Une chose est sûre, la fête religieuse d'El Mawlid Ennabaoui Echarif fait plaisir à tout le monde, grands et petits. La preuve en est, dès l'annonce de la date de l'événement, les rues et places publiques s'animent, les gens circulent, les revendeurs s'agitent comme d'habitude, en haranguant les passants. Les ruelles pittoresques de l'ancienne ville de Tébessa se muent en une foire commerciale à ciel ouvert, les étals s'accaparent peu à peu des espaces, la cour de la Victoire (ex Carnot) affiche complet, les produits exotiques offre un spectacle magique, encens, bougies multicolores, confiseries et autres babioles ressortent en l'occasion. Le vieux bâti en ruines fait office de gardien du temple, dégageant les senteurs d'un passé encore vivant. Officialisée sous l'empire ottoman, la célébration du Mawlid Ennabaoui, où les chants religieux, madh encensent la naissance de l'envoyé de Dieu, Mohamed (QSSL), louanges et invocations clamées par les poètes du malhoun, qui excellent pour rendre hommage à notre prophète. Le décor étant planté, les gens font leurs achats, pour préparer la fête, quelques jours auparavant. Quant aux enfants, ils sont là à longueur de journée à déflagrer les pétards, dans l'obscurité de la nuit, le ciel s'illumine, annonçant l'imminent avènement du Mawlid Ennabaoui, en grandes pompes, une célébration de plus en plus popularisée, par de nouvelles pratiques empruntées çà et là. Pendant ce temps-là, les achats se multiplient, des denrées alimentaires notamment, le repas du Mawlid doit être au goût de toute la famille, de préférence un couscous bien garni de légumes et morceaux de viande, d'autres optent pour d'autres variétés de pâtes, en se rappelant le Mawlid d'antan, fêté dans l'humilité et la convivialité. Sauf que le fameux poulet risque de gâcher les festivités, son prix a pris ces derniers jours son envol, une viande blanche autrefois désignée de viande du pauvre, moins chère et plus accessible aux nécessiteux. Faute de mieux, les petites bourses seront donc obligées de recourir à d'autres ingrédients culinaires, dans une conjoncture sociale morose, où il est difficile de joindre les deux bouts, des fins de mois ardues pour beaucoup de citoyens. Et la fête du Mawlid Ennabaoui vient à point nommé dérider quelque peu l'atmosphère générale ténébreuse de nos concitoyens, un rendez-vous où presque tous se sentent heureux, ne serait-ce que le temps d'une soirée, d'une Aâssida prise le matin, en petit déjeuner, enveloppée d'un zest de miel et saupoudrée d'une fine pellicule de Z'gougui, à la façon tunisienne !! Un Mawlid Ennabaoui des temps modernes, avec peut-être moins de charme, la nostalgie nous fait regretter quelques scènes de notre enfance, d'avoir perdu quelques repères de nos traditions. Enfin, Aïd Mawlid Ennabaoui Saïd à tous.