Recep Tayyip Erdogan, Vladimir Poutine, Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont retrouvés avant-hier samedi à Istanbul pour tenter de trouver une solution au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011 et de sauver la fragile trêve en place dans la province d'Idleb. L'on retiendra que les participants à cet inédit sommet ont convenu qu'il faut tout faire pour préserver le fragile cessez-le-feu intervenu dans la province d'Idleb qu'a rendu possible l'accord négocié entre Ankara et Moscou et qu'ils ont conjointement appelé à la création d'un comité constitutionnel pièce maîtresse du processus politique devant permettre le règlement du conflit. La rencontre d'Istanbul sur la Syrie constitue assurément une avancée dans le sens où elle a permis de constater que les pays ayant pris part et sont acteurs agissants sur la question syrienne ont esquissé la volonté d'agir en coopération en vue d'une résolution du conflit autrement que par la voie de la confrontation armée. Ce qui il y a peu paraissait improbable tant leurs visions respectives sur celui-ci leur dictaient des prises de positions et interférences incompatibles avec l'objectif qu'ils ont assigné à leur rencontre d'Istanbul. Le sommet d'Istanbul n'a certes pas permis à Moscou, Ankara, Berlin et Paris de surmonter toutes les divergences qu'ils ont sur le dossier syrien mais il autorise tout de même à considérer qu'il est possible d'entrevoir enfin une solution négociée au terrible conflit qui a ravagé la Syrie. Ce qui aurait été une certitude n'eût été l'absence à ce sommet des deux autres acteurs agissants que sont les Etats-Unis et l'Iran. Les Etats-Unis sous la houlette de Donald Trump sont déterminés à ne faire aucune concession qui conforterait le principe d'une gouvernance des affaires internationales de façon multilatérale comme semblent en avoir convenu les pays présents au sommet d'Istanbul. Leur refus d'y prendre part augure qu'ils ne sont pas prêts à cautionner les points d'accord qui se sont dégagés entre ces derniers et qu'il faut s'attendre à des initiatives de leur part visant à rendre caducs les objectifs qui y ont été fixés. L'absence de l'Iran est quant à elle à mettre au compte de Macon et de la chancelière allemande Angela Merkel qui ont conditionné leur participation à l'exclusion de ce pays de la rencontre malgré qu'il soit partie prenante de taille au conflit syrien. Son absence risque par conséquent d'être cause que le rapprochement qui s'est opéré à Istanbul ne produise pas les avancées tant attendues vers une résolution rapide de la question syrienne. Le sommet d'Istanbul risque de ce fait de donner lieu au paradoxe de voir Washington et Téhéran agissant de sorte que capote le processus politique que ses participants ont convenu de soutenir et de favoriser.