Au moment où les Algériens demandent le départ du gouvernement et l'éradication du système de la gouvernance actuelle, les dirigeants en place exécutent un remaniement ministériel, à quelques semaines de l'échéance de leur mandat à la tête du pays. C'est une sorte de manœuvre qui n'a aucun sens, sauf celui de perdurer à la présidence. Un gouvernement de transition supposé à la charge de la gestion des affaires du pays, comme si l'Algérie sortait d'une guerre. Le peuple, pour sa part, considère cette opération comme une autre injure à sa volonté, un non-respect à son ambition et une négligence à son existence. C'est un non-événement que les Algériens regardent comme une déraison, une perte de temps et un gâchis d'énergie. Partout à travers les réseaux médiatiques et sociaux, ce changement de gouvernement est désigné de démarche inutile, bien que la transformation soit partielle par rapport à la constituante antérieure. Certains observateurs dénoncent les manipulations du pouvoir qu'ils qualifient d'obstination stérile qui va à l'encontre de l'opinion nationale. Ils prédisent, entre autres, une vie courte à cette composition ministérielle qu'ils décrivent de chétive, incohérente, insignifiante, médiocre et même de débile par rapport à l'enjeu essentiel de la crise en question. D'autres critiques politiques et économiques jugent les pratiques irréfléchies du gouvernement comme des infractions flagrantes à la Constitution qui régit la nation, des machinations opposées à l'appétence publique qui ne font qu'accentuer les tensions et compliquer la situation déjà emmêlée. Malgré la désapprobation totale du peuple de ce dernier acte des chefs, tout le monde estime le choix de ce personnel comme pauvre, sans charisme et sans dispositions d'influence capables de gérer la gravité du cas. De nouveaux visages, puisés dans les bas étages de la structure étatique, se voient brusquement propulsés à un rang administratif et diplomatique d'une importance capitale pour le devenir du pays. Des figurants sans expérience sincèrement requise par ces moments délicats, ni popularité espérée pour répondre à l'engagement impulsif de toute la population. Des éléments invités, volontairement, à participer à des manœuvres politiques diaboliques, contraires à la cause légitime du peuple pendant cette période difficile de son histoire. Des ministres installés sur postes à contre courant, sans titularisation, à la manière notoire de l'embauche des ouvriers par un employeur, dépêchés comme des saisonniers pour soutenir un Etat flou, déchu, indésirable par toute la population. Il est à rappeler que beaucoup de personnalités nationales, connues, compétentes et bien réputées dans les milieux populaires, ont refusé l'offre lorsqu'elles étaient sollicitées pour faire partie de l'équipe gouvernante. Ce n'est pas de la décence morale, ni de la conscience humaine ni de la loyauté honorable, de se joindre à un groupe de gérants autoritaires, dénigrant, par la même, le vœu exprimé par des millions de gens. Ce serait la honte de cautionner un parti répugné par tout un peuple. Toutefois, le peuple garde toujours ses positions dans la rue. Comme d'habitude, c'est dans les espaces publics que les manifestants répondent, à chaque fois, aux propositions provocatrices des décideurs. En effet, juste après l'annonce du nouveau staff gouvernemental, des attroupements importants étaient remarqués, la nuit, dans quelques villes du pays. Les voix élevées criaient toutes Y rouhou gaâ', ils doivent tous partir, c'est devenu le slogan inconditionnel du peuple. D'autres rassemblements ont tenu lieu, un peu partout, au lendemain de cette nouvelle inconsidérée. Les gros titres affichés à la Une' de tous les journaux déclaraient le déni du peuple à ses gouverneurs et le refus de toute forme de résolution, hormis celle de leur départ. *Ecrivain