Des dizaines d'Algériens sont encore coincés en Turquie à cause de la suspension temporaire des liaisons aériennes entre ce pays et l'Algérie, pour contenir la propagation du Covid-19, a-t-on appris, ce jeudi, auprès de quelques voyageurs. Partis en voyage avant les premières mesures d'annulation des vols réguliers, entre la Turquie et l'Algérie, des foules de passagers de tous âges s'amassent dans le hall de l'aéroport d'Istanbul et ne parviennent pas à regagner le pays après que tous les vols vers Alger, Oran, Annaba et Constantine ont été annulés. Des Algériens nous ont contactés pour se plaindre de ces difficultés rencontrées, depuis mercredi dernier. «Nous sommes bloqués, depuis mercredi, à l'aéroport d'Istanbul ! Nous vivons un vrai calvaire car personne ne communique avec nous. Même le chef d'escale de cette aérogare n'a pas voulu répondre à nos sollicitations. Plus le temps passe, plus on se demande ce qu'il va advenir de nous !» relate Kamel Medelfef, un Algérois qui devait regagner la capitale le 20 mars, en compagnie de ses deux amis. « J'ai beaucoup voyagé et j'ai connu des désagréments mais pas comme ici ! Certains passagers dorment parterre, d'autres sur leurs bagages, c'est un vrai cauchemar ! Il y a aussi de nombreuses femmes avec leurs bébés, des enfants récemment opérés en Turquie et beaucoup de handicapés. Personne ne nous a aidés et le personnel de l'aéroport ne nous a pas apporté de l'eau et de la nourriture », ajoute Kamel, angoissé. Mercredi dernier, le Consul d'Algérie en Turquie est venu rendre visite à ces Algériens pour les rassurer mais ses promesses pour procéder à l'embarquement de ces passagers, ce jeudi, sont restées vaines, selon un autre voyageur algérois. «Les services de sécurité turcs nous harcèlent du matin au soir lorsque nous nous présentons aux responsables de l'aéroport pour faire des réclamations, et on ne sait pas comment va-t-on faire pour rentrer car il y a beaucoup de gens qui sont coincés ici ! Le responsable d'une agence a ramassé tous nos passeports et on attend avec impatience une solution, ici !» a-t-il indiqué. Par ailleurs, une vingtaine de citoyens algériens sont également bloqués à l'aéroport de Miami, aux Etats-Unis. «Nous sommes vraiment pris en otage à Miami après la suspension des liaisons des Etats-Unis avec l'Espagne, pour limiter la propagation du Covid-19. Nous sommes même allés au Consulat d'Algérie, à New York, pour nous aider à retourner vers l'Algérie. On est à court d'argent et on ne sait vraiment pas ce qu'on doit faire ! Nous lançons un appel urgent au président de la République pour qu'il nous envoie au moins un avion, en vue de nous rapatrier au pays !», a raconté Nassim Lagha, originaire de Hennaya, qui se trouve depuis 20 jours à Miami. Il faut rappeler, dans ce contexte, que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné mercredi soir, le rapatriement des voyageurs algériens bloqués aux aéroports, à l'étranger, a indiqué un communiqué de la présidence de la République, diffusé via l'Agence officielle. Jeudi dernier, 3 avions en provenance de Lyon, Casablanca et Orly (Paris) ont rapatrié plus de 400 passagers vers Tlemcen. Ils ont été orientés vers 2 hôtels pour leur mise en quarantaine pendant 14 jours, afin de préserver et protéger leur santé et celle de leurs concitoyens. Un important dispositif de sécurité a été déployé à l'entrée de ces infrastructures hôtelières. Un plan de rapatriement de 2.278 Algériens Par ailleurs, le ministère de l'Intérieur a annoncé la mise en place d'un «plan pour le rapatriement de 2.278 ressortissants algériens bloqués dans des aéroports, à l'étranger». Dans un communiqué publié jeudi, le ministère de l'Intérieur précise que le plan de rapatriement prévoit «9 vols», et que les ressortissants algériens «seront orientés vers des centres de mise en quarantaine pour leur prise en charge sanitaire conformément aux procédures en vigueur». Le plan a été élaboré par le ministère des Travaux publics et des Transports, en coordination avec les services et instances concernés, et approuvé par le Premier ministre. Selon la même source, ce plan concerne l'évacuation des ressortissants à partir des aéroports de Paris (04 vols): vers Alger (02), Constantine et Tlemcen, Marseille (02): vers Oran et Lyon: un seul vol vers Oran outre un vol de Casablanca (Maroc) à Tlemcen et un autre de Dubaï à Alger. Les centres de mise en quarantaine désignés sont : Matares (Tipaza), Renaissance et Zianides (Tlemcen), Hocine et Al Khayem (Constantine), AZ, Al-Mountazah et Al-Mansour Palace (Mostaganem) et Oasis (Alger). 742 voyageurs venus de Marseille en quarantaine Par ailleurs, le Ferry Tariq Ibn Ziyad a accosté jeudi au port d'Alger avec à son bord 742 voyageurs algériens venus de Marseille. Ils ont tous été mis en quarantaine pendant 14 jours à l'hôtel Mazafran. «Il s'agit du dernier voyage du ferry Tariq Ibn Ziyad, en cette période de pandémie», a indiqué le chef de Sûreté de la wilaya d'Alger, M'hamed Bettache, qui était en compagnie du wali d'Alger, Youcef Cherfa, et du directeur général du Port d'Alger, à l'accueil du navire. M. Bettache ajoute que ces citoyens «feront l'objet d'une prise en charge totale, en termes de restauration, d'activités de loisirs et de contrôle médical, assuré à raison de 2 fois par jour». De son côté, M. Cherfa a insisté sur l'impératif d'améliorer «les conditions d'accueil, en accordant la priorité aux familles, aux personnes âgées et malades», insistant sur l'importance de transporter immédiatement les passagers vers l'hôtel. Ces derniers ont subi un contrôle médical, a-t-on constaté. Pour faciliter le transport de tous les passagers dont 22 nourrissons, 13 enfants et une vingtaine de femmes, le wali d'Alger a affirmé que «51 autobus relevant de l'Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (ETUSA) ont été mobilisés pour les conduire, directement à l'hôtel», exprimant la disponibilité des autorités gouvernementales à «garantir davantage de moyens pour la sécurité des citoyens». Quant aux véhicules de ces voyageurs, le wali d'Alger a assuré qu'ils seront retenus dans un lieu «sûr» au niveau du parking du port d'Alger, et feront aussi l'objet d'assainissement et de désinfection».