Quel crédit accorder à ces études et analyses de cabinets étrangers spécialisés dans l'évaluation du risque social et qui prophétisent cycliquement la catastrophe pour l'Algérie ? Des mouvements de protestation il y en a bien eu ces dernières années, très nombreux même, mais le pire a toujours été évité. Parfois, contrairement à ce qu'en pensent les concepteurs des études et analyses en question, c'est la protesta populaire, elle-même, qui a fait éviter au pays la calamité. Le Hirak béni est bien là pour prouver que le vaste mouvement de contestation populaire, qui tire sa sève d'un profond malaise sociale et politique, et qu'on peut assimiler à des troubles sociaux majeures, a fini par sauver le pays d'une dérive qui lui aurait été fatale. C'est durant ces années d'incertitudes, avec un président malade et une faune de prédateurs qui tournaient autour, et qui ont opéré une véritable OPA sur le pays, que les études se sont faites plus insistantes et plus affirmatives quant au chaos qui guette l'Algérie. Même si l'on sait pertinemment que certaines études étaient tendancieuses, pas du tout innocentes, on ne pouvait pas douter de la justesse de vue qui prédisait la catastrophe en Algérie, durant le quatrième mandat de l'ex-président Bouteflika notamment. La majorité des Algériens eux-mêmes partageaient le même sentiment de désespoir et d'un avenir sombre. Déjouant tous les mauvais présages, l'Algérie a évité de sombrer dans le chaos et a même élu un nouveau président le 12 décembre. Etait-ce la fin de ces prophéties annonciatrices de cataclysmes sociaux avec cette nouvelle ère entamée par l'Algérie ? Que non. Car le Covid-19 est arrivé pour donner de l'eau au moulin aux études de mauvais présages. Selon un récent rapport du cabinet britannique spécialisé dans la gestion de risques Verisk Maplecroft, il y a lieu de craindre l'éclatement de troubles sociaux majeurs, sans précédent, avant la fin de l'année en cours à travers 37 pays, dont l'Algérie et l'Egypte. L'étude du cabinet en question se base sur la fragilité des économies de ces pays, aggravée par la pandémie de Covid-19, accentuant le chômage et les problèmes socioéconomiques qui en découlent. Il suffit d'une étincelle pour déclencher des troubles sociaux de grande envergure dans ces 37 pays, particulièrement dans les pays subsahariens, les plus exposés aux troubles de par les poches de pauvreté qui vont s'élargir et provoquer une crise alimentaire, indique le rapport. Doit-on croire qu'il s'agit d'un rapport alarmiste ou peint-il une réalité à laquelle il faut s'attendre ? L'avenir n'est pas seulement incertain pour ces 37 pays mais, à quelques exceptions près, pour tous les pays de la planète. Et, il serait plus utile de prendre au sérieux ce que dit ce rapport afin de parer au plus pressé face à d'éventuels troubles sociaux. Non pas en méditant sur les moyens de répression des populations mais de gérer au mieux la situation dans le sens d'un apaisement de leurs souffrances et éviter le pire.