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La mission du futur gouvernement : Mettre en état un Etat qui était dans tous ses états (3ème partie)
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 15 - 06 - 2021

Exigence du progrès et ressort de l'amélioration de la condition humaine au profit du bien-être pour la cité, le savoir que l'école algérienne dispensera, en sus de l'éducation du comportement, de l'idée et de la structuration de la mentalité scientifique, sera appelé à infléchir inexorablement la trajectoire du sous développement. Elle aura, donc, pour rôle d'animer en tout un chacun l'intérêt à évoluer au rythme de l'international. La réponse à cette préoccupation obligera la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique à souscrire aux visées universalistes dans le cadre desquelles s'inscrit la promotion des valeurs novatrices et réformatrices adaptables aux nouvelles circonstances que génère la mondialisation en tant que vecteur de la prospérité pour, et non un vecteur de discrimination. Il s'agira, par conséquent, pour la citoyenne et le citoyen algérien d'apprendre à regarder plus haut, plus large, plus loin que le sectoriel, l'interne, l'immédiat, le court terme.
Se définissant dans la véhémence qui devra soutenir son combat pour le développement national durable et sachant que dans la vie, toutes les espérances finiront par s'éroder, par s'engourdir et par ne pouvoir s'amarrer au mouvement mondial qui est en train de reconfigurer les nations, si elles ne seront pas entretenues par une école qui aura pour rôle d'instruire, de former et de qualifier, le gouvernement aspirant à ce que les Algériennes et les Algériens s'amarrent, en toute quiétude, à ce mouvement, s'investira pour la réussite de l'entreprise éducative et culturelle. A cet effet, il mettra à leur disposition une école qui brillera des flambeurs de la performance et ils sortiront pour aller, bardés de savoirs et de culture, grossir les rangs de la prospérité.
Cette école-là, sera celle qui apprendra aux citoyennes et aux citoyens à composer avec les honneurs de la victoire et à les annexer à leurs causes. Cette école-là, sera celle qui n'en fera pas des Césars opportunistes ou à la solde de gloire infantilisée. Elle sera celle qui en fera des Césars indifférents aux fantaisies et à qui rien ni personne ne saura leur signifier l'absence parce qu'ils seront omniprésents pour répondre aux préoccupations de le cité. Elle sera celle qui en fera des Césars qui ne sauront plier sous l'orage acariâtre de l'illusion, qui ne se disperseront pas autour d'ambitions tourmentées, qui tourneront le dos à tout ce qui est stérile et nuisible, qui se refuseront d'être une négation de l'homme, qui s'useront au profit du genre humain, qui comprendront que la vraie richesse est de la connaissance, de la morale et de l'équité. En somme, elle n'en fera pas ces pauvres conquérants, ignares, rustres et qui ne pourront se maintenir dans une voie tracée ou ne pas sentir leurs consciences s'indigner.
Cette école devra jouer son rôle moteur dans la société afin que celle-ci ne demeure en retrait de que ce vaste mouvement qui emporte le monde lui recommande, plutôt l'exige; faire du triptyque éducation de qualité, formation performante, culture universelle, la clé de voûte de l'avenir commun aux Algériens.
Ce triptyque constituant l'axe nodal du choix de la politique éducative nationale, se dissiperont alors l'ignorance, l'intolérance, l'exclusion, le sous-développement, la pauvreté, ces facteurs déclenchant du désordre et des conflits. Se galvaniseront par contre la compréhension mutuelle entre les Algériens, l'idéal citoyen, l'égalité sociale. Ces derniers feront de la prospérité commune un idéal à atteindre. Ils bâtiront une Algérie solidaire, un espace où justice et égalité sociale évolueront côte à côte et dans le respect mutuel. Ils bâtiront une Algérie de partage et de solidarité, une Algérie où le bien-être individuel se mesurera à l'aune de la contribution de tout un chacun à la prospérité pour tous. Ils bâtiront une Algérie qui répondra pleinement à leurs préoccupations (leurs ambitions, leurs aspirations, leurs besoins et leurs contraintes). Ils bâtiront une Algérie qui protègera les plus démunis, réintègrera les laissés pour compte, fera des droits de l'homme le dénominateur commun du bien-être social et de la stabilité politique, exclura les différents et les différences, incitera à la vie communautaire. Ils bâtiront une Algérie propice à la construction d'un cadre de vie adapté à l'épanouissement de la dignité humaine, où tous les isolés, les marginalisés trouveront la possibilité d'une authentique insertion sociale.
L'Algérie ne pouvant encore une fois, compromettre ses chances pour l'avenir dans un monde où l'évolution des connaissances condamne les retardataires à la dépendance, à l'infériorité, à l'humiliation, elle aura pour obligation de relever ce défi au moyen d'une école qui, jusque-là isolée et engoncée, jouera désormais un rôle crucial dans la mise en valeur des potentialités de la ressouce humaine, aidera au développement et au renforcement des savoir-faire, investira dans la créativité, dans la production intellectuelle et dans la structuration de la mentalité scientifique (dans celle du jugement méthodique et du raisonnement logique).
N'occultant pas que de nos jours, l'école algérienne est devenue le lieu de tous les enjeux ; que la défaite qui s'en est emparée est une sorte d'abstraction dévorante qui vit pour elle-même et par elle-même et qui s'obstine à légiférer l'incohérence d'une pédagogie tarie définie par un discours politique à sens unique et à légitimer la représentativité fanée de ceux qui en usent et qui n'en dénoncent pas la vicissitude. Sans pour autant vouloir théâtraliser le drame, la société algérienne devra, désormais, conscientiser la nécessité de dépasser les névralgies d'un consensus épuisé, en miettes et de jeter bas compromis et compromissions qui y ont été à l'origine. Elle conscientisera donc l'urgence d'un vrai débat. Un débat qui rompra avec les réformes clandestines ; un débat qui s'imposera tel un engagement à repenser, dans tous les sens, un système scolaire marqué des stigmates d'un monolithisme culturel bâillonné au nom de principes identitaires étriqués qui, dans un passé récent, avaient abouti à un projet sociopolitique tendancieux, un système scolaire qui s'était figé et qui a cloué au pilori des générations entières au lieu de préparer leur avenir. Elle conscientisera l'urgence d'un débat qui ne souffrira d'aucune coercition, d'aucune restriction, d'aucune concession pour établir une nouvelle plateforme éducationnelle sur laquelle s'édifiera un système scolaire libéré de la passion politique, de l'excentricité idéologique et qui produira des citoyens émancipés de toute tutelle sauf celle de la raison.
Pédagogie générale, formation des enseignants, restructuration des programmes d'étude, pédagogie pratique inhérente à l'apprentissage de la langue nationale, des langues étrangères et des sciences exactes, gestion des carrières des ressources humaines, architecture scolaire, organisation des rythmes scolaires, manuels scolaires, orientation scolaire, profils de sortie… autant de thèmes essentiels d'un débat où s'exprimera tout haut ce qui est pensé tout bas, qui ne sera prétexte à aucune réformette de circonstance, qui osera bousculer les intérêts des promoteurs de l'erreur, des rentiers de l'école et autres défenseurs autoproclamés des constantes nationales, qui viendra débusquer des peuplades entières de planqués passés pour maîtres dans l'art de faire semblant en différant l'avènement du développement durable aux calendes grecques.
Dans cet ordre d'idées et compte tenu de la rapidité et de l'efficacité avec lesquelles l'évolution civilisationnelle mondiale progresse et intervient dans le processus du développement de l'humanité (de nos jours la compétition internationale devenant impitoyable parce que, ce sont les savoirs, les innovations et la valorisation de la ressource humaine qui distribuent les cartes de la richesse et de la puissance), organiser l'éducation du citoyen apte à se mêler au monde et à gérer le tumulte de la modernité, sera à l'avenir, une évidence établie.
Aller à la conquête de cette école créatrice de renaissance, signifiera subordonner la croissance civilisationnelle nationale à la valorisation de la ressource humaine. Aller à la conquête de cette école intelligente, signifiera libérer la population scolaire des serres de toute excentricité qu'elle soit administrative ou idéologique. C'est aussi reformuler l'enseignement / apprentissage en vitalisant et en dynamisant l'action pédagogique. Le but attendu est de vaincre cet artificialisme qui a favorisé la promotion de l'enseignement enseignemental* au détriment de l'enseignement formationnel*. L'objectif escompté est d'édifier une société de savoir et d'action.
- L'enseignement enseignemental : enseignement fétiche de l'enseignant inapte. Enseignement sans but, sans objectif, sans finalité et sans support risquant, par conséquent d'accabler l'esprit sous une masse d'informations inassimilables, cette illusion du savoir qui relativise la potentialité de raisonner logiquement et de juger avec méthode de ceux à qui il s'adresse.
- Enseignement formationnel : c'est un enseignement que l'enseignant ne dispensera pas avec pour seul souci de «s'écouter parler», mais qui s'appréciera par la rigueur dans la formation de l'esprit critique, par son efficacité dans l'épanouissement de ses aptitudes et l'accomplissement de ses attitudes, par l'affermissement de la volonté et l'enrichissement de la personnalité, par l'orientation qu'il fera prendre au rapport attention / intérêt modulateur de la perfectibilité intellectuelle.
Fécondant le sentiment par la raison, cet enseignement apprendra à l'esprit à dompter les mystères de la nature. Il permettra de la sorte à celui qui le recevra, de réunir le maximum de conditions pour pouvoir s'investir dans l'actualisation de ses acquis et de son expertise. Il est non seulement une science mais aussi un art, une action pratique.
Organiser cette logique de formation / apprentissage, sera faire en sorte que l'école ne s'occupe plus de tâches périphériques et s'investisse dans la mission qui est la sienne : éduquer, instruire, former et qualifier. Ce sera animer un authentique partenariat entre l'école et la vie. Aller à la conquête de cette école, supposera emboîter le pas à une école authentiquement scolaire. Ce sera en fait :
- promouvoir le culte du savoir ;
- donner à tous des chances égales de succès ;
- mettre l'accent sur la structuration du raisonnement logique et du jugement méthodique ;
- initier l'individu à comprendre pour apprendre, à apprendre pour connaître, à connaître pour aimer et à aimer pour réussir ;
- inciter l'individu à développer une propension pour l'apprentissage des langues étrangères non en tant que langues « étrangères » mais en tant que langues « vivantes » (l'Algérie n'a plus le droit de se mutiler en s'en privant) ;
- le familiariser avec la logique mathématique ;
- sacraliser les valeurs de l'Islam et consacrer les valeurs universelles ;
- développer l'expression artistique et le sens esthétique.
La réforme du système éducatif sera donc une nécessité impérieuse qui s'appuiera sur l'idée d'alerter les consciences en leur enseignant la dignité et sa grandeur, les droits et les moyens de les défendre, la justice et la façon de l'appliquer, l'humanité et sa mission.
Améliorer les méthodes, les moyens et les procédés d'enseignement, revisiter les contenus des programmes d'étude pour les actualiser et les ajuster, aiguiser la formation des enseignants pour en faire d'authentiques entrepreneurs, seront là les trois axes qui constitueront l'enjeu de l'école algérienne. Quant aux débats sur la langue et l'appartenance en tête d'affiche jusque-là, ils relèveront désormais de faux dilemmes. Nous admettrons tout simplement, qu'entre les hommes il y a un avenir commun et qu'au même titre que nos semblables, nous combattrons quiconque tentera de l'altérer.
Cette réforme sera donc commandée par l'exigence du développement intellectuel, moral et mental de la jeunesse. Elle palliera la situation frustrante que vivent des milliers de jeunes rejetés annuellement de l'école.
3) A une confiance gouvernants / gouvernés restaurée
Résumé : Toute perspective de sécurité, de stabilité, de démocratie et toute dynamique de progrès économique et social ne peuvent qu'être tributaires de la confiance qui s'établira entre les gouvernants et les gouvernés
Remédier aux dysfonctionnements qui altèrent l'économie, l'administration, la santé, l'éducation et la justice, combattre la bureaucratisation médiocratisante et les dérives sociales qui s'en sont décousues, ne sera possible que si au salut et à l'unité nationale leur soient sacrifiés les préférences partisanes et les intérêts particuliers et que si la confiance gouvernants / gouvernés est établie.
Etablir la confiance gouvernants / gouvernés, c'est donner de l'espoir à l'espoir. C'est là une exigence sans laquelle toute démarche politique et tout programme, est voué à l'échec. Cela dit, elle reste tributaire d'une normalisation qui doit passer, obligatoirement, par une moralisation de l'Etat où les fréquentes transgressions de l'équité et de l'égalité ont subdivisé la société en deux collèges.
A ce propos, le gouvernement issu du consensus populaire ne peut qu'être conscient qu'il n'y a aucune chance de concilier entre ceux qui veulent continuer le joug qui avait sévi et ceux qui veulent donner un coup de pied dans la fourmilière. Il estime en outre, que restaurer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés c'est permettre à l'espoir de naître. C'est faire en sorte que la justice cesse d'être le lieu privilégié où s'expriment les abus et où les passions partisanes, claniques et même tribales trouvent impunément la possibilité d'éclore. C'est, en somme, faire en sorte que les institutions de l'Etat se mettent à l'écoute des citoyens et fassent une lecture clairvoyante de leurs besoins, de leurs contraintes et de leurs aspirations.
4) Au respect des droits de l'homme
Résumé: Dans un Etat de droit, on ne regarde pas les doits de l'homme à travers le bout d'une lorgnette. On n'en fait pas une lecture restrictive. Toute propension à réduire à sa plus simple expression la déclaration des droits de l'homme, doit être prohibée. Le champ d'application de celle-ci ne doit pas être considéré en fonction de critères spécifiques ou ramené à une portion congrue.
Pour le gouvernement issu de la volonté populaire du 12 juin 2021, les droits de l'homme se veulent être, outre le respect de la dignité humaine, le droit au logement, à l'accès au savoir, aux soins, au travail, tous les droits qui, conjugués l'un dans l'autre, donnent et rendent aux hommes leur raison d'être, d'exister et de vivre dans la décence.
Protecteurs, il considèrera qu'ils n'ont d'autres vertus que d'être inviolables, que leur contenu est défini en fonction d'un besoin dont ils ne peuvent être que la consécration juridique. Etant une simple protection de prérogatives, il estimera qu'ils sont la mesure d'une nécessité, celle de l'expression libre. Cependant, ils n'ont de sens qu'à partir moment où ils deviennent une exigence à satisfaire.
Sur cette question épineuse des droits de l'homme, il ne pourra qu'être sensible. Il ne se laissera pas se prendre au piège d'une perception étriquée de la chose. Pour lui, il ne saurait y avoir deux poids deux mesures dans la compréhension des droits de l'homme. Il affrontera ceux qui se disent être les chantres des droits de l'homme même sur leurs terrains, sans gêne et sans complexe pour les sommer de s'offusquer et de s'indigner de la moindre lorsque la déclaration des droits de l'homme est foulée sous leurs pieds.
5) A la promotion d'une démocratie pleine et entière
Résumé : En démocratie, la majorité gouverne la société. Cette majorité aura davantage de légitimité si elle saura organiser l'écoute et demeurer attentive à la sensibilité de la minorité, avec raison et responsabilité. Cela signifie que le champ politique doit être libre devant l'opposition qui peut être constructive lorsqu'elle est animée par la fidélité envers la patrie et le désir de servir les intérêts supérieurs de l'Etat. Un élan déterminant de la culture et des principes démocratiques au sein de la nation, est nécessaire pour que s'accomplisse l'Etat de droit.
Si, de nos jours, il y a comme une confusion dans l'esprit des citoyennes et des citoyens c'est parce que l'Etat n'a pas joué pas son rôle de rassembleur et parce que, la notion de démocratie a été déviée de sa mission originelle alors qu'il devrait s'en inspirer profondément parce qu'elle est par sa nature, à la fois un espace d'écoute, un centre d'investigation, un cadre de réflexion et une force d'impulsion. En conséquence, la citoyenneté se conjuguera désormais dans une opposition farouche et intraitable contre tous ceux qui monopoliseront la parole et la pensée prétextant que le peuple algérien n'est pas mature pour pouvoir participer à la gestion de la cité et non encore lucide pour pouvoir disposer du droit à la critique et qui considèreront que la démocratie devra être guidée, canalisée, mise sous tutelle. Désormais, les libertés politiques et individuelles loin d'être un luxe, seront protégées.
A ce propos et étant un état d'équilibre, la notion de démocratie devra se ressourcer dans une culture civique authentique, celle qui formera la citoyenne et le citoyen dévoués à leur patrie et l'individu, à la collectivité.
Fondant le fonctionnement d'une société algérienne soucieuse de l'amélioration continue de son relief civilisationnel, la démocratie sera un ordre naturel des évènements qui inspirent les hommes à entretenir entre eux des rapports fondés sur la coopération et non sur les conflits et à conquérir systématiquement des valeurs ajoutées en matière de développement au profit de leur avenir commun.
S'opposant au totalitarisme et au nationalisme de courtage, elle devra donc être comprise comme étant le socle de l'Etat de droit. Elle ne pourra, par conséquent, être le monopole d'aucun régime. Son objectif au plan politique, sera de libérer le peuple de toute forme d'oppression ou d'avilissement et de lui garantir son affranchissement des contraintes et sa participation à l'élaboration des règles qu'il sera tenu de respecter. Sa mission sera de mettre les droits de celui-ci à l'abri de tous les abus.
Démocratique, la société algérienne sera une société où l'individu, quels que soient son statut professionnel et son rang social, se comportera en homme qui saura où s'arrêtera sa liberté et où commencera celle de l'autre. Chacun y aura sa place et la dignité de tout un chacun sera préservée.
Pour rétablir la justice et l'équité sociales et assurer l'expression des libertés individuelle et collective dans cette Algérie où prévalent encore, au seuil de ce troisième millénaire, des inégalités et des servitudes, le gouvernement issu du consensus populaire du 12 Juin 2021 en désaltéré de démocratie, il refusera que l'Etat algérien enrégimente les citoyennes et les citoyens. Il veillera à ce qu'il structure leur autonomie qu'il respectera et à ce qu'il soit l'artisan de l'accomplissement des exigences démocratiques en offrant le cadre juridique nécessaire et suffisant à leur aboutissement. Dès lors, tout un chacun se chargera de faire respecter son autonomie dans la perspective de la libre entreprise, de l'initiative individuelle et de la concurrence.
L'Algérie n'étant pas une île isolée du reste du monde qui l'influence et qu'elle influence, les changements engendrés par le progrès continu des révolutions idéelle, industrielle et technologique, l'invitant à s'y adapter, prendra part sérieusement aux débats essentiels pleinement en phase avec les idéaux communs de l'humanité et qui sont le triomphe de la vérité sur l'erreur, celui de la justice sur l'iniquité, celui de la citoyenneté sur l'égoïsme et qui ont pour dénominateur commun la démocratie parce qu'ils n'ont rien à voir avec la manipulation des concepts, la confusion entre les préceptes, les clivages, le dirigisme et autres angoisses. L'Etat algérien s'engagera, alors, résolument dans cette voie. Le respect et la promotion des droits de l'homme, sera le ressort essentiel de son action, sa préoccupation vivante. Cela ne sera ni un mimétisme négateur de sa dimension, ni la conséquence de pressions extérieures. Cela ne sera que l'expression de la volonté du peuple solidaire dans son unité et riche dans sa variété et qu'animent les hautes valeurs qui ont forgé son identité musulmane et la pleine ouverture aux progrès multiformes qui traversent le monde.
6) A Mettre fin au terrorisme administratif
Résumé : Il s'agit d'une logique administrative destinée à lever les obstacles bureaucratiques qui carencent l'initiative et à pérenniser l'impartialité de l'administration et la qualité des prestations du service public.
Des dérives de tout ordre ont creusé un profond fossé entre l'Etat et les citoyens et ont gravement dévoyé les mentalités. Les transgressions de la loi et de la déontologie orchestrées par les responsables à tous les niveaux de la décision, l'utilisation des moyens de la collectivité à des fins personnelles, le passe-droit et le clientélisme ont carrément établi une société à deux collèges. On assiste alors à une perversion exponentielle de l'administration nationale et à une déviation du sens du service publique vers un administratisme béat qui, pour se donner de l'allure, cherche à impressionner en faisant purement et simplement dans le terrorisme bureaucratique.
En effet, l'administration algérienne qui singe, depuis 1962, l'administration française avec le respect des droits de l'homme en moins, ne fait que dans l'hostilité, voire dans le mépris à l'adresse du citoyen. Aujourd'hui ceux qui l'administrent ne font pas l'effort de connaître les préoccupations de leurs administrés, encore moins celui de réfléchir, d'imaginer et d'innover pour leur assurer des coefficients de confort dans la gestion de leurs quotidiens. Ils se limitent à faire de la mission qui leur est assignée, un redoutable appareil de coercition. Leur souci est de taire toute velléité de rébellion contre leurs méfaits et leurs abus manifestes. Cautionnés par le silence d'une population muselée, ils ne gèrent pas le développement du pays. Ils se consacrent à la gestion de leurs affaires en usant d'expéditions punitives à l'endroit de quiconque oserait s'opposer à leur volonté ou les contredire. Ils considèrent que l'Etat, c'est eux et sans plus.
La vocation de l'Etat étant de traduire, par des lois et règlements, la physionomie de la société en vue de lui permettre de mieux se réaliser ; le rapprochement de l'administration du citoyen est alors une hypothèque qui, levée, dissipera la crise de confiance qui affecte les rapports gouvernants / gouvernés. Dans cette perspective, elle devra se nantir de véritables attributs de service public, en développant une authentique capacité d'écoute.
Réformer l'appareil de l'administration publique algérienne, c'est d'abord et en premier lieu, le moraliser, c'est faire en sorte qu'il recouvre sa crédibilité. Toutefois, cela ne sera pas chose aisée parce que la crise qui l'affecte est d'ordre moral. La probité et l'honnêteté devront réoccuper le terrain. La tchippa et les fonctionnaires véreux qui y trouvent le terrain de prédilection pour que s'accomplisse leur épanouissement, ne devront plus avoir droit de cité.
La volonté de l'Etat serait de faire de la réhabilitation de la responsabilité l'un des axes fondamentaux de son programme. La rigueur et le mérite seront les paramètres exclusifs pour y accéder et s'y maintenir. L'évaluation systématique et objective de la manière de servir, sera intransigeante. Se mettre alors au service de l'Etat, sera une charge, un idéal vers lequel ne pourra s'élever que celui qui s'attachera sérieusement à servir la société, que celui qui couvera en lui le talent adapté pour ce faire.
Par l'entremise de cette réforme, l'Etat récupérera ses attributs et le service public, ses vertus.
7) A une justice clé de voûte de l'Etat de droit
Résumé : Il s'agit d'une justice en mesure d'affermir l'Etat de droit. D'une justice qui refusera de verser dans la perversion en subissant le chantage des «puissants». Son assujettissement au diktat de ces derniers ne sera que l'expression de son échec et par conséquent source de déni du droit. Pour s'extraire de ce sinistre sentier battu, elle obéira à la loi et seulement à la loi. Autrement dit, elle se comportera de telle sorte que nul «nanti» n'espère et nul démuni n'en désespère. Elle sera ce rempart contre lequel se brisera toute velléité.
L'absence de recours face aux abus et les inconséquences de l'appareil judiciaire devant y mettre fin ont renforcé chez le citoyen algérien le désintérêt et un sentiment de rancœur à l'endroit de celui-ci.
En effet, le système judiciaire algérien était le lieu privilégié et l'expression de tous les abus et de tous les excès qui minaient la société. Les passions claniques y trouvaient la possibilité d'éclore. En quelque sorte, c'est dans l'institution censée protéger les droits du citoyen que s'exerçaient, au nom du peuple, les méfaits contre le peuple. Il ne jouait donc pas son rôle de «régulateur». Sa mission était déviée et pervertie. Il a été à l'origine des ressentiments qui ont menacé la paix civile. Une réforme appelée à l'amener au niveau des attentes légitimes des citoyens s'impose.
La défaillance de la justice étant ressentie plus sensiblement par la société que celle qui affecte d'autres secteurs, car la justice est le dernier rempart avant le désespoir, la perfection à laquelle elle devra aspirer, appellera à une action en profondeur et qui sera menée avec détermination pour aboutir à une véritable régénération de l'Etat. Elle touchera ainsi à tous les modes de fonctionnement du système judiciaire ainsi qu'aux critères et aux modalités d'accès aux responsabilités par lesquelles devra se singulariser la magistrature.
Cela ne pourra être que la promotion d'une justice indépendante, c'est-à-dire une justice qui protègera le citoyen des abus du pouvoir lui-même, y compris contre ceux exercés par les juges eux-mêmes, une justice qui se préservera de toute influence et qui s'accomplira avec humilité et conscience. L'impartialité devant être sa conduite à tenir, elle sera un troisième pouvoir. Elle agira avec toute la rigueur de la loi en tenant compte des faits et seulement des faits. De cette manière, le recours contre l'injustice et l'arbitraire sera encouragé. Se mettant en marge de cette prérogative, elle versera dans la promotion de la forfaiture et du déni.
Nantie de plus d'efficacité, elle cessera d'être un appareil répressif. Elle sera plutôt la promotrice du respect des libertés et des droits de l'homme. Elle s'évitera d'être partie prenante contre l'accusé. Elle s'érigera en arbitre et sans plus.
Dans cette perspective, sera bien pensé, profondément réfléchi, fidèlement conçu et scientifiquement élaboré le modèle de justice le plus conforme aux idéaux et aux principes que la société algérienne ambitionne de se donner et devront être identifiés tous les moyens qui permettront de le réaliser. En d'autres termes, ce modèle aura pour mission d'analyser et d'évaluer son fonctionnement sous ses différents aspects, de répertorier les faisceaux d'interaction avec l'environnement institutionnel et social, d'en effectuer l'audit et de préparer toutes les mesures et toutes les recommandations utiles pour rendre effectivement accessible la justice aux justiciables. Il proposera des instruments juridiques et des moyens plus performants, ainsi que des conditions et des modalités de fonctionnement des juridictions et des établissements pénitentiaires, moins contraignantes. Il s'agira, en outre, de mettre en place des mécanismes qui permettront de :
-protéger réellement et efficacement les intérêts de la société, ses droits et ses libertés ;
-faciliter l'accès de tous les citoyens à la justice et de leur offrir des procédures judiciaires intelligentes ;
-créer les conditions d'une indépendance effective et responsable du juge et de sa subordination totale et effective à la loi ;
-rendre le traitement des dossiers fluide et efficace et la décision de justice crédible ;
-permettre à la justice de lutter efficacement contre la délinquance de toute nature tout en faisant dans le respect de la présomption d'innocence et du droit à la défense, d'améliorer l'environnement dans lequel évolue le juge, notamment les conditions d'accès à la profession et de l'exercice de sa fonction, d'assurer la modernisation du service public judiciaire, par la mise en place d'une organisation administrative performante ;
-rendre la condition pénitentiaire plus adaptée à l'impératif de préservation de la dignité, toutes catégories confondues.
L'objectif attendu est que l'Etat algérien ne raisonnera plus avec une vision de revanche, d'émotion et de réactions inhibées, mais avec une vision de justice pour que nul ne soit au dessus de la justice.
8) A une réforme des structures de l'Etat
Résumé : Devant être de portée globale, elle visera à doter l'administration algérienne d'instruments juridiques adaptés et des moyens techniques adéquats pour pouvoir promouvoir le processus démocratique ce qui relève d'ailleurs de sa mission, à soutenir l'ancrage de la bonne gouvernance et à accompagner la modernisation du système économique et la diffusion du progrès social. L'objectif escompté sera la promotion d'un partenariat Etat/Société.
L'engagement de l'Algérie pour la modernisation des structures de l'Etat afin qu'elles puissent composer, sans gêne ni complexe avec l'ordre mondial, suppose que tous les efforts à consentir trouvent leur prolongement dans un environnement politique, administratif et juridique qui aura élaboré de nouveaux instruments de gestion et introduit des dispositifs flexibles, performants et capables de prendre en charge, mais efficacement, les préoccupations des citoyens (pour rappel : leurs aspirations, leurs ambitions, leurs besoins et leurs contraintes).
A suivre
*Ancien directeur de l'Education de wilaya


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