Les «concessions» annoncées jeudi par le ministère de l'Education nationale, qui s'est engagé dans un communiqué à prendre en charge toutes les revendications socioprofessionnelles des instituteurs du primaire, ont été accueillies avec une grande prudence par la coordination nationale des enseignants du primaire qui estime que cette réponse de la tutelle n'est pas à la hauteur des aspirations des instituteurs. L'insatisfaction domine encore chez les enseignants du primaire et leurs délégués parlent d'une «petite victoire au goût d'inachevé». La coordination, qui appelle toujours au maintien de la mobilisation de la base, n'a pas répondu pour l'instant au dernier communiqué du ministère de l'Education nationale. Une réunion est annoncée toutefois aujourd'hui (samedi 7 décembre en cours) pour consulter la base sur les mesures à prendre dans les jours à venir. Les délégués des enseignants du primaire dénoncent, par ailleurs, des «manœuvres des pouvoirs publics soutenus par des médias partisans destinées à étouffer le mouvement de contestation ». Les concernés affirment que les «prétendues concessions » de la tutelle ne sont en réalité qu'une «manœuvre visant à semer la division parmi les instituteurs du primaire ». Certaines mesures annoncées par la tutelle dans le communiqué de jeudi sont rejetées par les délégués et notamment l'application sans effet rétroactif des dispositions du décret présidentiel 14-266 de 2014 après « la modification et la complétion des dispositions du décret exécutif N° 08-315 d'octobre 2008 relatif aux personnels du secteur de l'Education ». Les enseignants du primaire veulent en effet des augmentations consistantes des salaires avec effet rétroactif. Le ministère de l'Education nationale a affirmé jeudi dans un communiqué qu'il « n'a ménagé aucun effort pour écouter les PEP et interagir avec eux en matière d'amélioration et facilitation de l'action pédagogique » tout en ajoutant que l'application des dispositions du décret présidentiel 14-266 de 2014 devra entrer en vigueur au plus tard le 31 mars 2020. Concernant l'unification des fiches pédagogiques, le ministère de l'Education a rappelé que « des équipes nationales spécialisées sont en cours de composition pour élaborer des fiches pour tous les niveaux d'enseignement en vertu d'une circulaire rendue publique le 2 décembre courant, des équipes qui seront supervisées par le Centre national des documents pédagogiques (CNDP), et encadrées par le Conseil national des programmes (CNP), l'Inspection générale de pédagogie (IGP) et la Direction de l'enseignement fondamental ». Les fiches en question devraient être exploitables, sur la plateforme numérique de l'Education nationale, à compter de février 2020. « Il est possible pour les PEP d'élaborer des fiches informatisées à adapter bien entendu aux spécificités de chaque groupe pédagogique», ajoute la même source, précisant que «nombre de fiches de remédiation seront disponibles sur la plateforme numérique à partir du 5 janvier 2020». Le ministère a promis de « rembourser les enseignants ayant dispensé, en dehors des heures officielles, des cours de soutien aux élèves souhaitant perfectionner leurs compétences notamment ceux de fin de cycle primaire ». La tutelle a fait état aussi de « la régularisation de la situation des professeurs formateurs en continuant à adopter le système de promotion automatique aux grades de professeur principal et professeur formateur dans les trois paliers d'enseignement ». Parmi les mesures prises au profit des enseignants, la tutelle a promis de procéder à « la régularisation de la situation des professeurs n'ayant pas finalisé leur formation en 2008 et 2012, et celle des professeurs adhérant aux grades en voie de disparition ». Quant aux revendications portant révision des programmes et curricula, et allègement du cartable, l'Education nationale annonce l'organisation d'une « large consultation » en y associant tous les membres de la famille éducative. Il est à noter que la plateforme de revendication de la coordination nationale des enseignants du primaire comprend « la consécration de l'équité entre les enseignants des trois paliers de l'éducation en termes de volume horaire et de classification et la révision des méthodologies d'enseignement, soit par l'introduction de la spécialisation dans le cycle primaire pour un enseignement de qualité répondant aux normes internationales ou bien par la refonte du programme scolaire ».