses vérités et sa démarche qui change entre deux textes de loi. D'abord, Ouyahia avait dans sa dernière conférence de presse souligné que les prix de pétrole se redressaient, et donc que la situation des finances du pays est en nette amélioration, en plus du recours au financement non conventionnel. Ce qui devrait en théorie, mais en théorie seulement, inciter le gouvernement à ne pas étrangler plus qu'il n'en faut le pouvoir d'achat des travailleurs qui n'ont pas eu droit à des hausses salariales depuis au moins trois ans. Ce qui est étonnant dans la démarche du Premier ministre est que pour justifier les nouvelles hausses des taxes contenues dans la copie révisée que le Conseil de gouvernement avait validée mercredi dernier, il est retombé dans son alarmisme, justifiant ces hausses de taxes ciblant directement le contribuable par 'les difficultés budgétaires causées par la baisse du prix du baril du pétrole» (sic). En réalité, le gouvernement Ouyahia, que l'on ne peut soupçonner de manque d'intelligence ou d'absence de vision à moyen terme, n'a pas eu le courage de trouver d'autres gisements fiscaux pour le financement du Trésor. Mais, il poursuit, ce faisant, sa politique d'austérité en augmentant les taxes impopulaires. Politique suicidaire ? Pas tellement, antisociale, sûrement. Et il ne s'en est jamais caché, d'ailleurs. Faut-il dès lors croire que le blocage de la première mouture du PLFC 2018 par le président Bouteflika était un réel faux espoir pour les prochains électeurs qui avaient cru naïvement que l'Etat pense à eux ?