Salah Boucli Hacène, figure emblématique de la musique andalouse et une référence sur le plan musical et artistique, se souviendra sûrement longtemps de son récital époustouflant organisé jeudi soir au palais de la culture « Abdelkrim Dali » où de nombreux invités par l'association culturelle et artistique El Kortobia sont venus lui rendre hommage pour son dévouement, l'assiduité permanente, les compétences et le savoir-faire mis au service de ses petits élèves et du public côtoyant la maison de la culture « Abdelkader Alloula » de Tlemcen, durant des années. Il faut dire que cet hommage d'une saveur particulière, Salah Boucli Hacène l'a honoré d'une ponctualité sans faille. Arborant ce soir-là une chemise blanche d'été qu'il a assortie d'un pantalon noir, cet artisan maître luthier et connaisseur assidu de la musique andalouse, a animé à 10h du matin en compagnie de plusieurs associations musicales de Tlemcen une table ronde ayant pour thème « Le rôle du mouvement associatif dans la sauvegarde du patrimoine ». Vers 14h 30 minutes, il a assisté à un extrait du film de Bensahla, réalisé en 1985 par Hadj Ahmed Mansouri. Salah Boucli Hacène, avait joué dans ce film, le rôle de Bensahla. Vers 20h, c'est l'orchestre de l'école de l'association El Kortobia, qui a débuté la soirée musicale avec ses 23 élèves (âgés de 5 à 14 ans) en interprétant sous la direction de Ghizlène Taleb, plusieurs morceaux d'inkilabet raml maya Madih. Emboîtant le pas, l'orchestre de l'association El Kortobia du Cheikh Salah Boucli Hacène a égrené le nombreux public. En guise de clôture de cette mémorable cérémonie, les organisateurs ont opté pour un orchestre composé de musiciens représentant plusieurs associations (Slam, Aoutsar Tilimcen, Gharnata, Riyad Andalous et El Kortobia) sous la direction de Djawed Korso avec un programme Nouba Sika. L'ordonnancement de la nouba a fait vrombir les mélomanes de la musique andalouse qui n'ont pas cessé lors de cette agréable soirée d'ovationner les orchestres qui se sont succédé et à leur tête la star Salah Boucli Hacène, dans une ambiance conviviale et familiale ponctuée par des youyous et des applaudissements. De nombreux invités de l'association El Kortobia ont pris part à cet hommage, tels le musicologue Hocine Bekkouche de Constantine, Djamil Bouyahia de Béjaia, la présidente de la fondation Cheikh Abdelkrim Dali, Mme Wahiba Dali, le président de l'association Fen wa Nachat de Mostaganem, Noureddine Belatia ainsi que les invités venus de Sidi Bel-Abbès, Alger et Oran. Les jeunes musiciens, Anas Boukli à la guitare électrique et M. Yelles au clavier ont interprété avec grande énergie un récital en intermédiaire. Conscients des réalisations de Salah Boucli Hacène, l'assistance a ovationné chaque interprétation tandis que le Cheikh a fait l'effort quasiment à chaque fois de se lever pour envoyer des saluts ou des sourires aux spectateurs, résonnant assurément comme une promesse faîte à la vie et à l'avenir. Dans son allocution largement applaudie, M. Boucli, qui a toujours gardé les pieds sur terre, a remercié les organisateurs pour cette louable initiative et le public pour sa présence en ces journées caniculaires. « L'envie est de transmettre et continuer. Nous devons tous ensemble œuvrer pour sauvegarder ce riche patrimoine musical et artistique ». Il faut savoir que Salah Boucli Hacène, pionnier, héritier et père de la musique andalouse à Tlemcen a consacré la majeure partie de sa vie à faire perdurer cet art dans les traditions de cette ville ancestrale. Il est l'un des musiciens renommés qui a assumé le trait d'union entre le grand maître Larbi Bensari et l'équipe qui dirige les associations andalouses dans les années 90. Ex-élève de Mohamed Bouali (Président de l'association El Kortobia en 1993), Salah Boucli Hacène a été un producteur de renommée activant pendant plus de 40 ans dans l'ombre à la maison de la culture de Tlemcen. Son parcours culturel a été jalonné par de nombreuses recherches portant sur des thèmes spécifiques à la musique sur le plan historique, ethnologique, linguistique et musicologique. Il faut noter, en outre, que l'évènement a réussi son pari. Tout le mérite de cette réussite revient à Rafik Gaouar (président de l'association El Kortobia) dont l'idée est partie d'un simple coup de cœur et qui a germé dans son esprit comme une note magique « qui sonne comme sur les doigts de Zeryab», pour rendre hommage à ce Cheikh, comme on aime l'appeler dans la cité des Zianides.