Nouredine Bedoui a constaté hier la remise en marche du haut-fourneau du complexe d'El Hadjar à l'arrêt depuis le 24 janvier dernier en raison des fortes inondations qui ont sévi à travers toute la wilaya. La wilaya de Annaba a enregistré du 24 au 26 janvier dernier 155 mm d'eau de pluie alors que sa moyenne annuelle de pluviométrie est de 1000 mm. «Il y a eu des rafales de vent de 90 km/h, des vagues hautes de 5 à 9 mètres, les oueds ont débordé, 6 sur 12 communes ont été totalement inondées (Annaba, El Bouni, El Hadjar, Sidi Amar, Oued Aneb et Chetaïbi», a fait savoir hier le directeur des ressources en eau lors de la projection des images montrant les nombreux dégâts enregistrés durant cette période. Les conséquences de cette catastrophe naturelle sont énormes. L'explication synthèse «il y a eu débordement de l'oued Seybouse parce que les eaux des oueds comme celles de Mehadja n'ont pas reflué vers la mer comme de nature ». Les pluies diluviennes ont submergé la ville et ses infrastructures. Conséquences d'une simple fatalité ? D'une erreur humaine ? Ou d'un laisser-aller ? Les réponses sont très souvent hésitantes, confuses, en tout cas, pas claires. Par contre, les dégâts, eux, le sont et même plus, ils sont désastreux. Le complexe d'El Hadjar en a pâti. Toutes ses unités ont été inondées. «Ce sont 270 moteurs électriques qui étaient sous les eaux tout autant que les parcs des matières premières et de stockage, les chemins et les galeries de câbles( )», nous a expliqué un responsable. Mises à l'arrêt depuis le 24 janvier, tous les ateliers se préparent à reprendre progressivement leurs activités respectives. Le haut-fourneau a été remis hier en marche en présence du MICLA et des ministres des Travaux publics et des Ressources en eau. En clair, les produits et matières agglomérées (PMA) ont été relancés hier et le complexe reprendra sa production le 10 février prochain. El Hadjar secouru «Nous pensons que nous allons récupérer le maximum d'équipements parce que nous avons arrêté toutes les machines avant que les eaux ne submergent les lieux», nous a dit le même responsable. Le complexe produisait depuis sa remise en fonction en 2017, 706.000 tonnes d'acier et de fer. «Nous comptons en produire cette année 850.000 t et sur le moyen terme 1 million de tonnes», a-t-il encore avancé. Le ministre des Ressources en eau a expliqué que «pour résoudre la problématique des inondations à El Hadjar, il faut un plan d'une vision durable». Il affirme pour cela qu'«il y a eu une évaluation financière et un plan couvrant de larges aspects en premier la protection des oueds, le curage des collecteurs, le renforcement des stations de relevage». Il estime que «les dégâts auraient pu être plus importants si Annaba ne disposait pas d'un bon réseau de stations de relevage, on va tout revoir avec des experts et procéder à la consolidation du programme d'urgence pour aller vers des opérations structurantes notamment au niveau des 6 communes affectées». Necib fera part de «priorités déterminées avec l'aide de l'Asal (l'agence spatiale)». Le ministre des Travaux publics et des Transports fera le parallèle avec des situations similaires à Arzew, Bethioua, Skikda pour dire qu'«il y a un plan pour contrer ces catastrophes naturelles». Zaâlane affirme qu'«aujourd'hui, c'est El Hadjar qui doit en bénéficier, 70 milliards de DA ont été consacrés pour les besoins des travaux publics, sans ça, les conséquences auraient été plus graves sur la wilaya et ses habitants». Il rappelle qu'il y a eu les mêmes inondations en 88, «le phénomène s'est répété cette année, Annaba est connue pour être menacée par les inondations et les glissements de terrain». Séraïdji a enregistré un glissement de terrain qui a provoqué la chute d'un pilon sur son téléphérique. «Il y a une expertise qui se fait à ce niveau, le téléphérique sera remis en marche dans les plus brefs délais», promet Zaâlane. Annaba patauge dans la boue Bedoui recadre les interventions en soulignant que «sur instruction du président, nous allons prendre toutes les mesures et mobiliser tous les moyens pour réhabiliter tout ce qui a été touché par les inondations». Il annonce la mis en œuvre d'un plan d'urgence «en deux phases, la 1ère déterminera les mesures d'urgence et sur le moyen terme après finalisation de toutes les études, la seconde verra des mesures exceptionnelles qui seront prises pour réhabiliter le complexe d'El Hadjar et toutes autres mesures pour le préserver parce qu'il est le cœur de l'industrie nationale». C'est sous une pluie battante que la délégation s'est rendue hier au complexe. Première halte, la salle principale des pompes de refroidissement du haut-fourneau qui était sous les eaux pendant plusieurs jours. La pluie continuait de s'abattre sur la ville et le froid était glacial. Le secteur de l'éducation a lui aussi 22 établissements scolaires qui ont été inondés. Le directeur de wilaya a expliqué aux ministres que «les secours n'ont pu intervenir qu'après la décrue des eaux, au fur et à mesure, on a secouru 13 établissements, puis 5 puis le dernier qui a repris les cours hier». Le lycée Mohamed Kloufi dans la commune d'El Hadjar a été noyé sous 1m 80 d'eau. Il a fallu 120 millions de DA pour remettre de l'ordre dans l'ensemble du secteur de la wilaya. «En principe, vous avez un tableau de bord pour que je puisse vous suivre», dira Bedoui au responsable qui lui présentait l'état des lieux après la catastrophe. «Quels sont vos besoins pour remettre de l'ordre ?», demande le ministre. «Nous avons besoin de 150 millions de DA», répond le responsable. «Vous les avez !», le rassure le ministre qui sera approché par des habitants des bidonvilles qui lui font part de «leur souffrance». Bedoui répond «vous savez que le président a donné instruction pour que tous les bidonvilles seront définitivement éradiqués». La délégation s'est ainsi rendue dans un quartier d'habitations précaires pour connaître les doléances des citoyens. La pluie n'a pas cessé de toute la journée. Annaba continue de patauger dans la boue et craint de revivre le même cauchemar de janvier.