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Edification de l'Etat : chemin à parcourir
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 04 - 07 - 2019

«Si un peuple a les seuls gouvernements qu'il mérite, quand mériterons-nous de n'en avoir pas ?» Paul-Jean Toulet.
Le monde entier rend hommage au peuple algérien pour son civisme, son courage, sa dignité, et sa détermination dans son mouvement pacifique pour l'instauration d'un Etat de droit et d'une république démocratique, ce qui fait dire que ce peuple attend plus de qualité et d'efficacité de ses gouverneurs et mérite d'en avoir...
En règle générale, ces gouverneurs, ou responsables politiques devraient s'efforcer de rendre leur environnement plus prévisible et incontestable dans le cadre de la consolidation de l'Etat de droit et de développement. En effet, l'édification d'un Etat au sens propre du mot se fait à partir de l'existence réelle de ces gouverneurs et de la construction d'un cadre institutionnel irréprochable et édifiant. A travers l'histoire de la pensée politique, cela a toujours été le but des hommes d'Etats qui ont pu fonder de vraies « plates-formes »institutionnelles et former des hommes politiques pour éclairer les chemins politiques des Etats. Cela est considéré comme une étape essentielle de la civilisation dans la mesure où les institutions peuvent permettre aux compétences d'individus d'améliorer leurs capacités à maîtriser l'environnement politique, économique et social.
Ainsi, la source profonde des institutions se trouve dans les tentatives des humains de structurer l'environnement pour le rendre plus prévisible, même si cela génère encore plus d'incertitudes pour d'autres acteurs. La question qui se pose est celle de la construction de ce cadre institutionnel et du développement des compétences mises à la disposition des actions politiques.
En outre, la question du bon gouvernement signifie problème d'efficacité de l'action publique ou tout simplement problèmes à résoudre par la compétence sociétale. Dans un cadre qui présuppose l'existence d'un optimum et d'un équilibre, la gouvernance par l'action compétente est pensée comme levier essentiel pour corriger les défaillances existantes dans la société institutionnelle et sectorielle.
Dans le cas algérien, il s'agit de mettre en route un mécanisme permettant l'arrivée d'une manière légitime des individus compétents aux cercles de décisions politiques et la mobilisation du cadre institutionnel pour faire valoir les vrais acteurs dans l'élaboration des actions mutuellement satisfaisantes.
La nature du système « politico-institutionnel » qui pourrait être obtenue par la société algérienne et aussi le niveau de la pratique politique qui pourrait être atteint par l'Etat algérien,seront largement influencés par l'image que s'en feront les individus-compétents souvent engagés dans le processus de l'élaboration, de l'implémentation et de l'évaluation des politiques. C'est ainsi que les compétences politiques se traduisent par un ensemble« d'outputs d'institutions » déterminant la stabilité politique et économique. Il s'agit du moyen par lequel les institutions peuvent fonder les recueils politiques d'un « Etat laborieux ». Il en résulte la nécessité de la création d'une matrice institutionnelle qui oriente fortement les choix d'innovation et de développement.
Par ailleurs, au-delà des organes classiques du gouvernement institutionnel, gouverner par les compétences est un chantier fonctionnel qui concerne l'efficacité des formes de coordination, de pilotage et de direction des secteurs, des groupes et de la société. Il est clair que dans le domaine de la politique, la question de la gouvernance par le savoir et la compétence est liée à celle du gouvernement institutionnel et notamment à celle de sa qualité.
L'Etat est censé être à la fois une construction institutionnelle et une fondation de compétences, ce qui explique avec ces éléments importants son rôle majeur dans la régulation de la société. En effet, l'Etat peut paraitre comme une communauté de population, fixée sur un territoire propre et possédant un pouvoir légitime et compétent d'où résulte pour l'élite considérée dans ses rapports avec cette population une puissance suprême d'action légitime, de bonne gouvernance et de coercition. Il s'agit de souligner ici que la double signification de la notion d'Etat correspond à un mode d'organisation sociale caractérisé par l'armature de la compétence de l'élite et à un ensemble d'institutions caractérisées par la détention du monopole de l'édiction de la règle de droit.
Le critère principal de l'Etat est donc celui du choix de l'autorité compétente, qui pourrait être un ensemble de pouvoirs séparés et rationnels sur tout le territoire. Cela signifie que l'Etat dispose de ce que l'on appelle « la compétence des compétences », c'est-à-dire qu'il est temps de laisser la tache d'élaboration des politiques aux stratèges et à l'élite... Lorsque cette souveraineté est exercée par un ensemble institutionnel fort et une élite stratège et bien formée, l'Etat sera surement performant dans ses actions.
L'Etat lui revient de défendre sa population et son territoire. A cette fin, l'Etat doit tout d'abord construire son cadre institutionnel basée sur la légitimité et par la suite permettre à sa « fine fleur élite » de jouer pleinement son rôle dans le processus de décision pour justement fonder l'Etat de droit qui répondrait aux aspirations de la société.
Une fois les institutions de l'Etat en place, elles devraient se caractériser avant tout par l'exercice des fonctions dites régaliennes concernant sur le plan intérieur l'édiction des normes positives (organisation des élections présidentielles transparentes, légitimation, législation, réglementation, action politique...) et la sanction de ceux qui les méconnaissent. L'exercice par exemple de ces fonctions suppose l'arrivée au pouvoir de bons gouverneurs et l'acquisition de ressources propres, qui sont prélevées sur la collectivité nationale par le biais de l'impôt et non du financement non conventionnel.
Pour arriver à conduire de manière efficace les structures d'un Etat, il s'agit de mettre en avant la notion d'ingénierie de gouvernement qui doit viser efficacement l'ensemble des outils, des techniques, des dispositifs et des savoirs mobilisés dans l'action politique. Ces derniers peuvent découler d'une démarche exprimée et intentionnelle de rationalisation des gouvernements et provenir de la compétence politiqueet de savoir-faire déjà utilisé ailleurs.
Il s'agit de permettre une remise en cause de la gestion politique et une restructuration de l'Etat face aux processus de différenciation interne, de développement intérieur et d'intégration qui pourraient justifier l'intérêt pour cette exigence de gouverner par l'institutionnel etla compétence.
Face au processus de démocratisation et de développement en Algérie, la construction du cadre institutionnel et l'attachement au modèle élitiste dans l'élaboration des politiques est indispensable pour l'édification de l'Etat. Dans ce cadre, la gouvernance classique, confrontée aujourd'hui à la complexité croissante de la société, qui ne voit plus comment dégager une normativité du vivre avec un confort politique et économique, doit se tourner vers ce que l'on appelle « l'institutionnalisation élitiste » de la gouvernance par plus d'action et de rigueur,ce qui fait dire qu'il n'y aurait pas de bonne gouvernance politique sans cadre institutionnel efficace et encadrement humain compétent. Cette gouvernance politique pourrait être la volonté d'améliorer « l'efficacité » de l'action politiqueà travers quatre façons :la première s'inscrit dans le processus de la valorisation du débat politique et public, la seconde consiste plutôt à vouloir augmenter la « productivité institutionnelle »,la troisième admet la valorisation de la démocratisation et de la transparence politique, tandis que la quatrième admet la valorisation de la compétence politique dans l'action publique.
Afin d'améliorer la gestion des affaires institutionnelles et politiques en Algérie, il s'agit d'axer aujourd'hui tout le travail politique sur l'organisation d'élections présidentielles conformes, transparentes et irréprochables pour gagner la confiance des gouvernés envers les gouverneurs, le bon choix des personnalités qualifiées et compétentes pour la gestion des affaires du pays, la contribution au développement d'une « culture politique conciliée » qui passe par la mise en place d'un système politique pérenne, l'amélioration des rôles des différents pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, la consolidation de l'Etat de droit,la modernisation des législations pour les rendre conformes aux dispositions institutionnelles conçues, l'amélioration du rendement politique, le renforcement et la modernisation de l'administration publique, le renforcement de toutes les structures institutionnelles en les dotant des ressources humaines qualifiées c'est-à-dire une meilleure adéquation entre les exigences des postes d'actions politiques et publiques et les qualifications des titulaires...
Enfin, l'ouvrage de Friedrich Hayek « Law, Legislation and Liberty » (Droit, législation et liberté) publié en trois volumes en 1973, 1976 et 1979 et considéré comme à la base du « Prix Nobel » (en 1974) d'économie et philosophie, préconise la tenue du cadre institutionnel afin d'essayer des politiques différentes et des moyens efficaces pour éliminer les solutions mauvaises. Cet auteur présente deux visions de la société, l'une fondée sur « l'ordre fabriqué », l'autre sur « l'ordre mûri ». A ces deux visions de la société correspondent deux visions, respectivement la législation ou le droit, et la compétence.
A partir de là, on peut mettre en évidence quelques conditions pour améliorer les performances du cadre institutionnel et des gouverneurs : bien comprendre d'où viennent les mauvaises performances ; bien connaître les sources de la structure institutionnelle pour pouvoir l'améliorer ; bien réunir les compétences et les connaissances dispersées pour parvenir à des améliorations avec des stratégies plus performantes ; bien mettre en place les institutions nécessaires et faire respecter efficacement les règles pour faire avancer sans cesse le processus de démocratisation.
*Professeur-Docteur en sciences politiques ; Docteur en droit ; Diplômé de troisième cycle en sciences économiques


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