77 lettres d'intention ont été déposées par les éventuels candidats à l'élection présidentielle prévue le 4 juillet prochain, dont celles de trois chefs de partis politiques, à savoir l'Alliance nationale républicaine (ANR), le Front El Moustakbal (FM) et le Front algérien pour le développement, la liberté et l'équité (FADLE), à moins de 24 heures de l'expiration du délai pour le dépôt de la déclaration de candidature à la présidence de la République auprès du Conseil constitutionnel. Une élection qui partage les forces politiques entre soutien à la solution constitutionnelle, report de la date jusqu'à la réunion des conditions physiques appropriées pour l'organisation du scrutin, et les partisans d'une période de transition en excluant les figures du régime de Bouteflika. Sans grande surprise, les formations de ce qu'on appelait « l'alliance présidentielle » adhèrent ouvertement à la feuille de route de l'état-major de l'ANP et l'option de l'élection présidentielle. Le FLN a ainsi exprimé son soutien à la solution constitutionnelle affirmant que « les propositions conjoncturelles et les initiatives creuses, notamment celles qui visent à aboutir à un vide constitutionnel ne sont pas susceptibles de réaliser les aspirations du peuple ». Le RND, pour sa part, s'est dit convaincu de la « nécessité d'organiser la présidentielle afin de sortir de la conjoncture actuelle et entamer une phase de réformes radicales sérieuses ». Quant au MPA de Benyounès, il a dit soutenir une solution politique dans la cadre de la Constitution pour « éviter au pays de graves conséquences hypothéquant son avenir » à travers l'organisation d'une présidentielle et en mettant en place des mécanismes indépendants pour garantir son déroulement dans la transparence. TAJ a développé le même argumentaire, affirmant que l'approche constitutionnelle est « la meilleure solution pour sortir de la crise ». Le FM dont le président est candidat à la présidentielle, a carrément souligné le côté négatif d'une phase de transition alors que l'ANR, l'autre parti dont le premier responsable est lui aussi candidat pour le 4 juillet, s'est déclaré en faveur de la « solution constitutionnelle et électorale ». Dans le camp de l'opposition, on croit en revanche que l'organisation de la présidentielle est actuellement « impossible politiquement et techniquement ». Le MSP, dont le président Mokri, présent jeudi à Oran, où il a déclaré son scepticisme de voir l'élection se dérouler à la date prévue, est favorable à son report de six mois, proposant la désignation d'un « président de consensus pour diriger une période de transition jusqu'à l'élection d'un président de la République ». Le PT, dont la SG est toujours incarcérée dans la prison de Blida, a proposé sa sortie de crise à travers « l'élection d'une assemblée constituante souveraine » et l'élaboration d'une nouvelle Constitution. Le FFS qui partage la même vision d'une assemblée constituante, a plaidé pour un dialogue par le biais d'« une conférence souveraine, un pacte politique, une convention nationale de suivi et de contrôle de la transition ». Talaie El-Houriyate, pour sa part, souligne « l'absence du moindre accord » sur la préparation, l'organisation et le contrôle de la tenue de la présidentielle à l'échéance fixée. Rappelons que Gaïd Salah avait demandé d'accélérer la mise en place de la commission de surveillance des élections. Le parti politique de l'ex-chef du gouvernement, Ali Benflis, a préconisé un dialogue national, qualifié d'« urgence absolue » pour sortir avec une « feuille de route assurant au pays une continuité institutionnelle transitoire jusqu'à l'élection du prochain président de la République ». Plusieurs autres personnalités nationales avaient appelé l'état-major de l'ANP à reporter l'élection, à nouer le dialogue avec l'opposition et les représentants du Hirak et privilégier une période de transition, demandes refusées catégoriquement par Gaïd Salah.