Devenus un enjeu électoraliste, les harraga en Italie font l'actualité à chaque débarquement sur les côtes de la Sardaigne. Dans l'après-midi de lundi dernier, l'embarcation transportant 12 migrants clandestins algériens, dont la présence a été signalée par un hélicoptère, a été arraisonnée par les garde-côtes italiens, à 12 milles de l'île de Toro, à Sulcis. Les harraga ont été transférés au centre du département des opérations de Roan pendant que le navire était saisi. Cette question avait déjà impliquée Mauro Pili, député et fondateur d'Unidos, le mouvement de libération du peuple sarde qui avait interpellé le ministère de l'Intérieur sur ce qu'il appelle «le nouveau débarquement criminel sur les côtes de Sulcis». «La route algérienne-Sulcis est de plus en plus la porte d'entrée des délinquants algériens et pas seulement» en qualifiant le couloir maritime reliant l'Algérie à la Sardaigne. Pili évoquait, à titre d'exemple, l'arrestation d'un clandestin algérien, débarqué à Calasetta, une commune située dans la province du Sud-Sardaigne, sur l'île de Sant'Antioco, identifié comme étant un fugitif, recherché par la police. «Ce trafic de criminels doit cesser», a notamment déclaré Pili qui indique qu'après avoir déjà dénoncé, ces dernières semaines, «le débarquement des terroristes», il confirme qu'il y a un plan pour noyer la Sardaigne de «criminels de toutes sortes». Pili affirmait que ces vagues d'immigration clandestine sont orchestrées par une organisation criminelle qui gère le passage de ces hommes. Il s'interrogeait alors sur le rôle des hommes politiques italiens en balayant d'un revers de la main l'hypothèse qui veut que la route entre l'Algérie et la Sardaigne soit occasionnelle et autogérée. Sur le plan politique, et au niveau de la Chambre des députés, les deux parlementaires sardes, Ugo Cappellacci et Pietro Pittalis, ont proposé un texte de loi pour freiner le phénomène migratoire en provenance des pays nord-africains. La proposition, qui a reçu l'avis favorable de l'exécutif, a été approuvée avec 382 voix pour et 11 contre. Ils ont dénoncé, à ce propos, une arrivée quotidienne de personnes «qui ne fuient aucune guerre, mais tout au plus leur pays d'origine». Dans le document signé par Cappellacci et Pittalis, une invitation au ministère des Affaires étrangères à «signer un accord avec Alger pour enrayer les départs vers les côtes sardes». L'ancien président de la région de Sardaigne, en poste de 2009 à 2014, et membre de Forza Italia, Ugo Cappellacci, avait déjà interpellé, la semaine dernière, le gouvernement italien à intervenir dans le dossier des harraga après la énième arrivée, sur la côte sud de la Sardaigne, de 35 immigrants clandestins d'Algérie. «Les débarquements d'immigrants illégaux sur l'axe Algérie-Sardaigne sont une urgence nationale», déclare l'homme appelant à «une intervention décisive du gouvernement». Pour rappel, le très controversé ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a annoncé sur son compte Twitter son intention de se rendre, prochainement, en Algérie, Tunisie et au Maroc. Sans pour autant préciser la date de son voyage ni l'ordre du jour, il est aisé de deviner le contenu des dossiers bilatéraux à traiter dont la très épineuse question de l'immigration clandestine. Un cheval de bataille de la coalition entre la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles, au pouvoir en Italie depuis mai dernier, dont le programme commun, hostile à l'immigration, prévoit l'expulsion de 500.000 personnes en cinq ans et la fermeture des frontières aux migrants. Les harraga algériens font depuis quelque temps l'actualité en Italie et particulièrement dans la région de Sardaigne avec la montée au créneau des politiques issus du parti de Berlusconi, Forza Italia.