Guerre des morts, des masques et des chiffres ! Voilà le triste bilan de cette pandémie du siècle ! En effet, la Chine, foyer du Covid-19, est soupçonnée de cacher au monde les données réelles de la propagation du virus et, de l'autre versant, Donald Trump, pris de panique quant à l'ampleur du désastre à venir, accuse l'OMS de complicité, allant même jusqu'à lui couper la contribution financière américaine. Entre les deux mastodontes, les Etats européens restent sur le qui-vive. Mais quelle position ces derniers pourront-ils prendre quand ils se seront rendu compte, par exemple, que le grand loser dans cette crise serait, peut-être, la Chine elle-même ! Pour preuve, Pékin a récemment publié des chiffres qui donnent froid dans le dos : son économie a connu un repli de 6,8% sur un an au 1er trimestre de l'année en cours. Une situation catastrophique ayant causé la contraction de son économie et qu'elle n'avait pas connu depuis, au moins, l'établissement des statistiques trimestrielles au début des années 1990. Or, l'inquiétude des pays occidentaux monte d'un cran quand l'Empire du Milieu aurait annoncé un rebond spectaculaire du nombre de morts, après une période de stabilisation de presque deux mois. Une augmentation qu'il justifie par la non-comptabilisation des décès Covid-19 hors des hôpitaux. Le comble, cette annonce-surprise a été faite dans un timing diplomatique sino-américain serré, où nombre de théories «complotistes» vont bon train sur le Net et parmi les médias américains concernant les informations fournies par Pékin sur l'origine du virus et sur l'existence (réelle ou supposée) d'un laboratoire à Wuhan, lequel étudie prétendument le coronavirus chez les chauve-souris sans respect des protocoles de sécurité. Ce renvoi de balles n'a pas commencé à Washington, puisque, déjà, au mois de mars dernier, Zhao Lijian, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, aurait accusé l'armée américaine d'avoir apporté le virus à Wuhan. Ce dernier n'a fait que relayer, à vrai dire, une information de Zhong Nanshan, spécialiste chinois des maladies respiratoires et vétéran de la lutte contre l'épidémie de Sras (2002 - 2003), selon laquelle la source du virus responsable du Covid-19 n'est pas la Chine. Qui croire ? Qui démentir dans ce tumulte de déclarations contradictoires ? L'opacité étant à son paroxysme et le doute s'épaissit de jour en jour alors que la polémique prend les allures d'une guerre psychologique où seul Vladimir Poutine tient encore la défense de son allié stratégique, au demeurant détenteur à part entière du droit du veto à l'ONU. Mais est-ce le début de l'opération de «balisage des frontières» entre les puissants de ce monde, en vue de la construction d'une nouvelle carte des alliances ? Ou est-ce la confirmation de la théorie de «la fin de l'histoire et du dernier homme», propulsée au-devant de la scène médiatique, courant 1990, par un certain Francis Fukuyama, mais cette fois-ci en sens inverse, puisque les Américains sont, paraît-il, en chute ?