Le fait le plus notable de cette fin de semaine est incontestablement la ♣mise sous mandat de dépôt de la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). Les faits: convoquée comme témoin par le tribunal militaire de Blida, Louisa Hanoune a été placée, jeudi dernier, en détention provisoire après plus de cinq heures d'audition par le juge chargé du dossier de Saïd Bouteflika et des deux généraux Toufik et Tartag, les trois hommes également incarcérés, dimanche dernier, pour «complot contre l'autorité de l'Etat et l'autorité militaire». Une arrestation inattendue de la cheffe d'un parti politique, députée depuis 1997, qui a démissionné dernièrement, et candidate aux trois dernières élections présidentielles, et qui suggère de nouvelles règles de jeu sur un échiquier où les forces en présence ne vont représenter, prochainement, qu'un seul camp en puissance. Hanoune derrière les barreaux, même provisoirement, devant certainement répondre aux accusations retenues contre Saïd, Toufik et Tartag, d'autres personnalités politiques de premier plan sont attendues au tribunal militaire de Blida. Ainsi, on évoque d'anciens Premiers ministres, d'anciens ministres et actuels présidents de partis politiques entre autres noms susceptibles d'être convoqués par la justice. C'est dire que Gaïd Salah a décidé de passer la deuxième et d'en finir avec ses adversaires supposés être les alliés des conspirateurs quel que soit leur profil. Le PT n'hésite pas à qualifier l'incarcération de son leader de «dérive gravissime» qui sous-tend «une volonté de mise au pas des militants et activistes par le pouvoir de fait». Mais quels que soient les véritables tenants de ce dossier, l'absence d'une communication responsable ouvre irrémédiablement la porte à toutes les spéculations et autres lectures, même biaisé, faute d'éléments d'information. Malgré le fait que les positions politiques de la femme ont été souvent sujettes à controverse, elle n'en demeure pas moins, au vu de son statut, une personnalité nationale et son incarcération devait au moins être suivie d'une explication de texte même si le dossier est au niveau de l'instruction. Et cette sous-traitance par des médias réputés proches du pouvoir contribue grandement à cette défiance, somme toute légitime, des Algériens aux informations données. Quels que soient le mobile ou les raisons cachées de cette détention, le peuple s'attend à ce qu'il soit informé, lui qui tout au long des 20 ans de règne du clan Bouteflika n'a eu droit qu'au fait accompli.