C'est un cri de détresse que lancent des malades atteints de la maladie de Parkinson au stade sévère face à l'indisponibilité de piles qui sont placées sous cutanée aux sujets ayant subi une opération chirurgicale de stimulation cérébrale profonde (SCP). Ils sont 49 malades, selon le neurologue au CHU Oran, Ider Mohamed, dont les batteries ont expiré et ont besoin en extrême urgence de nouvelles piles afin de retrouver une stimulation neurologique. Malgré toutes les tentatives effectuées à Oran et à Alger pour la procuration de ces batteries, rien n'a été fait jusqu'à présent, regrette ce spécialiste et c'est la vie de ces malades, déjà lourdement pénalisés par cette pathologie, qui est en danger. Le docteur Ider a expliqué que pour les malades qui ont subi une opération de stimulation neurologique, il est indispensable de faire des commandes de batteries six mois à l'avance afin d'éviter un arrêt subit de cet appareil avec toutes les conséquences d'une exceptionnelle gravité qui en résultent. «Ces commandes ont été faites», a précisé le neurologue, «mais sans succès. Les seules explications avancées sur le retard accusé dans la livraison de ces piles sont soit un problème budgétaire, soit un problème avec le fournisseur de batteries». Devant une telle situation, la santé de ces malades s'est dégradée perdant ainsi toute motricité des membres. En effet, la maladie de Parkinson, selon les scientifiques, très handicapante, est liée à la destruction des neurones dopaminergiques, indispensables au contrôle des mouvements du corps. Ses symptômes sont le tremblement au repos, la lenteur du mouvement, la rigidité ou l'hypertonie. D'autres signes non moteurs tels que le problème de sommeil, d'hypersalivation, de fatigue, de dépression, de constipation et aussi d'hallucination. Tous ces symptômes rendent la vie des malades très handicapante et inconfortable et très difficile à surmonter pour eux et pour leur entourage également. C'est le cas de Yamina, âgée actuellement de 58 ans qui avait attrapé la maladie à un âge précoce et qui a subi en 2005 une opération de stimulation neurologique en France, au CHU de Grenoble, ayant nécessité une pose de deux stimulateurs. En 2014, elle a pu changer ces batteries, une première fois à Paris après un parcours du combattant, nous dira son mari, très abattu par l'état de santé très dégradé de sa femme actuellement, suite à l'arrêt des piles sous-cutanées. «Le problème», nous a expliqué l'époux de cette malade, est «l'impossibilité de bénéficier d'une autre prise en charge étant donné que le plateau technique pour opérer les parkinsoniens est disponible à Oran depuis 2018. Mais ce plateau n'est pas opérationnel et donc impossible de prendre les malades en charge. Depuis 2020, je galère entre Oran et Alger pour le changement de batterie à ma femme. Après tous les efforts, il s'est avéré que c'est une mission impossible à cause de problèmes bureaucratiques. Ma femme est actuellement grabataire et ne peut plus bouger. C'est le calvaire pour toute la famille. Nous sommes impuissants devant sa souffrance », raconte avec amertume le mari de Yamina. A cause de ce problème bureaucratique, le mari lance un appel au ministère de la Santé et aux autorités locales pour ouvrir une enquête sur cette pénurie de batteries qui met la vie des malades en danger. «Si la santé de ma femme se dégrade davantage, je serais dans l'obligation d'introduire une action en justice pour non-assistance à personne en danger», dira-t-il. Ils sont 2.000 malades parkinsoniens traités au CHUO, selon le Dr Ider, dont 10% nécessitent un changement en urgence de leurs batteries.