Le Congrès américain, à majorité démocrate, a adopté jeudi dernier son budget de 2019 qui exclut le Sahara des fonds d'aide au Maroc. Pour la première fois depuis 2014, Washington se désolidarise de Rabat dans les faits alors que traditionnellement le Congrès des Etats-Unis d'Amérique votait une loi budgétaire qui stipulait que les fonds destinés au Maroc doivent être rendus disponibles à l'assistance au Sahara Occidental. Un vote sur papier, s'il en faut, puisque le département d'Etat n'avait jamais avalisé cette disposition qui revient à reconnaître implicitement le statut de «puissance administrante» à Rabat. Le Congrès a ainsi consacré dans ce projet de loi un chapitre au Sahara Occidental, séparé de celui du Maroc, indiquant que les financements au titre de l'aide américaine à l'étranger seront accordés directement au Polisario. Même si ce texte de loi n'a pas encore été voté par le Sénat à cause du Shutdown, ni promulgué par le président Donald Trump, tout porte à croire que les States ont pris une autre direction concernant le dossier du Sahara Occidental. Un désaveu de plus pour le royaume qui assiste, malgré son lobbying effréné, à une série d'échecs diplomatiques sur fond d'une prise de conscience internationale à propos du droit du peuple sahraoui à disposer de son destin. Pour les Marocains, mauvais perdants du reste, cette décision a été rendue possible grâce à l'argent des Algériens versé à la fondation Kennedy qui milite activement pour faire incliner la politique des Etats-Unis en faveur du Polisario. Et même si Rabat s'entête à penser que ses intérêts aux Etats-Unis d'Amérique sont «tellement forts» qu'aucun haut responsable politique américain ne peut menacer sa position, dixit Omar Hilale, représentant permanent du Maroc à l'ONU, il n'en demeure pas moins qu'un nouveau vent souffle sur Washington. L'imprévisible président américain a clairement affiché son exaspération devant le peu de résultats affichés par la Minurso, déployée pour veiller au maintien du cessez-le-feu et permettre l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Son chef du Conseil national de sécurité, John Bolton, donnait le tempo à propos de ce changement de cap, affirmant que le temps était venu pour que la Minurso accomplisse sa mission. Les premiers clous du cercueil marocain ont été alors plantés par Bolton qui déclarait qu'il faudrait «penser au peuple sahraoui, aux Sahraouis qui sont encore dans les camps des réfugiés», ajoutant qu'ils ont «besoin de retourner chez eux et avoir une vie normale».