Le gouvernement n'est plus très regardant en matière d'importation ? Oui, pour certains produits jugés ou devenus stratégiques. On pourrait, ainsi, croire à une contradiction entre le discours officiel des gouvernements, qui se sont succédé ces dernières années au Palais de la rue Docteur Saadane, jusqu'au dernier en date, qui n'en finissent pas d'opérer tour de vis sur tour de vis pour réduire la facture d'importation, et cette dernière décision de facilitation des opérations d'importation. Mais il n'en est rien. Il ne s'agit pas d'une contradiction mais d'une contrainte majeure et imprévisible. La pandémie du coronavirus a chamboulé tous les programmes économiques et toutes les politiques. Par ces temps qui courent, en effet, la seule politique qui tienne la route est celle liée à la lutte contre le nouveau coronavirus (Covid-19). Des mesures exceptionnelles ont été, ainsi, mises en place par la direction générale des Douanes algériennes, visant à faciliter et accélérer les opérations d'importation de marchandises très demandées dans cette circonstance mondiale, dont certains produits alimentaires dits de première nécessité et de large consommation, ainsi que les produits de santé et les équipements médicaux. Il s'agit à travers cette exception de répondre aux besoins des citoyens. Là, également, on pourrait déceler une contradiction dans le discours officiel, qui ne manque pas de souligner que les stocks alimentaires, notamment, peuvent répondre aux besoins des citoyens jusqu'en 2021, selon le ministre du Commerce, mais il n'y en a aucune quand on gère une période exceptionnelle, où tous les paramètres changent, parfois d'une seule journée à une autre. C'est une course contre la montre sur tous les plans, dans laquelle se trouve engagés le gouvernement, tous les gouvernements d'ailleurs. Du coup, on met de côté les politiques qui visent à réduire la facture d'importation. Mieux, on ouvre les vannes pour l'importation de certains produits. Des produits qui se trouvent, hélas, sous pression sur le marché mondial, puisque tous les pays souffrent et combattent le même mal. La décision des autorités algériennes, visant à faciliter et accélérer les opérations d'importation des marchandises et de leur enlèvement dès leur arrivée, sous réserve de s'engager à finaliser les formalités douanières ultérieurement, répond à une urgence soigneusement étudiée. A-t-on dans ce cadre pris au sérieux la récente mise en garde de trois organismes, la FAO, l'OMS et l'OMC, qui préviennent d'une crise alimentaire mondiale à l'ombre de la propagation de la pandémie du Covid-19 ? C'est possible, car l'alerte de ces trois organismes est à prendre très au sérieux et doit inciter les gouvernants à réagir rapidement, avant qu'il ne soit trop tard pour le faire. Parce que, dans leur rapport, ces trois organismes font état d'un déséquilibre créé par la pression de la demande mondiale, face à une rétention des stocks par les pays exportateurs, qui préfèrent se prémunir et assurer la sécurité alimentaire de leurs populations, plutôt que de vendre aux autres pays, qui conduirait inévitablement à un déficit des marchandises sur le marché mondial et provoquer une crise alimentaire sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Il y a lieu, donc, de lâcher la bride à l'importation, voire prendre les devants et acheter tout ce qui est encore disponible sur le marché mondial, pour renforcer les stocks alimentaires, déjà mis à mal par la frénésie des achats ces derniers jours, et en prévision d'une autre ruée sur les marchés à la veille du mois de Ramadhan, aussi importante que la première.