Un dos-d'âne devant sa maison, une citerne, une grosse soucoupe et un pneu usagé sur son toit, deux ou trois garages à louer si possible, «annexer» une partie de la voie publique pour étendre son «espace vivable», c'est là le rêve algérien, the algerian dream ya l'khawa ! C'est que l'Algérien est fatigué aussitôt tombé du lit. Comme lassé de vivre. Désabusé d'une vie en noir et blanc. Mais comme l'on ne peut plus appeler un chat par son propre nom, le mot de la «faim» est, peut-être, à chercher ailleurs que dans le ventre supposé «dévidé» du peuple d'en bas. Aujourd'hui, dans la rue, il suffit de fixer dans les yeux n'importe quel Algérien, de Sidi personne à Aïn nulle part, pour comprendre que quelque chose ne va pas dans un pays où presque plus personne ne veut plus vivre. Un peu comme une immense machine en panne, le pays perdure à chercher un bon mécano, non pas celui capable de réparer la grosse panne mais bien celui qui a la «recette-miracle» : mettre la main sur celui qui a saboté la grosse machine. Suivez mon regard C'est que dans un pays où vivre «normalement» est déjà un défi presque impossible en soi, il devient trop dur de gagner, à la loyale, son pain de tous les jours, à moins de laisser sa main «baladeuse» fouiner un peu partout. Qui peut aujourd'hui décrocher la timbale en réussissant «l'exploit» de marathonien de trouver un petit job sans casquer l'équivalent d'au moins six mois de salaire avant même de toucher sa première solde, obtenir un quelconque avantage légitime sans graisser la patte, y compris aux chats de gouttière ? Voir encore des jeunes, par pelotons entiers, user leurs neurones et leurs culottes sur les bancs des écoles et des universités pour se retrouver à quémander un sou «troué» à leurs parents devenus eux-mêmes des «sans-le-douro», finit par donner au pays les allures d'une chamelle qui, trop lourdement chargée, meurt écrasée par son propre poids. Depuis longtemps déjà, l'Algérien lambda a l'impression tenace de regarder un navet interminable où le héros est l'argent et la victime «expiatoire» nos poches essorées. Du coup, le peuple d'en bas a désappris depuis longtemps à vivre à la sueur de son front. Et comme pour vivre à peu près normalement, il faut d'abord se nourrir par sa propre main, avant de penser à créer des partis politiques «virtuellement vivants», se soigner avec ses propres médicaments plutôt que d'acheter la santé clefs en main, apprendre à se défendre seul contre ceux qui veulent te voler ta croûte avant de penser à partager ton plat vide avec les autres. Cela suffit-il à préserver un garde-manger national plus que jamais menacé, et dont on dit qu'il pourrait suffire à nourrir tout un continent, à l'ère «maudite» où les haricots et les lentilles sont au même prix que des amuse-gueules?!