Avant même de palper la hausse des salaires des fonctionnaires sur les fiches de paie, suite au relèvement du point indiciaire décidé par le président de la République, un vent de contestation a soufflé sur le front social. De nombreux syndicats ont exprimé leur mécontentement face à une hausse des salaires, jugée « dérisoire » relativement à la chute du pouvoir d'achat, dès la publication dans le Journal officiel de deux décrets présidentiels, l'un portant sur le nouveau point indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires en Algérie et le second sur les modalités d'attribution de la bonification indiciaire aux titulaires de postes supérieurs dans les institutions et administrations publiques. Les réseaux sociaux ont vite pris le relais pour faire écho de la grogne, tout en minimisant l'impact de la hausse du point indiciaire en question sur les salaires. Peut-être que dans son contenu, le décret présidentiel fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires, publié dans le dernier Journal officiel, au lieu de rassurer les fonctionnaires, a fait monter la tension quand il précise qu'il prévoit « une augmentation de 50 points indiciaires pour tous les fonctionnaires, soit une hausse sur salaire minimum de 2.250 DA, sachant que la valeur du point indiciaire est fixée à 45 DA ». Tout ce qu'on a retenu de ce décret c'est cette « augmentation de 2.250 dinars », très en deçà des espoirs. Une ambiguïté qu'on aurait pu éviter tout simplement en donnant l'opportunité aux spécialistes, calculateurs de paie, les mieux qualifiés pour fixer la hausse des salaires des fonctionnaires suite à cette hausse du point indiciaire, et d'expliquer techniquement comment se calcule vraiment la rémunération d'un fonctionnaire, et ce immédiatement après la publication du décret en question pour fermer la porte devant les manipulateurs de l'opinion ? Bien après les réactions des syndicalistes, qui ont annoncé des mouvements de protestation pour exiger une hausse conséquente des salaires, est venu l'éclaircissement salutaire de la directrice des Systèmes de paie à la Direction générale du budget, relevant du ministère des Finances, Nacéra Moussaoui. Cette dernière a expliqué que l'augmentation du point indiciaire concerne deux volets, le premier est relatif à l'augmentation de la grille indiciaire des salaires, c'est-à-dire une augmentation verticale de l'indice minimal de chaque catégorie et une augmentation horizontale de l'indice minimal correspondant aux grades, et donnera lieu à des augmentations des salaires en moyenne de 5.600 à 6.000 dinars et peut atteindre parfois 10.000 dinars, en tenant compte de la réduction de l'IRG. Et si, selon les précisions de la même responsable, un salarié de la catégorie «1» dans la grille des salaires aura 4.300 DA d'augmentation grâce à la révision du point indiciaire début mars 2022, soit 6.100 DA/mois après avoir bénéficié précédemment de la suppression définitive de l'IRG, que peut bien signifier la conclusion dans le décret numéro 22-138 du 28 Chaâbane 1443 correspondant au 31 mars 2022, qui détermine dans ce contexte « une hausse sur salaire minimum de 2.250 DA » ? Seul le versement des salaires avec les nouveaux montants peut lever cet embrouillamini dans les esprits des fonctionnaires.