La compagnie aérienne nationale Air Algérie a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 53 milliards de DA à fin juillet 2019, soit une augmentation de 5% comparativement à la même période de l'année 2018, a annoncé dimanche son PDG, Bakhouche Allèche, dans un entretien à l'APS. M. Allèche a, cependant, fait savoir que le réseau domestique «plombait» les résultats de l'entreprise du fait qu'il ne contribue qu'à hauteur de 10% au chiffre d'affaires, alors que presque la moitié (48%) de l'enveloppe globale de ses vols est consacrée à la couverture du réseau intérieur. «Contrairement à une idée répandue et fausse, nous avons toujours financé nos investissements sur fonds propres ou par recours à des crédits bancaires que nous avons toujours honorés», a-t-il poursuivi. «Ces dernières années, nous avons souffert de l'insuffisance des compensations financières qui nous sont dues par l'Etat au titre des sujétions de service public sur le réseau domestique», a-t-il relevé. «Je dis bien compensation et non pas subvention. En réalité, l'Etat subventionne l'usager et non pas la compagnie», a-t-il tenu à préciser. Invité à s'exprimer sur les raisons entravant Air Algérie à améliorer sa position sur le marché africain, M. Allèche estime que ce marché était »difficile» compte tenu de «la concurrence, l'importance des coûts d'exploitation et le pouvoir d'achat limité qui y sont associés». Ces facteurs «défavorables» sont aggravés, a-t-il poursuivi, par l'absence d'un trafic point à point important entre l'Algérie et l'Afrique en raison de la faiblesse des relations économiques et touristiques entre les deux parties. Concernant les projets de lancement par Air Algérie de nouvelles lignes notamment vers la Chine (Shanghai) et les Etats-Unis (New York), M. Allèche a répondu: «Sur le marché chinois, nous nous devons d'être tempérés». »En effet, les lignes long-courriers ont des coûts d'exploitation très élevés. Vous devez donc vous assurer de recettes importantes tout au long de l'année, notamment au niveau de la haute contribution (classe affaires et first) et du fret, ce que nous ne réussissons pas à faire pour différentes raisons», a-t-il argué. Il a indiqué qu'Air Algérie subissait sur le marché chinois une »concurrence indirecte» qui ne lésine pas sur les moyens pour offrir des services de haute qualité à leur clientèle, cela inclut les fréquences, les correspondances et les services à bord et au sol». De plus, il a estimé que «l'absence de flux touristiques sur ces lignes ne favorise pas leur développement et rentabilité». Pour ce qui est de la ligne Alger-New York, il a soutenu qu'Air Algérie avait déjà démontré ses capacités à exploiter des lignes vers le continent nord-américain, affirmant qu'elle était donc «prête» à se lancer sur ce marché, sous réserve d'une autorisation par les autorités aéronautiques américaines, qui conditionnent cet accord par l'accomplissement de certains préalables, dont l'audit de l'autorité aéronautique algérienne. Les structures d'Air Algérie sont toutes certifiées Le PDG de la compagnie a par ailleurs indiqué que les structures de maintenance de la compagnie sont certifiées par l'aviation civile, les constructeurs et les autorités étrangères. Il a souligné également qu'Air Algérie détenait depuis plus de dix ans le label de sécurité «IOSA», délivré par l'Association internationale du transport aérien (IATA). M. Allèche a, dans ce sens, jugé «infondées» les informations rapportées par certains médias faisant état d'»un manque voire d'une absence de contrôle technique des appareils d'Air Algérie». «Il est vraiment désolant de devoir répondre à de telles inepties, totalement infondées, qui portent gravement atteinte à l'image de la compagnie et à l'intégrité morale de l'ensemble des personnels et responsables concernés de l'entreprise, ainsi qu'à la réputation du pays et des autorités aéronautiques nationales», a-t-il regretté. «On se demande si ceux qui sont derrière cette désinformation sont conscients de la gravité de leurs propos ou sont-ils en service commandé au profit d'intérêts tiers.». La maintenance représente pour Air Algérie environ 20% des coûts de revient de ses opérations, avec une forte composante en devises. Selon les années, elle représente le 1er ou 2e poste de charges après le carburant, a-t-il précisé. Pour ce qui est du renouvellement de la flotte de la compagnie, il a indiqué qu'un plan d'acquisition-cession a été élaboré par Air Algérie et soumis au Conseil des participations de l'Etat qui l'a approuvé. «Dès que les modalités de financement de ce plan auront été arrêtées, nous lancerons les consultations auprès des constructeurs aéronautiques», a-t-il expliqué. La flotte d'Air Algérie comprend des Boeing, des Airbus, des ATR et un avion-cargo Lockheed, a-t-il noté. A une question sur le projet de création d'un «Hub» propre à Air Algérie, il a souligné que depuis le lancement des travaux pour la réalisation de la nouvelle aérogare d'Alger, Air Algérie avait commencé à se préparer et à construire un programme de vols sur le concept «Hub». Dans cette perspective, des études commerciales, des consultations avec le bureau d'études allemand «Lufthansa Consulting» ainsi qu'un »Benchmarking» ont été réalisés, selon M. Allèche. Cependant, il a relevé que la réussite du hub ne dépendait pas que d'Air Algérie, mais exigeait aussi certains mécanismes relatifs au transfert du flux passagers, des bagages et du fret, qui s'avèrent nécessaires et doivent être pris en charge par les services des structures aéroportuaires telles que la SGSIA et les services de la Polices aux frontières et des Douanes. Concernant le projet de construction d'un nouveau siège pour la compagnie, M. Allèche affirme que l'affaire « portée au niveau de la cour d'arbitrage international a fait couler beaucoup d'encre et a fini par donner raison à notre compagnie ». Selon lui, le projet a été relancé et est en «phase d'expertise», ajoutant que la réalisation «effective» sera «visible» dans quelques jours. L'Algérie est en situation de quasi «Open Sky» Selon le PDG d'Air Algérie, le ciel algérien est en situation de quasi «Open Sky» avec pas moins de 24 compagnies étrangères opèrent sur le marché algérien. «Certaines compagnies avaient décidé, d'elles-mêmes et pour des raisons qui leur sont propres, de quitter ou de ne pas investir le marché algérien à l'image de Swiss Air, Air Malta, MEA, Aeroflot, Austria, Brussels», a-t-il expliqué. «Rien que sur le marché Algérie-France, le pavillon français est représenté par cinq compagnies», a-t-il soutenu. Il a, dans ce contexte, affirmé qu'il «n'y avait pas de négociations en cours autour de l'Open Sky et que l'Algérie est liée à de nombreux pays par des accords aériens bilatéraux». Air Algérie ne détenait «ni monopole ni prérogatives de puissance publique en matière aéronautique», dit-il. Air Algérie «n'est pas en position dominante et même pas en position d'équilibre avec ses concurrents sur certaines destinations» (Europe et région MENA). «Aucune compagnie Low-Cost qui en a fait la demande n'a été refusée sur le marché algérien», a-t-il indiqué, ajoutant que trois compagnies de ce type, une espagnole, une française et une belge, exploitaient déjà des lignes vers l'Algérie. «La réalité est que les compagnies Low-Cost, pour le moment, ne se bousculent pas pour la pénétration du marché algérien car la clientèle de ce marché présente une typologie qui ne correspond pas vraiment au modèle économique de la majorité de ces compagnies», a précisé M. Allèche. Tarif des billets d'Air Algérie Les prix des billets d'avion sont soumis à la règle de l'offre et de la demande, mais surtout influencés par la concurrence, le facteur temps et le remplissage des appareils, a indiqué le PDG d'Air Algérie, Bakhouche Allèche. Interrogé sur les autres facteurs déterminant les tarifs des billets d'Air Algérie, il a cité «les choix personnels du client en termes de dates de voyage et d'achat du titre de transport». Ainsi, sur une destination donnée, le prix d'un billet acheté au mois de janvier diffère grandement de celui acheté durant les mois de juillet et août, a-t-il soutenu. Pour M. Allèche, les tarifs «c'est juste une question d'offre et de demande». Dans ce domaine, la comparaison, a-t-il poursuivi, «n'est vraiment pas raison, vous trouverez par exemple des billets sur le réseau intérieur français qui peuvent coûter plus cher qu'un Paris-New York». Il a également souligné que chez Air Algérie, la classe économique correspond à environ «dix tarifs pouvant aller du simple au double, voire triple pour un même vol, alors que sur d'autres compagnies, le nombre de tarifs peut dépasser la vingtaine». Réduction des effectifs non essentiels Concernant le sureffectif dont souffre Air Algérie depuis plusieurs années, il a expliqué qu'il s'agissait d'un «héritage propre à la compagnie mais, également et surtout, du mode de gestion sociale de l'ensemble du secteur public économique en vigueur depuis des lustres. C'est donc une réalité qui ne peut être ignorée ou balayée d'un revers de main». Cependant, la compagnie travaille sur «la réduction des effectifs non essentiels ou plutôt le non remplacement de certains départs en retraite», selon M. Allèche. «Avec le temps et la filialisation des activités connexes, je pense que nous réussirons à normaliser les choses», a-t-il estimé. Il a, à ce propos, relevé qu'Air Algérie était à un même niveau d'effectif que lorsque cette dernière exploitait 42 aéronefs, alors qu'aujourd'hui elle possède 56 appareils.