C'est la Loi divine à laquelle tous les humains sont soumis. Oran a perdu avant-hier l'un de ses meilleurs enfants, footballeur à l'ASM, enseignant et haut cadre de l'éducation durant plusieurs décennies. Hadj Mohamed Boukerche est le type même de self made-man qui, issu d'une famille pauvre mais digne, a gravi les échelons par son seul mérite. Personnellement, nous l'avons connu comme conseiller d'Otmane Abdelhak qui, avec Bendimered, a fait partie des pionniers de la presse en créant « la République - El Joumhouria » dans les locaux « d'Oran Républicain » début 1963. En dépit de ses nombreuses activités, il a lancé la rubrique sportive en rédigeant de nombreux articles, aux côtés des Pagon, Jawad, Abbes, Brahiti, Bensafi, Saim, Kacem Saâdoune Yahia, Mankour et Adjal, donnant un fameux élan et une grande notoriété à la rubrique sportive de ce quotidien. Ses premiers pas en football, il les a effectués à l'EMO avant de passer en catégorie cadette de l'ASM sur insistance des inoubliables Baghdad Aboukebir et Hadefi Hadj. Doué techniquement et très véloce, son premier match fut une grande réussite puisque, junior première année, il a été titulaire avec son coéquipier El-Kadiri et auprès de ses aînés, les frères Benatia, Belhadj, Benali, Sadou, Chalabi, Ouaddah, Hamida « moréno », Hamia, Bizizi et Yahia. Ce jour-là, il a inscrit un but décisif à Jorro, le grand gardien de l'AGSM et de la sélection d'Oranie. Grâce à une remarquable longévité, Hadj Boukerche a côtoyé plusieurs générations de footballeurs avec son club de cœur, l'ASM, qu'il a servie fidèlement. A 30 ans, pourtant encore en possession de tous ses moyens physiques, il a préféré laisser sa place aux jeunes, mais en assouvissant son amour du football au sein des équipes vétérans jusqu'à l'âge de 75 ans ! Sur le plan professionnel, ce fut une remarquable réussite. Instituteur, sa véritable vocation, il a gravi un à un les échelons de la hiérarchie de l'éducation, devenant inspecteur de l'enseignement, respectivement avec Hirèche Mohamed, Baki Boualem, Zerhouni et Chenini. Président de l'APW durant de nombreuses années, il a fait partie de la Délégation Spéciale avec le professeur Boudraâ, Safer Abdelkader et le docteur Djebbari, étant désigné d'office par ses pairs. Il a été également vice-président de la LOFA du temps de Hadj Abdelillah, Benzaoui Abdelkader, Benzellat Kouider et Ghalem Lahouari. Ayant parfaitement élevé ses huit enfants, tous universitaires, il est resté actif jusqu'à ces derniers mois, lisant beaucoup et surtout devenant « mouadène » d'une mosquée de son quartier, résultat d'un consensus des fidèles du lieu, séduits par son sérieux et sa sagesse. Au cours d'un entretien au mois de mai 2010, il a dit notamment : « Du côté de mes enfants, je suis tranquille. Lorsque je fais le bilan, je crois que j'ai eu beaucoup de chance, car le football m'a permis de côtoyer plusieurs générations. Je constate que ce sont les footballeurs qui sont mes véritables amis ». La prière du mort ce vendredi a eu lieu à la mosquée où il officiait, un émouvant signe du destin.