Le destin de l'Algérie et celui du Mali sont «étroitement liés», a indiqué, hier à Bamako, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, M. Ramtane Lamamra, réaffirmant la détermination des deux pays à travailler ensemble afin de résoudre les problèmes communs. «Il est tout à fait clair que le destin de l'Algérie et le destin du Mali sont étroitement liés. Et nous ne pouvons donc en d'autres circonstances que témoigner nos solidarités agissantes et travailler comme nous le faisons normalement à régler ensemble nos problèmes pour que nous puissions nous projeter dans l'avenir avec confiance, avec courage et détermination, convaincus que nous sommes que la solution à nos problèmes est entre nos mains», a déclaré Lamamra à la presse à l'issue de son entretien avec le Premier ministre malien à Bamako. Rappelant les relations historiques entre les deux Etats, M. Lamamra a mis en exergue la contribution qu'a apportée le Mali durant la révolution algérienne, en permettant notamment aux membres de l'Armée de libération nationale (ALN) d'ouvrir un front dans ce pays sahélien. «Les Algériens lisent dans leur livre d'histoire la contribution inestimable qu'a apportée le Mali à travers la décision souveraine du président Modibo Keita en 1960, dès l'indépendance du Mali, d'ouvrir à l'armée de libération nationale algérienne la frontière commune, afin que notre armée de libération nationale puisse ouvrir un front contre le colonialisme pour que, l'indépendance de l'Algérie qui était inévitable en 1960 après des années de lutte et du sacrifice, (...) se fasse dans le respect de l'intégrité territoriale de notre pays», souligne-t-il. M. Lamamra relève que «cette ligne de front à partir du Mali était un acquis historique qui fonde une solidarité réelle, une solidarité dans l'épreuve, une solidarité par laquelle la République du Mali qui venait de reconquérir son indépendance était prête à payer un prix élevé», affirmant que «l'Algérie d'aujourd'hui est fidèle à son épopée libératrice et reconnaissante au peuple malien de cette position historique». Le chef de la diplomatie algérienne, envoyé spécial du président de la République M. Abdelmadjid Tebboune, précise qu'il s'est rendu à Bamako «pour témoigner la solidarité agissante de l'Algérie au peuple et au gouvernement maliens». Evoquant cette histoire coloniale commune, M. Lamamra dira que la France officielle a besoin de décoloniser sa «propre histoire», afin de réparer en urgence «la faillite mémorielle qui est malheureusement intergénérationnelle chez certains nombre d'acteurs de la vie politique française parfois aux niveaux les plus élevés». «Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leurs propres histoires. Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, de certains comportements, de certaines visions qui sont intrinsèquement liées à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l'Occident qui a été la couverture idéologique, utilisée pour essayer de faire passer le crime contre l'humanité qui a été la colonisation de l'Algérie, la colonisation du Mali, la colonisation de tant de peuples africains», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne à l'issue de son entretien avec le Premier ministre malien. «Cette faillite mémorielle, qui pousse les relations de la France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crises malencontreuses, devrait pouvoir s'assainir par le respect mutuel inconditionnel, respect de nos souverainetés, respect de notre indépendance, et par des décisions et acceptation de partenariat sur une base de stricte égalité», affirme le ministre. Lamamra relève que dans les relations qu'entretiennent l'Algérie et le Mali avec la France, «il n'y a pas de cadeau, mais une logique de donner et de recevoir». Et d'affirmer: «c'est pourquoi en tant que pays africains fortement attachés à notre indépendance nationale nous nous tenons aux côtés du Mali frère et nous rappelons à qui veut bien nous entendre et entendre la voix de la raison que l'Afrique qui est le berceau de l'humanité, est également le tombeau du colonialisme et du racisme et la lutte de libération nationale du peuple algérien a contribué à l'accélération de cette histoire et nous en sommes très fiers». Dans un communiqué diffusé hier, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a réaffirmé la solidarité inconditionnelle de l'Algérie et son ferme engagement à soutenir le Mali, notamment à la lumière des défis actuels. M. Ramtane Lamamra a été reçu à son arrivée à Bamako par le président de l'Etat du Mali, M. Assimi Goita, en sa qualité d'envoyé spécial du président de la République. Il lui a transmis «les sincères salutations et un message oral de son frère le président Abdelmadjid Tebboune, dans lequel il lui a réitéré la solidarité inconditionnelle de l'Algérie et son ferme engagement à soutenir le Mali notamment à la lumière des défis actuels, mue par son attachement à ses valeurs et principes de liberté».