La compagnie Air Algérie compte conquérir le marché du transport aérien en Afrique en lançant de nouvelles dessertes vers des pays comme le Nigeria et l'Afrique du Sud, a révélé hier son PDG, Mohamed Salah Boultif, au cours d'une conférence de presse animée au forum du quotidien Liberté. L'orateur a imputé la régression de l'activité de la compagnie en Afrique à la faiblesse du taux de remplissage des appareils et donc à un problème de rentabilité. C'est dans cette vision que la compagnie nationale s'attelle à développer le trafic dit de «Sixième libert» (trafic de transit), en créant un hub au niveau de l'aéroport international d'Alger. Selon M. Boultif, le nombre de vols Air Algérie a enregistré une augmentation vers et à partir de pays africains, comme le Sénégal, depuis le début de l'année. A Dakar, les fréquences hebdomadaires sont passées de deux à cinq vols, a-t-il rappelé. Si la ligne Alger-Montréal enregistre un certain succès, ce n'est pas le cas de celle reliant Alger à Pekin, plombée par une faible rentabilité et une rude concurrence. Air Algérie table sur le flux des employés, environ 10 000, des sociétés chinoises chargées de réaliser des projets, comme la Grande Mosquée d'Alger, afin de donner un coup de pouce à la rentabilité de cette desserte. «Nous attendrons la fin de l'année pour prendre la décision de maintenir cette ligne ou de la fermer si elle continue à ne pas être rentable», a-t-il fait savoir, indiquant que des études de prospection sont en cours pour lancer des dessertes vers d'autres villes chinoises comme Shanghai. Quid d'une ligne Alger-New York ? Selon M. Boultif, la concrétisation de cet objectif dépendait de la signature d'un accord sur le transport aérien entre l'Algérie et les Etats-Unis.Engagées depuis 2003, les négociations entre les deux pays s'éternisent. Interrogé sur l'adhésion d'Air Algérie à l'une des trois plus grandes alliances aériennes au monde, M. Boultif a estimé que cet «important» projet figurait parmi les dix principaux axes du plan de développement adopté récemment par la compagnie pour la période 2012-2017. «Nous attendons de retirer les cahiers des charges pour adhérer à l'une de ces trois grandes alliances. Cela ouvrira des perspectives à la compagnie sur le marché international et contribuera au renforcement de sa compétitivité», a-t-il affirmé.Questionné sur l'ouverture du ciel algérien (open sky) aux compagnies à bas prix (low-cost), il a souligné que cette décision revient à l'Etat. Il a tenu à souligner que l'open sky devrait être basé sur une politique de réciprocité qui accorde les mêmes droits et devoirs à toutes les compagnies. «En appliquant l'open sky, Air Algérie doit bénéficier à l'étranger des mêmes avantages accordés en Algérie aux compagnies étrangères», a-t-il plaidé. Le conférencier a par ailleurs réfuté tout monopole de sa compagnie sur le marché du transport : «Il y a 20 compagnies qui desservent l'aéroport d'Alger. Entre l'Algérie et la France, 3 compagnies sont actives. Il n'y a aucun monopole. Au contraire, Il y a une large concurrence et une baisse des prix.» Air Algérie, argue-t-il, a concédé 171 promotions sur les tarifs des billets en 2011 : «Les prix varient, selon une gamme tarifaire, entre 228 et 500 euros.» Le PDG d'Air d'Algérie a démenti les accusations d'une association algérienne établie en France selon lesquelles il y aurait une «entente tacite sur les prix» entre sa compagnie et Aigle Azur. «Ce sont des affabulations», fustige-t-il. S'agissant du respect de la ponctualité fortement décriée par les passagers, l'orateur reconnaît que celle-ci s'est «dégradée» ces dernières années.«Cela est dû à des facteurs endogènes et exogènes liés à des carences dans la maintenance, l'assistance au sol, à des problèmes de sûreté, à l'arrivée tardive des équipages et au dépassement de l'heure limite d'enregistrement», a énuméré M. Boultif, estimant que la compagnie a consenti «des efforts». Globalement, la ponctualité a été de 65% au 1er semestre 2012 contre 47% en 2011, loin de l'objectif arrêté (70%).