Le gouvernement français «regrette» la décision du parti présidentiel «La République en Marche» (LREM) d'ouvrir un comité au Sahara occidental, a déclaré mardi le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes. «C'est une initiative prise localement que je regrette et qui ne change rien à la position de la France sur cette question hautement sensible», a déclaré Clément Beaune lors d'une séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française. Rappelant le «risque permanent de tension» au Sahara occidental, Clément Beaune a souligné l'importance de la recherche d'une solution politique «dans le cadre de la légalité internationale et des Nations unies». «L'ensemble de cette situation rappelle l'urgence de la seule voie possible, celle de la reprise d'un processus politique. C'est cette voie d'équilibre que défend la France», a-t-il dit. «Dans cette perspective, reconnaissons-le, le plan d'autonomie marocain est une base de discussion sérieuse et crédible qu'il faut prendre en compte», a-t-il ajouté. De son côté, le député communiste Jean-Paul Lecoq a qualifié de «honte» l'ouverture de ce comité local, par le parti présidentiel «La République en Marche» (LREM), d'une antenne dans la ville sahraouie occupée et a accusé l'exécutif français d'en être à l'origine de cette démarche. «La honteuse création par la République en Marche' d'un comité à Dakhla n'a pu se faire sans l'accord, peut-être même à la demande de l'exécutif», s'est indigné le député du PCF au cours de son intervention au Parlement français, critiquant avec fermeté le «scandale d'une diplomatie de compromis cynique qui sacrifie le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Pour le député Jean-Paul Lecoq, la création d'une permanence politique française au cœur d'un territoire occupé par un pays colonisateur, le Maroc, «illustre malheureusement l'époque que nous vivons, où des chefs d'Etat de Trump à Macron et de Netanyahou à Mohamed VI pensent agir en toute impunité, en s'asseyant allègrement sur le droit international et en crachant sur les résolutions d'institutions officielles comme l'ONU ou la Cour européenne de justice pour faire prévaloir leur propres intérêts». Mutisme français devant les atteintes aux droits de l'Homme Le député a également pointé le mutisme de la France face à l'impossibilité pour les observateurs indépendants de se rendre aux territoires occupés pour documenter les violations commises à l'encontre des Sahraouis. «La torture pratiquée sur les prisonniers sahraouis, la répression exercée contre la population sahraouie vivant au Sahara occidental, l'impossibilité pour un observateur indépendant de s'y rendre sont ignorés par la France au profit d'un soutien aveugle au Maroc, colonisateur expansionniste qui bafoue le droit du peuple sahraoui à la liberté et à la dignité», s'est-il révolté. Le parlementaire a interpellé le Premier ministre français, Jean Castex, sur la position de la France concernant la demande de l'adhésion à l'ONU que va formuler prochainement la République arabe sahraouie démocratique (RASD). «Dans dix jours la France va-t-elle soutenir la demande de la RASD d'obtenir un siège de membre aux Nations unies ? Mettant en pratique l'équidistance chère au ministre Le Drian», s'est-il interrogé.