Oran, jadis grand berceau du football, est en train de perdre sa notoriété. Plus grave encore, l'espoir que le sport-roi renaisse de ses cendres s'amenuise au fil des années. Cette situation risque de prendre de fâcheuses conséquences à la veille des Jeux Méditerranéens. A ce rythme, c'est la représentativité d'Oran dans le gotha du football national qui est menacée. Bizarre pour une ville qui a donné les Miloud Hadefi, Freha, Hadj Beddiar, Abdelkader Reguieg Pons et tant d'autres grands joueurs. Aujourd'hui, pratiquement, tous les clubs oranais sont à la dérive, et il n'est pas étonnant de voir l'élite algérienne sans aucun représentant d'Oran. L'anarchie a « tué » le football oranais et envoyé au tapis de nombreux clubs. Un constat amer et incompréhensible pour des clubs représentant la deuxième ville d'Algérie. On a coutume de dire que ce sont les moyens qui déterminent les objectifs. Les clubs d'Oran ont-ils les moyens, surtout humains, de leurs objectifs ? Là est toute la question. Un très triste sort pour une ville connue par son extraordinaire passé footballistique. Autopsie d'une situation accablante en raison d'une médiocrité qui ne veut pas dire son nom, comme si Oran est devenue orpheline de ses hommes. Sinon comment expliquer l'exode des meilleurs talents oranais vers d'autres cieux ? Contrairement à ce que l'on croit, le volet financier ne semble pas être le principal paramètre de ce phénomène. Mais, c'est la bonne organisation de certains clubs du Centre et de l'Est qui les pousse au changement de clubs. En outre, il y a également le challenge sportif, avec des titres et des coupes, qui pèse sur la balance au moment du choix. MCO : marasme Le MCO, avec un passé élogieux, est devenu un club quelconque et flirte chaque saison depuis de nombreuses années avec la relégation. Les raisons ? Le Mouloudia d'Oran est certainement victime de l'incompétence de ses dirigeants. Compte tenu de l'engouement qu'il suscite, le MCO est devenu un centre d'intérêts personnels. Mais comme, « à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler les doigts », le grand club phare de l'Ouest est en train de récolter ce qui a été semé à son insu. Hier redouté et respecté par tous, le MCO a perdu sa grandeur pour devenir un club quelconque où n'importe qui fait n'importe quoi. Pourtant, le Mouloudia d'Oran, c'est un finaliste de la coupe d'Afrique des clubs champions, vainqueur de plusieurs titres de champion d'Algérie et détenteur de nombreux trophées de coupe d'Algérie et de coupe arabe. Le Mouloudia d'Oran, prétendu professionnel, est géré sans conseil d'administration, avec des personnes étrangères au club et qui imposent des changements ici et là. La problématique au MCO, c'est qu'on fait dans le bricolage avec des décisions irréfléchies qui s'avèrent, en fin de compte, dans l'intérêt de tierces personnes étrangères, et nullement dans celui du club. Cette situation a fini par se répercuter sur le vestiaire où le grand MCO est devenu, avec la complicité des dirigeants, otage de certains joueurs qui se distinguent par de graves faits d'indiscipline. Pourtant, le MCO c'est l'équipe du « Kaiser » africain et libéro de charme, Miloud Hadefi, de la tête d'or, Abdelkader Ferha, du goal volant Mohamed Ouanès, de Hadj Beddiar et la liste est très longue. La question qui se pose, c'est de savoir si les joueurs actuels ont conscience du maillot qu'ils portent, et si ces dirigeants connaissent le palmarès du club qu'ils dirigent ? On ne le répètera jamais assez, le MCO, par sa grandeur et celle de son public, a besoin de dirigeants compétents et des joueurs à la dimension de sa réputation et de sa notoriété. Ce ne sont pas les derniers remaniements opérés au sein de l'équipe qui sortiront le Mouloudia de son marasme, mais un véritable projet sportif à la dimension du club. ASMO : des erreurs de casting Chez le deuxième club d'Oran, la situation est beaucoup plus préoccupante au vu de son classement actuel en Ligue 2. Le clanisme et l'anarchie dans la gestion ont eu raison de l'histoire du club. Tout le monde est responsable de cette situation qui risque d'envoyer l'ASMO vers la DNA, une honte pour ce club tant vanté par la formation des jeunes et la qualité de son jeu. En effet, au niveau des catégories des jeunes, ce club a été souvent cité en exemple. D'ailleurs, de nombreux titres et trophées ont été conquis par les jeunes pousses asémistes. Néanmoins, cette politique de formation n'est plus la même, sans oublier que ces jeunes sont souvent privés de promotion en équipe fanion. Pourquoi cette indifférence et dans quel intérêt ? Le recrutement des joueurs et le choix des entraîneurs ne répondent à aucun critère. Aussi, si l'on croit certains dirigeants, il se passe des choses graves au sein de l'équipe. A onze journées de la fin du championnat, l'ASMO est sérieusement menacée par la relégation en DNA. Sur quelle base a-t-on engagé lesTameur (ex-CRBAO), Djafaili (ex-RCB), Ensaâd (ex-RCK), Benbelkacem (ex-CAB) ? Des joueurs de divisons inférieures et manquant totalement de compétition. Les responsables asémistes se sont mis dans une situation embarrassante car, avec un tel effectif où l'insuffisance technique est criarde, le maintien sera très difficile à assurer pour ne pas dire impossible, car il y a des signes qui ne trompent pas en football. C'est là où réside le grand problème de l'ASMO. Mais, comment est-on arrivé là ? Cette question mérite bien une réponse. Des supporters qui sollicitent Baba, président du MCO, à venir investir à l'ASMO, c'est que le club st arrivé à un point de non-retour. SCMO : le temps du bricolage Le Sporting de Medioni poursuit son bricolage. Les années passent et se ressemblent pour le SCMO qui n'arrive décidément pas à décoller. Par rapport à son histoire et à sa position dans le patrimoine sportif d'Oran, le Sporting devrait être dans l'antichambre de l'élite. Selon les dirigeants, c'est la crise financière qui est à l'origine de cette situation de stagnation. Mais, cela n'explique pas tout en raison de la facilité avec laquelle est géré le club. Une prise de conscience est plus que nécessaire, et les dirigeants actuels sont dans l'obligation de réagir pour restructurer le club à tous les niveaux, à moins que la confusion arrange certains intérêts. Ainsi donc, l'éclaircie n'est pas pour demain pour le Sporting de Medioni qui patauge dans l'anonymat sans que personne ne lève le petit doigt. Et pourtant, il s'agit de l'équipe des Cheraka, Arab, les frères Bouhizeb, Krimo, Douah, Ouanès transféré au MCO, Ali Cherif. En tout cas, l'histoire retiendra que le SCMO vit aujourd'hui ses moments les plus noires de son histoire. Car à cette cadence et avec une telle mentalité, le club ne sortira jamais de son malaise, à moins que de nouveaux investisseurs se manifestent et apportent leur contribution au Sporting. USMO : Mort à petit feu L'USMO est en train de mourir à petit feu. C'est le douloureux constat d'un club qui avait une grande renommée à travers l'Afrique du Nord grâce aux exploits des Baghdad, Gnaoui, Bouakeul, Bencherab, Nafi, Draoua, Tekkouk, Serradj, auxquels a succédé une extraordinaire phalange avec les Bendjahene, Boudjellal, Moussa, Fenoun, Lasni, Soualmia, Cheraka,Tahar, Larbi et Kechache, ces derniers étant les deux seuls survivants . Aujourd'hui, l'USMO est victime d'une indifférence qui étonne et inquiète le dernier carré des vrais unionistes. L'USMO n'intéresse plus personne, et le club est bien parti pour se retrouver en Régionale Une, alors, qu'en principe sa place est ailleurs, plus haut dans la hierarchie. La gestion approximative a fini par envoyer le club dans les profondeurs de l'Inter-Régions Ouest. Une calamité qui a débouché sur des résultats catastrophiques enregistrés depuis le début de saison. La crise financière et l'indifférence ont nui gravement à ce glorieux club des décennies 30, 40 et 50. L'USMO, ce club, qui a donné tant de joies à nos pères et grands-pères, ne mérite pas un tel sort. Qui viendra à son secours ? Il se dit que d'anciens unionistes, joueurs et dirigeants, vont réagir et tenter de limiter les dégâts. Mais, pour le moment, on ne voit rien venir. Si aujourd'hui, l'USMO patauge dans les profondeurs de la hiérarchie du football national, on doit dire que c'est parce qu'il y a une crise d'hommes à Oran. Un monument sportif en péril, ça doit pourtant interpeller quelques consciences ! RCGO - RCO : en voie de disparition Grand pourvoyeur de jeunes talents sous la houlette de Hadj Bridji Lahcene et Dalla Nour Eddine, le RCGO est en voie de disparition. Le fait d'évoluer en Régionale Deux, une division loin des feux de la rampe, a été préjudiciable au Raed qui a toujours donné de grands joueurs au MCO, l'ASMO et bien d'autres formations de l'Ouest. Ce club est également victime de négligence. Dans ce contexte, à noter que personne n'a osé organiser une réception en l'honneur des minimes du RCGO, pourtant finalistes de la coupe d'Algérie, ne serait-ce que pour motiver et encourager les jeunes. C'est le cas aussi du RCO qui risque de s'effacer de la carte tant le club a été délaissé par ses propres fans. Le RCGO et le RCO se sont engouffrés dans le creux. Et pourtant, ces deux clubs de quartiers populaires ont un rôle éducatif assez rare de nos jours. Aussi, si ces clubs venaient à quitter la scène footballistique, c'est toute une jeunesse qui va exploser aux maux sociaux. N'est-ce pas un paramètre important à prendre en considération ?