Qualifiant les propos du président français Emmanuel Macron de «Grave erreur», le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, a réitéré, jeudi, la position de l'Algérie à propos de ce type d'écarts: L'Algérie rejette toute ingérence dans ses affaires internes. «Nous avons répondu (aux propos de Macron ndlr) comme nous devrions répondre très fortement et très fermement», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne à l'Agence de presse turque «Anadolu» en marge de la troisième réunion Afrique-Italie. Pour M. Lamamra, il s'agit d'une question qui concerne le peuple algérien, seul qualifié à s'élever contre ces propos hostiles et «défendre collectivement notre indépendance et notre souveraineté face à ce que nous considérons comme une grave erreur de la part des autorités françaises», a-t-il précisé. «Nous faisons comprendre à tous les partenaires et en particulier la France que l'Algérie ne peut pas compromettre sa dignité pour la coopération et l'Algérie ne peut accepter aucune interférence dans ses affaires internes», a ajouté M. Lamamra, avant de souligner la spécificité de l'Histoire de l'Algérie avec la France qu'il a qualifiés de «complexe et difficile». Le ministre estime, par ailleurs, que «quelle que soit la crise que traversent les relations algéro-françaises, elle n'aura pas d'impact sur les relations de l'Algérie avec des pays frères comme la Turquie». Par ailleurs et profitant de sa présence en Italie, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a rencontré des membres de la communauté nationale établie dans ce pays. Une rencontre qui lui a permis de prendre connaissance de leur forte volonté de contribuer, de manière effective, à travers des structures et des mécanismes organisés, au processus de développement national. «Dans un climat très positif, j'ai écouté des membres de la Communauté nationale établie en Italie, et pris connaissance de leur forte volonté de contribuer, de manière effective, à travers des structures et des mécanismes organisés, au processus de développement national», a écrit M. Lamamra sur son compte Twitter. «A mon tour, j'ai mis en avant l'orientation stratégique du président de la République et que nous nous employons à concrétiser, à travers une approche participative dans la franchise totale et la confiance mutuelle», a-t-il expliqué. Il est à noter, par ailleurs, qu'avant l'ouverture des travaux de la 3ème réunion ministérielle Afrique-Italie' à Rome, M. Ramtane Lamamra a rencontré l'ancien Premier ministre italien, Romano Prodi avec lequel il a échangé les vues sur les principaux dossiers politiques et sécuritaires à l'échelle internationale. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie algérienne a, lors de cette rencontre, passé en revue avec M. Prodi, qui était président de la Commission de l'Union européenne (UE), les derniers développements des relations internationales y compris les défis qui se posent à la Méditerranée. Les deux parties ont évoqué, également, les voies et moyens de renforcer les échanges et rapprocher les peuples des deux rives de la Méditerranée, outre les perspectives de mettre fin aux crises à travers le dialogue et les canaux diplomatiques dans le cadre de la légalité internationale, a expliqué la même source. Pour rappel, lors de sa visite à Bamako, M. Lamamra a été encore plus ferme en affirmant que la France officielle avait besoin de décoloniser sa «propre histoire », afin de réparer en urgence « la faillite mémorielle qui est malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d'acteurs de la vie politique française parfois aux niveaux les plus élevés ». « Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leurs propres histoires. Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, de certains comportements, de certaines visions qui sont intrinsèquement liées à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l'Occident qui a été la couverture idéologique, utilisée pour essayer de faire passer le crime contre l'Humanité qui a été la colonisation de l'Algérie, la colonisation du Mali, la colonisation de tant de peuples africains », a-t-il déclaré à l'issue de son entretien avec le Premier ministre malien.