A quoi peut bien rimer cet appel brusque à la relance « dans les plus brefs délais » des entreprises industrielles à l'arrêt ou en difficulté ? Lancé dimanche dernier par le ministre de l'Industrie, Ahmed Zaghdar, à l'occasion d'une réunion avec les responsables des groupes industriels publics, l'appel en question révèle une certaine anxiété dans l'action, recommandée par les hautes autorités, en l'occurrence le Président de la République et le Premier ministre, et reste également chargé d'ambiguïté. L'objet de la réunion indiquée est réservé à l'étude de la situation des entreprises et unités à l'arrêt ou en difficulté et les mécanismes permettant de les relancer, ou des les remettre sur pied, sans illustrer quoi que ce soit au sujet de ces mécanismes. Il s'agit, donc, d'établir un diagnostic avant de chercher le remède, un remède qui ne peut être autre que le financement. Pour faire redémarrer les activités des entreprises industrielles à l'arrêt ou en difficultés, il est indispensable dans la majorité des cas d'injecter de l'argent frais dans leurs caisses. C'est ce qu'on a toujours fait ces dernières années, avec les plans «sérums», ou d'assainissement financier des entreprises publiques à l'arrêt ou en difficultés, sans donner aucun résultat positif. Va-t-on vers l'engagement d'un nouveau plan d'assainissement financier pour redresser ces entreprises industrielles ? La situation financière du pays ne le permet pas, mais on pourrait être tenté de faire le minimum dans ce sens. Le ministre de l'Industrie a, en effet, instruit les responsables de son secteur à «formuler des propositions tangibles en vue de les examiner et de les mettre en œuvre dans les plus brefs délais». En d'autres termes, les responsables doivent introduire des propositions « acceptables » à même de relancer dans l'immédiat les entreprises moribondes. Est-ce possible ? Impossible de refaire les erreurs du passé. Dans ce cadre, le ministre a insisté sur l'impératif de réviser la gestion des groupes industriels publics notamment ceux en difficulté, soulignant l'intégration des contrats de performance dans le mode de gestion. Mais le problème du soutien financier reste entièrement posé, à moins d'aller le chercher ailleurs que dans les caisses du Trésor public. Cet ailleurs ne serait que l'ouverture du capital aux privés par le biais de cette formule des « 3P », dont on parle avec insistance ces derniers temps, en l'occurrence le Partenariat public / privé (PPP). Le PPP devrait servir au financement des grands projets structurants, qui auront un retour sur investissement à moyen terme, comme l'a indiqué le Premier ministre, en parlant d'un projet qui sera présenté très prochainement dans ce sens devant le Parlement, mais l'argent frais serait également le bienvenu pour garantir la pérennité des entreprises industrielles. Des entreprises publiques qu'il faudrait bien rendre plus attractives, en cherchant à relancer leurs activités rapidement, avant de les présenter aux partenariats avec le privé ?