Le président de la république est retourné, hier, en Allemagne pour poursuivre le traitement que ses médecins lui ont prescrit durant son hospitalisation après sa contamination par le COVID-19, le mois d'octobre dernier. C'est au début de l'après-midi d'hier que Abdelmadjid Tebboune a fait savoir aux Algériens qu'il repartait en Allemagne pour, a-t-il dit, «terminer le protocole prescrit par les professeurs ». Vraisemblablement, il a fait sa déclaration dans le salon d'honneur de l'aéroport militaire de Boufarik où il s'apprêtait à quitter l'Algérie pour l'Allemagne. Le président de la République a expliqué que « ce retour était programmé, il y a nécessité de terminer le protocole médical, - ça va être court, il en reste très peu- sinon je perdrais tout ce qui a été fait ». Il informe en outre les Algériens qu'« il est possible que je subisse une petite intervention chirurgicale au pied ». A son retour de l'étranger, le 29 décembre dernier, l'état de son pied avait attiré l'attention de tous lorsqu'une photo le montrant couvert d'une attelle a fait le tour des réseaux sociaux. Il est avancé depuis quelques jours que la «petite intervention» qu'il affirme devoir subir en Allemagne est prévue pour, disent des médias proches de la présidence «soigner son pied des séquelles du COVID-19 ». La durée de son absence du pays, Tebboune souhaite qu'« elle soit très courte ». Et « même si je quitte le pays, je suis au quotidien ce qui se fait avec tous les responsables, je les remercie, en particulier l'Armée nationale populaire, digne héritière de l'armée de Libération pour tous les efforts qu'elle déploie pour rassurer les citoyens », a-t-il affirmé. Se voulant rassurant à son tour, il rendra en même temps hommage « à toutes nos institutions élues » en lançant « Alhamdoullillah, l'Etat est debout et continue de travailler ». Il a pris le soin de tourner les yeux vers les responsables qui l'ont accompagné à Boufarik. Il s'agit en évidence du président de l'APN, du président par intérim du Conseil de la Nation et du chef d'état-major de l'ANP. «El houkouma fiha ouaaliha» Tebboune a pris le soin, faut-il le noter, de laisser derrière lui une mauvaise appréciation sur le gouvernement. « El houkama fiha ou aaliha (il y a à dire sur le gouvernement) », a-t-il lâché, hier avant son départ avec un sourire plutôt narquois. Un sourire qui pourrait être annonciateur d'importants changements du gouvernement dont il a dit déjà qu'il n'en est pas satisfait. C'était le 29 décembre dernier, jour de son retour d'Allemagne, après plus de deux mois d'hospitalisation et d'absence du pays. Déjà que dans le premier tweet qui lui a été diffusé de l'étranger, le 13 décembre dernier, il avait instruit le ministre de l'Intérieur et les walis pour « assurer le transport scolaire et les repas chauds aux élèves des zones d'ombre ». Il avait ainsi ignoré son Premier ministre de qui l'on dit qu'il n'est pas content. Premier acte de sa colère contre le gouvernement Djerad, son limogeage, samedi dernier, du ministre des Transports, Lazhar Hani suivi du P-DG et du directeur du catering d'Air Algérie. L'on pense que le président va procéder, incessamment, à une purge dans les rangs du gouvernement, des walis, des hauts fonctionnaires de l'Etat, de son entourage proche, et même des importantes institutions du renseignement. Des changements qu'exigent en premier, la détérioration de nombreux secteurs d'activités, des affaires de l'Etat et aussi l'échec de l'Algérie dans les sphères diplomatiques internationales sur des questions qui lui ont toujours tenues à coeur. La venue de hauts responsables américains, ces deux derniers jours à Alger, en est un indice inquiétant. Les Américains sont venus jusqu'ici pour narguer les autorités algériennes et leur confirmer la décision de leur président sortant, Donald Trump, de permettre au Maroc de négocier son plan d'autonomie avec les Sahraouis. La position de l'Algérie de revendiquer la décolonisation du Sahara Occidental est ainsi battue en brèche sur son propre territoire par des responsables américains qui se sont envolés tout de suite après vers Rabat et aussi Laâyoune occupée. Trump vit mal ses derniers instants à la Maison Blanche mais impose les pires décisions à des peuples opprimés comme les Palestiniens et les Sahraouis. La difficile conjoncture nationale et internationale L'adjoint aux Affaires étrangères américain a procédé hier à l'ouverture d'un Consulat dans les territoires sahraouis occupés. L'Algérie est directement ciblée par cette arrogance américano-israélienne et marocaine qui risque de faire très mal à la stabilité de la région, à ses habitants et à son avenir. Le retour du président de la République en Allemagne dans une conjoncture aussi complexe que ce soit au plan national ou international suscite de grandes inquiétudes. Des observateurs avertis souhaitent profondément que Tebboune ne passe pas plus de 15 jours, en dehors de l'Algérie. Il est attendu à son retour pour qu'il fasse appel, disent-ils, à la compétence et à l'efficacité pour former un gouvernement d'Union nationale. Le pays a besoin urgemment de responsables avérés pour pouvoir régler la crise politique qui le secoue. Il y va de la préservation de la cohésion sociale et de l'Unité nationale. Le président de la République est reparti, hier, en Allemagne 12 jours à peine après qu'il en soit revenu. Pour rappel, il a été évacué en urgence vers ce pays, le mercredi 28 octobre dernier pour « des examens médicaux approfondis ». Il était dit ici et là qu'il avait contracté le COVID-19 mais la présidence de la République n'a pas précisé les conditions, le contexte et les vecteurs de sa contamination. L'on sait pertinemment que depuis l'apparition de la crise sanitaire, personne ne pouvait s'approcher de lui, sans avoir été soumis à un test de dépistage du COVI-19. Le samedi d'avant, un communiqué de la présidence avait annoncé que des cadres de l'institution ont été déclarés atteints du virus. Par mesure de précaution, a-t-il été avancé, Tebboune devait se confiner pendant 5 jours sur conseil de son staff médical. Le mardi d'après, il a été transporté à l'hôpital militaire de Ain Naadja pour des soins médicaux.