Maintenant que la date de la rentrée scolaire est connue, le 21 octobre pour le cycle primaire et le 4 novembre pour les cycles moyen et secondaire, le véritable défi se pose en termes d'application du protocole sanitaire dans la durée. La décision prise lors du dernier Conseil des ministres, réuni sous la présidence de M. Abdelmadjid Tebboune, et qui reste soumise aux prérogatives du Comité scientifique pour examiner et revoir la situation concernant cette rentrée scolaire inédite, n'aborde pas ou ne divulgue pas tous les aspects préventifs sur le plan sanitaire contre le risque de propagation du coronavirus. C'est à peine si on souligne la prise en ligne de compte de la garantie du transport scolaire pour les élèves et l'ouverture des cantines scolaires, et ce après consultation des partenaires sociaux et des associations de parentes d'élèves et autres «strict respect des conditions d'hygiène conformément au protocole sanitaire », qu'une impérative «désinfection des établissements scolaires 72 heures avant la rentrée et le port du masque pour le cycle secondaire». Bien sûr, le communiqué du Conseil des ministres souligne que la santé de l'élève est au centre de tout intérêt et de toutes les priorités, mais cela ne semble guère tranquilliser les syndicats et les parents d'élèves. Les partenaires sociaux ne peuvent pas faire plus que de proposer des solutions, qui nécessitent une application de la part des pouvoirs publics, entre les mains desquels se trouve la maîtrise «matérielle» pour surmonter les difficultés de cette rentrée scolaire 2020/2021. Le porte-parole du Cnapeste, Messaoud Boudiba, joint hier au téléphone, tient à insister sur le grand défi d'accueillir dans des conditions sanitaires très menaçantes, malgré la décrue des cas infectés au Covid-19 enregistrée ces derniers jours, quelque 10 millions d'élèves et près d'un million de fonctionnaires. Concernant les mesures sanitaires préventives, notre interlocuteur relèvera qu'au vu de la surcharge des classes, qui ne permet pas d'appliquer la distanciation physique, le recours aux groupes est indispensable, et qu'il faudrait dans ce contexte mettre à disposition de l'école tous les moyens matériels nécessaires, dont l'exigence de l'ouverture de nouveaux postes budgétaires pour renforcer le personnel à tous les niveaux de fonction, en particulier dans le domaine de l'enseignement. Notons que le communiqué du Conseil des ministres, s'il a évoqué l'obligation du port du masque pour les élèves du secondaire ou encore les impératifs liés à la réorganisation des cités universitaires et éviter la surcharge notamment au niveau des amphithéâtres, et ce au vu de la situation sanitaire due à la propagation du Covid-19 (la date du 15 novembre a été retenue pour la rentrée dans le secteur de la formation professionnelle et la date du 22 novembre 2020 pour la rentrée universitaire), n'a pas dit mot sur ces volets relativement à la rentrée scolaire. Les syndicats ne le disent pas, mais il serait très difficile de maîtriser la base dans le cas où il n'y aurait pas de renforcement de l'encadrement. On constate que les enseignants ne sont pas près de travailler les samedis ou d'assurer un emploi du temps double avec le très probable recours aux groupes ou le travail avec des groupes réduits d'élèves. Ce qui est plus désolant encore, c'est le fait de relever que la tutelle n'a pas cru bon de discuter avec les représentants des syndicats au sujet de cette charge supplémentaire de travail qui découlerait de la division des classes en groupes réduits d'élèves. Il y a bien eu une récente rencontre entre la tutelle et les partenaires sociaux, mais seul l'aspect purement technique lié aux alternatives de la rentrée scolaire, qui permettrait d'appliquer le protocole sanitaire, a été abordé. Les syndicats sont inquiets, mais ne veulent pas jouer aux trouble-fêtes. Les autorités assumeront leurs responsabilités. Et les parents d'élèves ? Dans l'ensemble, et loin du cercle de la représentativité, c'est l'insouciance totale. Pour preuve, il faut jeter un œil sur les cours de soutien, qui ont déjà commencé dans des salles exiguës et où le respect des règles de distanciation physique, d'hygiène et de port de maque est largement bafoué. L'école publique focalise tous les efforts, mais en parallèle une autre école «informelle» fait du Covid-19 le cadet de ses soucis.